Quand on pense à la prochaine édition de Roland-Garros, on s'imagine le court Philipe Chatrier plein à craquer, prêt à vibrer pour la possible joute finale entre Rafael Nadal et Novak Djokovic. Mais pour certains, à l'instar de Maxime Teixeira, le grand rendez-vous parisien va ressembler à un voyage en terre inconnue. Portrait d'un joueur original qui, à force de persévérance, commence petit à petit à faire son trou sur le circuit secondaire. Pour un joueur français, fouler la terre battue de Roland-Garros est un honneur et une récompense, qui plus est lorsque c'est votre première apparition Porte d'Auteuil. C'est le cas de Maxime Teixeira. Le natif de La Rochelle fait en effet partie des privilégiés qui ont reçu une wild-card pour entrer directement dans le grand tableau des Internationaux de France. Si les autres titulaires du précieux sésame ont déjà conquis pas mal de supporters français (Benoît Paire, Guillaume Rufin pour ne citer qu'eux), le membre de l'OS Sannois est encore un inconnu du grand public. Mais le garçon n'est pas du genre à se débiner devant les obstacles placés devant lui, comme le prouve son parcours atypique. Teixeira n'est pas ce qu'on pourrait appeler un pur produit de la Fédération: c'est plutôt un électron libre, qui a eu besoin de liberté pour découvrir toute l'étendue de son potentiel. En 2003, il intègre le Pôle France de Poitiers. Le nid douillet de la Fédé va finalement finir par lui déplaire: il quitte l'infrastructure au bout d'un an au lieu de deux prévus initialement. Trois ans plus tard, changement de décor. Le Rochelais part pour Buenos Aires afin d'intégrer une académie de tennis. Le Français en ressortira grandi. L'année 2010 marque le tournant de sa jeune carrière: vainqueur du Critérium, il remporte ses premiers tournois futures et fait un énorme bon au classement mondial: 1087e en début d'année, il finit en trombe à la 323e place. 2011 démarre sous les mêmes auspices, avec une victoire au Challenger de Saint-Brieuc, avec un succès en finale contre un certain Benoît Paire. A partir de là, l'idée de participer au tableau final de Roland-Garros a commencé à germer dans son esprit, comme le confie l'intéressé: "Au début de l'année, j'étais 300e, je me disais qu'il y avait des mecs devant et que donc je n'allais pas l'avoir. Mais lorsque j'ai gagné Saint-Brieuc, j'ai commencé à y croire un peu plus. On m'a dit que j'avais des chances de l'avoir, j'attendais avec impatience la réponse". Finalement, le Rochelais a décroché la fameuse timbale, pour son plus grand plaisir: "Je suis vraiment très heureux, être dans le tableau final à Roland-Garros c'est incroyable, surtout que l'année dernière j'étais encore 1000e et quelques". "Tenir un match en trois sets gagnants" Le Français va donc pouvoir côtoyer le temps du tournoi le gotha du tennis mondial. Même s'il ne réalise pas encore totalement, Teixeira souhaite se concentrer sur un défi qu'il n'a jamais encore relevé dans sa carrière: faire un match en trois sets gagnants: "L'objectif, ce sera de tenir un match en trois sets minimum, car cela sera la première fois de ma vie que je ferai un match aussi long. Mais on a bien travaillé cet hiver donc physiquement cela devrait aller". Avec un tirage clément, il pourrait donc tirer son épingle du jeu ou alors s'offrir pourquoi pas un match de gala contre un ténor du circuit. Mais avant de rêver de monts et merveilles, le joueur de 22 ans reste les pieds sur terre, définissant Roland-Garros "comme un bonus", sachant pertinemment qu'il faudra ensuite batailler sur le circuit secondaire pour se faire un nom. Loin des strass et des paillettes du circuit principal, Teixeira tente donc de s'extirper des tournois "de seconde zone", qu'il décrit sans retenue: "Dans certains tournois, on paye tout, à part en France où on est un peu hébergé. Les cordeurs ne sont pas forcément top. En Roumanie par exemple, j'ai vu un cordeur avec une machine en fer invraisemblable. Au Maroc, en faisant vainqueur en simple et en double, je me suis à peine remboursé mes frais à cause de l'hôtel et des repas". Roland-Garros va donc être une parenthèse réjouissante pour le Rochelais, qui cette année a fait ses premières qualifications des tournois ATP (à Munich et Marseille). L'avenir nous dira si sa première apparition dans une levée du Grand Chelem va booster sa carrière, mais pour l'instant, il veut "surtout vivre l'expérience à fond", afin de ne rien regretter.