L'info. Les différentes composantes du football professionnel ont décidé de quitter une commission du ministère des Sports sur la compétitivité du football français afin de protester contre le projet de loi de taxation à 75% des très hauts revenus. "Depuis 18 mois, le football professionnel français se bat, sans être entendu, contre le projet de taxation à 75%, qui est non seulement injuste et discriminatoire, mais qui met aussi en péril sa compétitivité et la survie de ses clubs", explique la Ligue de football professionnel (LFP) dans un communiqué lu par son président Frédéric Thiriez (photo). "Alors que des solutions simples existent - la non rétroactivité de la taxe ou l’exemption des entreprises déficitaires par exemple - le gouvernement refuse de nous écouter. Nous n’avons donc aucune raison de continuer à participer à une commission censée réfléchir à l’amélioration de la compétitivité du football français." Cette commission avait été installée par Valérie Fourneyron le 25 septembre.
Le rendez-vous avec François Hollande maintenu. En bas du communiqué, signé par l'ensemble des composantes du foot pro - LFP donc, mais aussi Union des clubs professionnels de foot (UCPF), syndicat des joueurs professionnels (UNFP), syndicats des entraîneurs (UNECATEF) et syndicat des administratifs du football professionnel (UAF) -, il est cependant bien signalé que la décision de quitter temporairement cette commission ne remettait pas en cause la participation à la réunion prévue avec le président de la République, le 31 octobre prochain. "On aurait préféré avoir un rendez-vous avec le président de la République avant le vote du texte à l'assemblée, vendredi dernier. C'est un petit peu tard même si nous serons présents, et tous ensemble, à ce rendez-vous avec François Hollande", a déclaré Jean-Pierre Louvel, président de l'UCPF. "Ce sera au président de la République de nous dire si la loi peut être amendée", a-t-il par ailleurs insisté. "Mais de notre point de vue, tant que la loi n'est pas définitivement votée, on peut l'amender."
Une assemblée générale prévue jeudi. L'UCPF organise jeudi une assemblée générale extraordinaire qui devrait être une nouvelle occasion pour l'organisation de rappeler les menaces que feraient peser sur l’ensemble du football français l'adoption de la taxe à 75%. Un des exemples fréquemment cité par les opposants à cette taxation concerne un club comme Saint-Etienne, à l'équilibre d'environ 500.000 euros par saison en moyenne, qui se retrouverait après imposition avec une perte d'un million d'euros sur 2013. De son côté, le président de l'Olympique lyonnais, Jean-Michel Aulas, a estimé mercredi que le projet de taxation à 75% était "de nature à menacer un projet comme le grand stade de Lyon pour l'Euro 2016". "Cette taxe est inéquitable, c'est une taxe anti-emploi. Ce dispositif repose sur un effet rétroactif, nous sommes pris en otage", a insisté le président de l'OL.
Des propositions mises sur la table. L'assemblée générale de jeudi devrait permettre aux acteurs d'affiner les propositions qu'ils feront la semaine prochaine au président de la République. Conscients que la loi devrait finalement être adoptée, ils cherchent aujourd'hui à la faire amender. Certains présidents de clubs souhaiteraient ainsi que les pouvoirs publics acceptent que la loi ne soit pas rétroactive et concerne donc seulement les futurs contrats, pas ceux déjà en cours. Dans son communiqué, la LFP avance également la proposition d'exonérer de cette taxe les clubs déficitaires. L'idée d'une grève pour la journée de championnat à venir, brandie la semaine dernière, restera à l'état de menace ou plutôt de "cri d'alarme", comme l'avait souligné le président Aulas.