On attendait Roger Federer et on a eu "Baby Federer". En l'absence de Novak Djokovic et d'Andy Murray et avec la disparition rapide sur blessure de Rafael Nadal, Roger Federer était le grand favori pour remporter le Masters, dernier grand tournoi de l'année tennistique. Mais le Suisse a chuté face au Belge David Goffin en demi-finales samedi et c'est le Bulgare Grigor Dimitrov, surnommé "Baby Federer" au début de sa carrière, qui a soulevé le trophée, dimanche, à l'O2 Arena, à Londres. Il s'agit du premier grand titre dans la carrière de Dimitrov, âgé de 26 ans. Mais d'autres pourraient suivre très vite.
The moment @GrigorDimitrov became the 2017 #NittoATPFinals champion… pic.twitter.com/cLDw1i2E4o
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Une semaine exemplaire. Dimitrov a conclu dimanche face à Goffin (7-5, 4-6, 6-3) une semaine exemplaire. À Londres, il a remporté les cinq matches qu'il a disputés (les trois en phase de groupes, sa demie et la finale), une performance assez rare finalement puisqu'il est seulement le onzième joueur de l'histoire, en 48 éditions, à le faire. Peut-être plus parlant encore, il est le premier depuis l'Espagnol Alex Corretja en 1998 à remporter ce tournoi dès sa première participation. "Je pense que, pendant toute la semaine, j'ai maintenu un haut niveau de jeu", s'est félicité le Bulgare, premier joueur né dans les années 1990 à remporter le Masters. Impressionnant la plupart du temps, maladroit parfois, mais toujours concentré, Dimitrov a notamment infligé deux 6-0 sur sa route (à Goffin en phase de groupes et à Jack Sock en demies), signe qu'il est capable, désormais, de ne plus desserrer l'étreinte quand il domine un adversaire.
Tout le talent de Dimitrov en un point :
Stunning tennis, @GrigorDimitrov & @JackSock.
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Just stunning.#NittoATPFinalspic.twitter.com/IVLGNlIbvm
N°3 mondial. La victoire de Dimitrov dimanche dans le tournoi des maîtres lui permet de s'installer lundi à la 3ème place du classement ATP, derrière Nadal et Federer. Et il y a une certaine logique, finalement, à ce que l'année se termine, comme elle avait commencé. Car avant que Federer ne batte Nadal lors de la finale du premier Grand Chelem de l'année, en Australie, Dimitrov avait été tout près de battre le Majorquin lors d'une demi-finale épique (cinq sets et presque autant d'heures de jeu). Il était alors dans une forme éblouissante, avec des victoires à Brisbane puis à Sofia, dans des ATP 250. En août, il a également ouvert son compteur dans les Masters 1000, la deuxième catégorie de tournois derrière les Grand Chelem, à Cincinnati.
Confirmation tardive. Vainqueur de Wimbledon et de l'US Open (photo ci-dessus) chez les juniors en 2008, Dimitrov, formé à l'école de Patrick Mouratoglou, actuel entraîneur de Serena Williams, a rapidement suscité de grandes attentes. Il effectue ses débuts professionnels en 2008, à 17 ans seulement, mais ses premiers coups d'éclat tardent à venir. En 2013, il remporte son premier tournoi, à Stockholm, puis à Rome, il bat Djokovic, alors n°1 mondial. En 2014, il atteint pour la première fois les demi-finales d'un Grand Chelem, à Wimbledon, où il est battu par Djokovic. Mais les deux saisons suivantes sont beaucoup plus neutres (28ème place mondiale à la fin de l'année 2016, 17ème fin 2017) et on le présente davantage comme le compagnon de Maria Sharapova (ils ont été en couple entre 2012 et 2015) que comme l'héritier de Federer, auquel on l'a très tôt comparé, pour l'élégance de son jeu et notamment son revers à une main.
"Gagner un Grand Chelem". Cette année 2017 marque un tournant pour Dimitrov, qui s'est montré enfin capable d'aller au bout dans de grands tournois. À 26 ans - dont 23 de tennis car il a commencé à… trois ans, initié par son père, entraîneur de tennis -, Dimitrov, désormais entouré d'une cellule aux petits soins (avec l'ancien coach de Murray, Dani Vallverdu, un préparateur physique et un physiothérapeute) a incontestablement franchi un cap cette saison. Mais il lui reste beaucoup à faire, notamment en Grand Chelem. Car après son magnifique parcours à Melbourne, Dimitrov n'a guère brillé dans les autres Majeurs de l'année, échouant au troisième tour à Roland-Garros, en huitièmes de finale à Wimbledon (certes face à Federer) et au deuxième tour à l'US Open.
"Bien sûr, l'un de mes principaux objectifs, maintenant, c'est de gagner un Grand Chelem, ça a toujours été un de mes rêves", a confié Dimitrov après son succès dimanche. "Je pense que, peu à peu, je me rapproche. J'ai eu de bons résultats par le passé, mais je dois être encore plus constant, et hausser mon niveau de jeu dans ces événements." Le retour aux affaires des absents de Londres (Djokovic, Murray mais aussi Nishikori ou Raonic) va permettre de jauger ce que vaut Dimitrov sur la longueur et s'il peut aller encore plus haut que cette place de n°3 mondial…