Jo-Wilfried Tsonga, tête de série n°6, a fait parler la poudre, mardi, pour dominer Roger Federer (n°2) en quarts de finale de Roland-Garros. Le Manceau a mis moins de deux heures et trois petits sets (7-5, 6-3, 6-3) pour sortir le Suisse dès les quarts, comme il l'avait fait à Wimbledon, en 2011. Une performance majuscule, plus qu'une grosse surprise.
Aucun set concédé. Ce quart de finale face à Roger Federer devait valider ou non la légitimité de la question que nous nous posions dimanche : et si c'était l'année de Tsonga ? On peut d'ores et déjà répondre "oui", en tout cas en partie. Car, mardi, le Manceau s'est qualifié pour la première fois de sa carrière pour les demi-finales de Roland-Garros. C'est la cinquième fois qu'il atteint ce stade dans un Grand Chelem, ce qu'aucun Français n'avait réussi avant lui dans l'ère Open (deux fois à l'Open d'Australie, dont une finale, deux fois à Wimbledon). En demies, il affrontera l'Espagnol David Ferrer (n°4). Les deux joueurs ont un point commun : ils n'ont pas concédé le moindre set pour rejoindre le dernier carré. Une série va donc forcément s'arrêter, vendredi après-midi, sur le court Central.
Un jeu sans fioriture et avec peu de déchet. Dans ce quart de finale très attendu, Tsonga n'aura finalement été mis en danger que l'espace d'un set, le premier. Breaké dans le cinquième jeu pour être mené 3-2, il a rapidement remis les pendules à l'heure en distribuant mieux ses coups. Il s'est notamment fendu de plusieurs passings de revers incroyables. Tsonga n'a jamais laissé respirer Federer. Il s'est procuré des balles de break dans le premier jeu de chaque manche. Dans le deuxième set, il a rapidement mené 3-0 et n'a jamais été rejoint. Et, dans le troisième, si Federer a bien réussi à le débreaker pour revenir à 1-1, il n'a pas réussi à enrayer sa belle mécanique, notamment au service. Tsonga a ainsi remporté 81% des points disputés sur sa première balle contre 58% seulement pour Federer. Un écart considérable.
Un adversaire en dedans. Alors qu'il avait livré quelques coups fabuleux pour prendre le service de Tsonga dans le premier set, Federer a ensuite déjoué comme il l'avait fait l'espace d'une manche et demie au tour précédent contre Gilles Simon. Mises à part les amorties, qu'il a pratiquement toutes réussies, Federer a manqué presque tout le reste, que ce soit en coup droit, en revers et même au smash. Il en a notamment mis un dans le filet à 3-3 dans le troisième set. Décevant dans le jeu, le Suisse a également réalisé quelques coups étonnants de nonchalance comme celui consécutif à ce lob de Tsonga tombé sur la ligne et qu'il a joué comme si le point était perdu… Federer avait le jeu et la tête des mauvais jours, comme l'ont confirmé ses épaules tombantes en conférence de presse.
Un Central à l'unisson… à la fin. Alors que l'annonce des joueurs avait montré que les spectateurs du Central étaient partagés entre Tsonga et Federer, le fil de la partie a pris le public… de court. Après les quatre heures d'un Gasquet-Wawrinka lundi, difficile de monter en température en moins de deux heures avec assez peu d'échanges incroyables à se mettre sous la dent et un scénario de match finalement sans surprise. Néanmoins, le Central a réservé une belle ovation au héros Manceau à l'issue de la partie. "Je ne peux pas rêver mieux, j'ai joué super bien contre Roger qui a tout gagné", a insisté Tsonga. "Ça va, tout est en place", a-t-il souri. Il le faudra contre un Ferrer qui devrait lui imposer une résistance bien plus importante que celle de Federer mardi.