Six mois après les aveux télévisés de Lance Armstrong, qui avait levé le voie sur sept ans de tricherie et de manipulations, le vainqueur du Tour 2013 allait forcément être au cœur des suspicions. Christopher Froome en avait pleinement conscience. L'impression d'aisance qu'il a laissée n'a fait qu'augmenter la méfiance voire la défiance à son encontre. Jeudi dernier, le spécialiste de la performance Frédéric Grappe a estimé que les chiffres de Froome ne révélaient aucun caractère anormal depuis 2011. Mardi, une autre voix qui compte s'est exprimée. David Walsh, connu pour avoir été un des premiers à remettre en cause la domination de Lance Armstrong dans son livre-enquête LA Confidentiel, revient dans le quotidien L'Equipe sur son expérience sur le Tour 2013 : pendant trois semaines, il a vécu en immersion dans l'équipe Sky de Chris Froome. En a résulté une longue chronique, publiée dans le Sunday Times sous le titre "Pourquoi je crois en Chris Froome".
Des discussions "rassurantes"
Le journaliste, qui revient dans L'Equipe sur cet exercice "embedded", apporte une vision moins chiffrée et plus sensible sur le cas Froome. Plus que des choses blâmables, le journaliste estime même avoir assisté ces derniers mois à des "choses rassurantes" au contact de l'équipe Sky. Il cite notamment deux discussions : la première avec le deuxième médecin de l'équipe, Richard Freeman, sur le Tour d'Italie, qui, impressionné par les performances de Froome sur le Tour d'Espagne 2011 (2e), lui a révélé avoir enquêté sur les données sanguines de son coureur pour en conclure à une absence de manipulation. La deuxième discussion a eu lieu sur ce Tour, lorsque Tim Kerrisson, l'entraîneur, lui a fait part de sa crainte que les autres équipes trichent pour rattraper leur retard sur Sky, qui a toujours pris position contre le dopage.
L'inverse de l'US Postal
"Je me suis alors dit que soit ce sont des menteurs très habiles, soit ils disent la vérité. Je penche vers la deuxième option", estime Walsh. Alors que l'US Postal d'Armstrong verrouillait sa communication et l'accès aux coulisses, Walsh remarque que Sir Dave Brailsford, manager de Sky, lui a ouvert les portes en grand pendant plusieurs semaines. Le journaliste irlandais note également qu'aucun médecin n'était présent lors du stage en altitude effectué par les Sky sur le volcan Teide, à Tenerife, en Espagne. "Quand l'US Postal allait dans le même hôtel à l'époque, ils ne venaient jamais sans Michele Ferrari, ce qu'un gars de la réception m'a confirmé." S'il n'a pas valeur de preuve (Walsh était invité à publier cette chronique dans le Sunday Times, qui appartient à Rupert Murdoch, également propriétaire de... Sky), ce témoignage a au moins le mérite d'apporter des arguments à ceux qui veulent croire que Froome a gagné son premier Tour proprement, sans avoir recours au moindre artifice.