L’info. Lundi, toute la délégation française était réunie au siège du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) à plus de trois mois des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi. A cette occasion, Jason Lamy-Chappuis a été désigné porte-drapeau de la délégation française. Certains athlètes en ont également profité pour critiquer le choix du pays hôte pour ces Jeux.
Lamy-Chappuis choisi aussi pour sa neutralité. Il y a bien deux équipes de France sur le terrain politique. Le premier camp réunit les athlètes qui ne veulent pas se prononcer. C’est le cas de Jason Lamy-Chappuis, champion olympique de combiné nordique à Vancouver il y a quatre ans. Les droits homosexuels bafoués, le scandale écologique causé par les chantiers des Jeux ou la surveillance des communications, "Flying Jason" n’en parlera pas. "C’est un rêve de gosse les Jeux Olympiques. J’essaie de faire abstraction de tout ça", explique-t-il sans simplement."Quand je n’aurai rien à perdre sur le plan sportif, je pourrais peut-être dire des choses. Mais pas pour l’instant". Le directeur technique national nous a également confié que sa neutralité avait influencé le choix du porte-drapeau. "Il a été choisi pour sa réserve, son discours cadré, qui ne déborde pas", explique le DTN.
L’autre camp, celui des contestataires. Si certains athlètes expliquent qu’ils avaient fait beaucoup trop de sacrifices sportifs pour arriver au haut niveau, d’autres n’hésitent pas à critiquer le gouvernement russe. C’est le cas d’Ophélie David, spécialiste de skicross : "il y a beaucoup de choses qui me heurtent, me gênent et me choquent. On ne peut pas mettre au fond de sa poche son éthique et ses convictions". Pressentie elle aussi pour être porte-drapeau, elle a peut-être payé quelque part cet engagement politique.
"Je ne cautionne absolument pas que quelqu’un n’ait pas le droit d’assumer officiellement qu’il est homosexuel", lâche aussi Paul Henri de Le Rue (au centre sur la photo ci-dessus), médaillé de bronze en snowboard cross aux JO de Turin en 2006. "C’est aberrant. C’est revenir 50 ans en arrière. Que je gagne ou pas, je dirai à la presse que je ne cautionne pas cette politique". Anaïs Caradeux a déjà été à Sotchi l’année dernière pour une compétition de ski halfpipe. "J’ai vu des ouvriers entassés dans des véhicules d’un autre temps pour arriver sur les chantiers", explique cette jeune athlète.
"Les dirigeants doivent prendre le relais". Et puis il existe une troisième équipe, celle qui veut s’engager mais qui ne se sent pas forcément toujours compétente. "On a un pouvoir pour parler de ces choses- là en tant qu’athlète, c’est évident", concède le biathlète Alexis Bœuf. "Mais il ne faut pas oublier qu’on n’y est pour rien dans la décision du choix du pays hôte des JO. Nous, on va où on doit aller et on donnera le meilleur de nous-mêmes. C’est aux dirigeants de prendre le relais".