C'est la mort dans l'âme que Jo-Wilfried Tsonga a annoncé ce mercredi matin, depuis un grand hôtel parisien, sa fin de saison en raison du réveil de sa blessure au genou gauche. Contraint de renoncer au Masters 1000 de Paris-Bercy, mais plus encore à la finale de Coupe Davis à Belgrade, le n°1 français n'hésite pas à évoquer "le plus gros coup dur" de sa carrière. "Mon tendon a de nouveau lâché à Montpellier, ma saison est donc terminée." Par ces mots, Jo-Wilfried Tsonga a officialisé ce mercredi matin, dans un grand hôtel parisien situé à proximité de la Place Vendôme, l'information que toute la France du tennis redoutait depuis le week-end dernier et la défaite du n°1 français en demi-finales de l'Open Sud de Montpellier. Face à Gaël Monfils, futur lauréat du tournoi, le Manceau s'est livré, mais n'était déjà plus en pleine possession de ses moyens physiques. "J'ai ressenti une douleur après mon quart de finale contre Gilles Simon et j'ai aggravé la blessure en demie face à Gaël Monfils", a-t-il confirmé face aux médias accourus pour enregistrer la triste nouvelle. Cette douleur, Tsonga ne la connaît que trop bien. A nouveau blessé au genou gauche, le voilà encore contraint à l'arrêt en raison de cette inflammation du tendon sous-rotulien gauche, qui déjà l'avait privé de compétition durant 96 jours de Wimbledon, en juillet, à Tokyo, en octobre. Cette issue malheureuse, le Français l'avait comprise dès ce début de semaine et la batterie d'examens à laquelle il s'est soumis. L'IRM passée à la Clinique Bachaumont a en effet révélé une nouvelle rupture de quelques fibres sur environ 5 mm d'épaisseur et 5 mm de hauteur au niveau de l'insertion sur la rotule de la face profonde de ce trop fameux tendon rotulien. "La fissure est moins importante que cet été, mais les médecins m'ont dit de stopper ma saison." Et Tsonga de préciser qu'il aurait pu recevoir à la fin de l'été une deuxième injection de sang - le traitement suivi par le numéro un mondial Rafael Nadal pour soigner ses deux genoux, qui semble avoir fait merveille - mais que cela ne lui aurait permis de reprendre la raquette qu'une semaine avant la finale en Serbie, un délai jugé trop court. En ce sens, le Manceau a tenté un pari et préféré prendre le risque d'une seule injection pour reprendre plus tôt la compétition, un risque qui n'a finalement pas payé. "A Belgrade si Guy juge que ma présence peut-être utile au groupe..." Lui, le pilier de l'équipe de France de Coupe Davis ne foulera donc pas le court de Belgrade à l'occasion de la finale face à la bouillante Serbie de Novak Djokovic (3-5 décembre). Forcément un crève-coeur quand on s'appelle Tsonga et que l'on vibre à ce point pour le maillot bleu. "Je suis abattu car la Coupe Davis, c'était un rêve de gosse. C'est évidemment le plus gros coup dur de ma carrière, avec mon forfait aux Jeux Olympiques. J'ai pris tous les risques pour être prêt pour cette finale, mais cela n'a pas suffi. (...) Avec des anti-inflammatoires, j'aurais pu tenter le coup mais je ne sais pas comment j'aurais supporté la douleur. Et, surtout, cela aurait été malhonnête vis-à-vis de mes coéquipiers et je ne suis pas un lâche. J'espère quand même aller à Belgrade si Guy (Forget le capitaine) juge que ma présence peut-être utile au groupe." En bleu et contre tout... Une fois encore, voilà Tsonga trahi par son physique. Et pourtant, pas question de céder à la sinistrose alors que se profilent trois nouvelles semaines d'indisponibilité, qui donneront lieu à un traitement à base de drainage avant le début d'une rééducation et l'espoir d'une reprise de l'entraînement mi-décembre afin de préparer au mieux la saison 2011. "Mon corps m'a souvent lâché, mais je ne le maudis pas car il m'a quand même offert une vie à laquelle je n'aurais peut-être pas pu aspirer", a ainsi conclu le Tricolore, fataliste. Tsonga qui n'aura donc cette saison disputé que le premier tour de la Coupe Davis contre l'Allemagne, sans que cela n'empêche les Français de surclasser successivement l'Espagne, double tenante du titre, en quarts de finale et l'Argentine de David Nalbandian en demi-finales. A Monfils et aux autres Bleus de jouer...