Si Mercedes a toutes les raisons de se féliciter du week-end turc de Nico Rosberg - même si le niveau de performance de la MGP W02 reste perfectible - le cas de Michael Schumacher interpelle du côté de Brackley. Alors que son coéquipier s'est montré à la hauteur en qualifications comme en course, l'ancien septuple champion du monde a une nouvelle fois déçu en piste. A tel point que le spectre de la retraite est de retour. Michael Schumacher "n'est plus le géant qui a dominé dans le passé." Même la presse allemande - Bild en l'occurrence - est aujourd'hui encline à brûler son idole. Deuxième temps des essais libres 3 du Grand Prix de Turquie, samedi, à un petit millième seulement de Sebastian Vettel, celui que l'on surnommait le "Baron rouge" du temps de sa splendeur n'a pas su confirmer quand le verdict du chrono comptait réellement. Au contraire de son coéquipier, Nico Rosberg, troisième sur la grille et cinquième sous le drapeau à damiers. Huitième des qualifications, sans explication à donner quant à cette relative contre-performance - "Il n'y a eu aucun problème avec la voiture. Elle semblait avoir bien fonctionné. J'ai du mal à comprendre pourquoi je n'étais pas plus rapide" - Schumacher s'est contenté en course d'une modeste 12e place, derrière la Toro Rosso de Sebastien Buemi ou la Sauber de Kamui Kobayashi notamment. "Il y a eu beaucoup de batailles et d'action. C'est probablement l'unique point positif de ma course. Je ne suis évidemment pas fier de mon week-end, mais je suis le premier responsable de ce résultat", admettait-il la tête basse, après coup, devant la presse. Dès le deuxième tour, il faut dire que l'Allemand s'est compliqué la tâche en brisant l'aileron avant de sa Mercedes sur la Lotus Renault de Vitaly Petrov. "L'incident avec Petrov a dicté ma course. Nous étions très proches. J'ai été surpris que nous nous touchions. Mais c'est surtout de ma faute. Dès lors, après un arrêt si précoce, ma course était jouée", dixit l'intéressé, aujourd'hui relégué au 11e rang du classement général, avec six points seulement au compteur. Soit 14 de moins qu'un Nico Rosberg qui vient de hisser sa MGP W02 en cinquième position pour la deuxième fois consécutive. Une comparaison inévitable. Herbert n'est pas tendre Ancien coéquipier du "Kaiser" chez Benetton, Johnny Herbert fait lui-même le constat, sans appel et accablant pour "Schumi". "Schumacher n'a pas perdu son talent, mais la nouvelle génération de jeunes pilotes est tout simplement meilleure que lui. Le niveau pour s'imposer en Formule 1 a augmenté, et il n'est plus dans les critères requis. Je ne pense pas qu'il soit plus lent qu'il ne l'était quand il a gagné ses sept titres mondiaux, mais il est confronté à une situation à laquelle il n'est pas habitué. Il n'est plus le meilleur sur la grille, et il ne dispose pas de la meilleure monoplace, juge l'ancien pilote anglais dans les colonnes du journal The Nation, avant de remuer le couteau dans la plaie. De plus son compagnon d'écurie Nico Rosberg le bat constamment. Il n'est pas revenu juste pour se battre en milieu de peloton. Son rêve était de gagner à nouveau et de faire de Mercedes une équipe victorieuse. Mais ce n'est pas le cas, et je serais surpris s'il continuait." L'an dernier, Michael Schumacher était parvenu à se classer trois fois dans le top 4, en Turquie notamment. Ses prestations actuelles ne lui permettent pas de viser plus haut cette saison. Pour autant, à travers les résultats de Nico Rosberg, l'ancien maître absolu de la F1 veut croire en de meilleurs lendemains: "Notre F1 a enfin montré en Turquie son vrai potentiel. Nous sommes dans la bonne direction et à portée de tir des Red Bull. Cela veut dire que les prochaines modifications programmées devraient fonctionner sur la voiture. Sur le papier, c'est alléchant." Sur le papier...