Celui qui a pédalé dans l'huile* : Ce sont des images qui, à coup sûr, resteront dans l’histoire du Tour. Christopher Froome, Maillot Jaune sur les épaules, fesses sur la selle, mains en haut du guidon, lâche (au sprint !) son plus sérieux rival, Alberto Contador (Saxo Bank), à mi-pente du Mont Ventoux. Elles rappellent bien évidemment l'accélération portée par Fabian Cancellara dans le Tour des Flandres, en 2010. On avait alors accusé le Suisse (à tort) d'avoir utilisé un petit moteur au niveau des passages de vitesse. Après les images surréalistes vues dimanche après-midi, une chose est certaine : on va accuser Froome de beaucoup de choses.
Froome lâche Contador dans le Ventoux :
Le flingueur : Une semaine après sa démonstration de force à Ax-3-Domaines et quatre jours après son coup de semonce chronométrique vers le Mont Saint-Michel, Christopher Froome a une nouvelle fois frappé un grand coup, dimanche, en reprenant 1'40" supplémentaire sur Alberto Contador. Piégée par les Saxo Bank sur la route de Saint-Amand-Morond, vendredi, l'équipe Sky a cette fois mis son leader dans la meilleur position : elle a durci l'allure au pied du Ventoux, le ravitaillement est arrivé à 9 kilomètres du sommet, Richie Porte a assuré la mise sur orbite et Froome a décollé, lâchant le dernier des résistants, le Colombien Nairo Quintana (Movistar), à moins de deux kilomètres de l'arrivée. "C'était mon objectif de prendre un peu de temps au classement général", a avoué Froome sur France Télévisions. "Je ne pensais pas gagner l'étape. Les deux derniers kilomètres, Quintana a perdu un peu les jambes, alors j'ai fait ma course. C'est un rêve de gagner ici. C'est la plus grande victoire de ma vie." La plus impressionnante aussi, avec une moyenne horaire de près de 42 km/h...
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Ceux qui ont coulé une bielle : Les deux derniers vainqueurs du Tour présents au départ de cette 100e édition sont une nouvelle fois passés au travers, samedi. Dès les premiers hectomètres du géant de Provence, le vainqueur 2010, le Luxembourgeois Andy Schleck (Radioshack-Leopard), est apparu totalement dépassé par la pente (il finit 39e à 10'42"). Vainqueur du Tour l'année suivante, en 2011, l'Australien Cadel Evans, incapable de suivre son équipier Steve Morabito, a lui aussi sauté dès le début de la montée (31e à 8'46").
En chasse-patate : Le porteur du maillot à pois, le Français Pierre Rolland, a passé une quinzaine de kilomètres en début d'étape entre deux groupes, l'échappée et le peloton, à vouloir vainement combler un écart. Echappé avec l'Allemand Marcus Burghardt (BMC) le leader de l'équipe Europcar est revenu un temps à une quinzaine de secondes seulement, avant de se relever, comprenant que son entreprise était vouée à l'échec. De fait, il a (une fois de plus ?) gaspillé de l'énergie avant l'explication finale. Vainqueur à l'Alpe d'Huez il y a deux ans, il n'a pas été en mesure de lutter pour ajouter un autre géant à son palmarès. Pire, le désormais ancien leader du classement de la montagne a été lâché avant même les premières pentes du "Mont chauve" après un petit incident mécanique... Il finit 28e de l'étape, à 8'39" de Froome.
Le vieux crabe : Il n'a que 23 ans mais Peter Sagan a déjà une certaine bouteille. Comme vendredi, quand il a évité le coup de bordure provoqué par les Saxo Bank, le Slovaque a cette fois pris la "bonne" échappée (enfin celle qui a vainement animé l'étape), dimanche, celle des 9 coureurs, avec les Français Sylvain Chavanel (Omega Pharma-Quick Step), Christophe Riblon (AG2R-La Mondiale), Pierrick Fédrigo et Jérémy Roy (FDJ.fr), les Espagnols Markel Irizar (RadioShack-Leopard) et Alberto Losada (Katusha), le Sud-Africain Daryl Impey (Orica-GreenEdge) et le Néerlandais Wouter Poels (Vacansoleil-DCM). Le porteur du Maillot Vert, vainqueur à Albi, a alors fait le plein de points lors du sprint intermédiaire de Malaucène, à 34 kilomètres de l'arrivée. Distancé presque dans la foulée, il a alors terminé tranquillement, en se permettant, quand même, une petite roue arrière quand il a été repris par le peloton...
*La plupart de ces expressions, entendues dans le milieu cycliste, sont attestées par le Dico du parler sport, 2011, éditions Fetjaine.