Une Coupe du monde de rugby sans la Nouvelle-Zélande, c'est comme un Mondial de foot sans le Brésil, c'est difficilement imaginable. Pourtant, l'hypothèse d'une absence des All Blacks lors de la prochaine édition de la Coupe du monde, en 2015, en Angleterre, commence à prendre corps. Cela n'a évidemment rien à voir avec le sportif, tant les Kiwis ne risquent rien dans ce domaine, mais tout à voir avec l'aspect financier.
En effet, aussi étonnant que cela puisse paraître, une Coupe du monde coûte de l'argent à la fédération néo-zélandaise de rugby (NZRU). Le directeur général de la NZRU, Steve Tew, a ainsi expliqué mercredi que la participation des Blacks à la compétition allait coûter plus de 13 millions de dollars néo-zélandais à la fédération, soit 7,6 millions d'euros.
Un Tri-Nations raccourci, pas de tournées d’automne
Dans le viseur de la NZRU, la fédération internationale, l'International rugby board (IRB), organisateur de la compétition. L'IRB est accusé d'imposer des règles draconiennes lors des années de Coupe du monde, et notamment un calendrier allégé. Et qui dit calendrier allégé, dit moins de matches et donc moins de rentrées d'argent.
Cette année, le Tri-nations, compétition qui rassemble les trois grandes nations de l'hémisphère Sud (Afrique du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande) n'a compté que six rencontres, contre neuf lors d'une année normale, ce qui fait deux matches de moins pour les Blacks. Mais surtout, la Coupe du monde, qui se déroule désormais à l'automne, empêche les nations du Sud de partir dans des tournées européennes rémunératrices en octobre-novembre.
"Les perspectives d'aller en Angleterre sont minces"
Le boycott est "évidemment un derniers recours, et notre façon de procéder se fait dans la consultation et la collaboration, et nous essayons de travailler avec tout le monde pour trouver une solution", a affirmé Steve Tew à la Radio New Zealand. Un peu plus tôt, il avait déclaré dans le journal britannique The Guardian : "les perspectives d'aller en Angleterre en 2015 sont minces sous le règlement actuel. Nous ne pouvons continuer à signer pour un évènement qui nous coûte beaucoup d'argent." La NZRU réclame une modification des dates de la Coupe du monde, une augmentation de la somme d'argent versée aux équipes qualifiées ou la possibilité pour les équipes de disposer de leurs propres parraineurs pendant la période du Mondial.
L'IRB n'a pas tardé à réagir à cette menace de boycott. Sans les Blacks, sa compétition majeure, sa vitrine sportive, passerait pour une épreuve au rabais. "L'IRB a déjà avancé sur ce dossier et s'est engagée à travailler en collaboration avec les fédérations membres pour s'assurer que les besoins stratégiques des fédérations soient à l'équilibre", explique dans un communiqué l'IRB, précisant qu'une révision des règles était déjà prévue à l'issue de la compétition et ajoutant : "l'ensemble des revenus commerciaux du tournoi sont réinvestis par l'IRB à travers ses 117 fédérations membres (...) afin de faire du rugby un sport vraiment mondial." Les Blacks, si souvent dominateurs sur le terrain, se sont peut-être un peu trop habitués à ne laisser que des miettes à leurs adversaires...