Dans un peu plus de dix jours, 20 pays disputeront la septième édition de la Coupe du monde de Rugby, en Nouvelle-Zélande. Plaquages, cadrages-débordements et raffuts assurés sur le terrain pendant près de deux mois (9 septembre - 23 octobre). Côté vestiaires, les vedettes comme Quade Cooper, Rokocoko ou encore Vincent Clerc, la main sur leurs smartphones, seront scotchés sur les réseaux sociaux, type le site de microblogging Twitter ou Facebook. Mais les rugbymen sont prévenus : les organisateurs du Mondial ont décidé d’encadrer cette pratique pendant la compétition. Une équipe a même été recrutée pour scruter l’activité des joueurs, selon les informations d’Europe1.fr.
La jurisprudence Chabal
A l’instar d’un Sébastien Chabal, précurseur des réseaux sociaux, de plus en plus de sportifs de haut niveau profitent de ce nouvel espace de liberté pour pousser leurs coups de gueule et commenter les coulisses des compétitions.. "Twittos" de la première heure, "Caveman" n’a jamais hésité à tenir informé son fan club en temps et en heure. Des photos de l’entraînement, des vannes sur ses coéquipiers, ses impressions sur ses matches, etc.
Si Chabal a utilisé en premier les réseaux sociaux, c’est aussi de lui qu’est née la polémique. En février 2010, il se blesse au dos et hypothèque ses chances de participer au tournoi des VI nations. Chabal poste la nouvelle sur son propre compte Twitter. Problème, il devance la communication officielle du XV de France. Rappelé à l’ordre, cet épisode a fait jurisprudence depuis.
Joint par Europe1.fr, Lionel Rossigneux, responsable de la communication des Bleus, rappelle les nouvelles règles à suivre : "si jamais une information individuelle ou collective majeure est portée à la connaissance des joueurs, ils ont l’interdiction de la communiquer via un réseau social avant que la Fédération française de rugby ait officiellement divulgué cette information". En d’autres termes, interdit de court-circuiter les voies officielles de la Fédération.
“Community manager” du Mondial
Mais Lionel Rossigneux est formel, "c’est la seule règle qu’on a mise en place par rapport à la Fédération".
En revanche, la Fédération internationale de rugby (IRB) se montre, elle, encore plus stricte sur l’utilisation des réseaux sociaux. "Les organisateurs incitent les joueurs à promouvoir le rugby tout en fixant certaines règles", résume Lionel Rossigneux.
Les joueurs n’ont donc pas le droit de mettre en ligne des vidéos officielles sur leur propre compte. L’objectif pour l’IRB : protéger leurs droits vidéo. Et s’il leur prend l’envie de faire une photo d’un copain de chambrée, ils auront l’obligation d’avoir son autorisation écrite. Si l’IRB repère un cliché sur le compte d’un joueur, elle pourrait lui réclamer les autorisations des joueurs photographiés. On a connu plus spontané.
Ensuite, les joueurs ont également "des obligations de réserve communes à toute participation à un tournoi". En clair, "on ne doit pas dénigrer ni contrevenir aux règles de l’état d’esprit de la compétition, ni s’attaquer à l’arbitre".
Si tous ces avertissements n’étaient pas suffisants, tous les participants du Mondial ont reçu en main propre un document officiel qui précise la bonne marche à suivre. Et, selon nos informations, pour éviter tout dérapage, l’IRB a même recruté une équipe qui scrutera les moindres faits et gestes des joueurs sur les réseaux sociaux.
Les All Blacks interdits de tweeter ?
Grandissimes favoris de la compétition, les Néo-Zélandais se poseront moins de questions. Et pour cause, l'usage des réseaux sociaux, tels que Twitter ou Facebook, leur serait purement et simplement prohibé pendant toute la durée de la compétition. De la même façon, les chroniques, blogs ou toute autre intervention dans les médias seront très encadrées. Explication du manager des All Blacks, Darren Shand : "cela crée de la distraction inutile, nous voulons être totalement concentrés sur la tâche à accomplir". Ça, c’est pour la raison officielle. La raison officieuse veut que l’encadrement n’a toujours digéré l'épisode de la tournée européenne des Blacks en 2009. A l’époque, l'ailier Cory Jane avait, à l’instar de Sébastien Chabal, lui-même annoncé sur Twitter sa non sélection.
Les autres équipes, elles, pourront tweeter mais tous leurs messages seront extrêmement encadrés. Les fans des Bleus auront le droit de connaître le menu de leurs champions, les horaires des entraînements et éventuellement leurs impressions d’après-match, mais pas davantage. En gros, tweeter oui, mais tweeter futile.