Revenu à Schalke 04, formation qu'il avait entraînée entre 2004 et 2005, pour préparer la saison prochaine, Ralf Rangnick a apporté un souffle nouveau à ses joueurs, matérialisé par une qualification pour les demi-finales de la Ligue des champions. "Outsiders" contre Manchester United, selon ses propres mots, «Der Professor» espère retrouver la recette qui lui a permis de sortir l'Inter au tour précédent. "Je ne veux plus voir Felix Magath dans ma vie et j'ai déjà supprimé son numéro de mon téléphone. La période que j'ai vécue, avec lui, à Schalke, était insoutenable." Autant dire que Jefferson Farfan n'a pas sorti les mouchoirs au moment de voir son entraîneur, multi-titré sur le plan national, quitter la Rhénanie-du-Nord après une première partie de saison très laborieuse. Et l'attaquant péruvien n'était pas le seul joueur de l'effectif à être soulagé du départ de l'ancien sorcier du Bayern Munich, aux méthodes jugées beaucoup trop tyranniques par son groupe. Ralf Rangnick, dont le principal fait d'arme était d'avoir fait connaître l'élite au modeste village d'Hoffenheim, est donc arrivé en terrain conquis le 17 mars dernier. D'autant que son passage entre 2004 et 2005 avait laissé de bons souvenirs aux dirigeants de Schalke. "Nous voulions un entraîneur avec lequel nos fans puissent pleinement s'identifier et qui ait un vrai projet de jeu", se justifiait ainsi Horst Heldt, le directeur sportif, pour expliquer l'arrivée d'un technicien assez inexpérimenté aux manettes d'un club végétant dans la ventre mou de la Bundesliga. En un mois et demi à la tête du pensionnaire de Gelsenkirchen, «Der Professor» n'a rien perdu de son aura, transformant littéralement le quotidien de ses protégés, qui lui renvoient bien l'ascenseur. Tous sont en effet unanimes sur les qualités humaines du natif de Backnang, féru de psychologie, qui s'évertue à effacer les traumatismes laissés par son prédécesseur. "On se sent tout simplement mieux, libéré. Ça rigole à nouveau dans le vestiaire alors qu'avant, on vivait dans la peur", se réjouit Farfan alors que "le bureau des plaintes est refermé", selon Manuel Neuer, capitaine utilisé pour faire passer des messages de ras-le-bol à Magath. "Le bien-vivre entre nous est important" Mais qu'est ce qui a changé à Schalke pour que cette équipe, si talentueuse soit-elle, soit aujourd'hui en demi-finales de la Ligue des champions ? Une farandole de petits détails qui redonnent le sourire à Raul et ses coéquipiers, comme le simple fait de pouvoir boire pendant l'entraînement (!) ou d'autoriser le billard et les jeux vidéos pendant les mises au vert. Libérés de cette pression psychologique, les Bleu et Blanc ont enfin une relation saine avec leur entraîneur et se plaisent à appliquer les consignes offensives données par Rangnick. "Tout ce qui peut améliorer la communication et le bien-vivre entre nous est important, ce sont les conditions sine qua non pour être performant", a expliqué le technicien allemand au moment de sa première conférence de presse. Le moral est donc au beau fixe pour les joueurs de Schalke puisque Rangnick n'avait pas connu le goût amer de la défaite en cinq rencontres, toutes compétitions confondues, avant le week-end dernier et un revers sur sa pelouse face à Kaiserslautern (0-1). Mais l'essentiel était ailleurs avec la préparation de cette demi-finale aller de Ligue des champions contre l'ogre Manchester, mardi soir, principal objectif de la fin de saison. Le coach allemand devra encore trouver les bons mots pour galvaniser son groupe.