La tournée d'adieu de Lance Armstrong, qui passe par l'Australie cette semaine pour le Tour Down Under, ne sera pas de tout repos. Le septuple vainqueur du Tour de France, qui fait l'objet d'une enquête d'un grand jury de Los Angeles, doit affronter les révélations de Sports Illustrated, qui laisse entendre qu'il aurait eu recours à des produits interdits au cours de sa carrière. Le célèbre magazine américain s'appuie pour cela sur plusieurs éléments et témoignages, liés à des événements récents ou plus anciens.
Un équipier : "Il nous a incités à prendre de l'EPO"
C'est le cas notamment de celui de l'ancien équipier d'Armstrong à l'époque de Motorola, Stephen Swart. Evoquant le Tour 1995, le coureur néo-zélandais souligne dans les colonnes de l’hebdo : "il était l'instigateur, il nous a incités à prendre de l'EPO". Swart précise qu'à l'époque, tous les membres de l'équipe étaient soumis à un test pour mesurer le taux d'hématocrite. Et si Swart explique avoir eu un taux de 48, soit en dessous de la limite autorisée de 50, Armstrong naviguait, lui, entre "54 et 56"... Ces accusations, le coureur néo-zélandais les avait déjà portées en 2004 dans l'ouvrage de Pierre Ballester "L.A. Confidentiel - Les secrets de Lance Armstrong".
"L'étau se resserre peut-être", explique Pierre Ballester :
"Dans cette enquête, il y a des éléments probants, un peu plus fouillés ou détaillés, mais on garde le même argumentaire, on revient sur des détails qui sont peut-être du ressort de l'anecdote mais qui contribuent à enfoncer le clou", souligne Pierre Ballester, interrogé par Europe1.fr. Parmi ces détails troublants, il y aurait le recours à la fin des années 1990 à l'HemaAssist, un substitut de l'EPO améliorant le transport de l'oxygène dans le sang ou encore ce contrôle à Saint-Moritz en 2003 lorsque des douaniers avaient fermé les yeux sur un sac d'Armstrong contant des seringues et des produits, un récit rapporté par Floyd Landis. Interrogé sur les accusations de Sports Illustrated au départ de la deuxième étape du Tour Down Under, mardi, Armstrong a répondu : "je n'ai rien à déclarer".
"Plus d'avenir sportif, mais un avenir judiciaire"
Alors que c’était L'Equipe qui avait révélé en 2005 le contrôle positif à l'EPO de "LA" sur le Tour 1999, ce sont les médias américains qui semblent avoir repris la main sur le dossier "Armstrong et le dopage". "Ce n'est pas surprenant", reprend Pierre Ballester, qui a couvert dix Tours de France pour L’Equipe dans les années 1990. "Ça s'est déplacé du terrain européen au terrain américain, où est menée une enquête contre lui. L'avenir d'Armstrong, c'est là-bas que ça se passe, il n'a plus d'avenir sportif mais il a un avenir judiciaire."
Cet avenir judiciaire est entre les mains de Jeff Novitsky, qui mène l'enquête sous l'égide de la FDA, la Food and drug administration, qui fut déjà à l'origine de l'affaire Balco et de la chute de la sprinteuse Marion Jones. Une perquisition effectuée au domicile de Yaroslav Popovych, équipier de longue date d'Armstrong, aurait déjà révélé des liens maintenus avec le sulfureux Dr Michele Ferrari jusqu'en 2009, alors qu’Armstrong a expliqué avoir rompu tout contact en... 2004.
"Cette enquête part du fait qu'Armstrong a appartenu à l'équipe US Postal, l'US Postal qui est une institution publique aux Etats-Unis", souligne Pierre Ballester. "Et aux Etats-Unis comme ailleurs, on ne joue pas impunément avec l'argent public. S'il est avéré qu'il y a eu un lien entre de l'argent public et un programme structurel de dopage, Armstrong encourrait les foudres de la justice de son pays." Près de six ans après sa dernière victoire sur le Tour, n'est-ce pas trop tard ? "Pour moi, ce n’est jamais trop tard. Je trouve ça plutôt bien que quelqu'un qui a fait preuve de non-loyauté pendant des années puisse être rattrapé par ses erreurs, ses mensonges, ses duperies et ces tricheries."