Après une dernière Coupe du monde mitigée pour ses représentants, le gratin du football sud-américain a rendez-vous en Argentine, à partir de vendredi, pour participer à l'édition 2011 de la Copa America. Si le pays hôte, qui n'a plus remporté cette compétition depuis 18 ans, et le Brésil, double tenant du titre en pleine reconstruction, partent logiquement avec les faveurs des pronostics, les sélections pensent avant tout à l'échéance mondiale dans trois ans. Ou en est le football sud-américain ? En pleine transhumance, à courir après son glorieux passé, disent ses observateurs les plus optimistes. Intercalée entre un mondial sud-africain teinté de déception, la quatrième place de la révélation uruguayenne venant noyer le poisson des contre-performances argentino-brésiliennes, et une prochaine Coupe du monde sur son continent riche en symboles, cette 43ème édition de la Copa America (1er-24 juillet) est l'occasion idéale pour les meilleures formations d'Amérique latine de se jauger avant l'échéance au Brésil. Ainsi, à l'aulne de "LEUR" événement, les principaux acteurs de ce tournoi n'hésitent pas à employer les termes "phase de reconstruction", "travail de rénovation", "processus de maturation", pour qualifier la période que vit actuellement leurs sélections. Dès lors, assistera t-on à une épreuve au rabais avec cette rude plongée vers l'inconnu ? Cette compétition servira surtout de test grandeur nature à l'Albiceleste. Encore plus que tous les autres, le football argentin traverse une période de crise, incarnée par la descente aux enfers de River Plate, club le plus titré du pays, mais également par l'absence de ses représentants en finale de la dernière Copa Libertadores. Sans compter que ses aficionados n'ont pas encore digéré l'affront subi en quart de finale du dernier mondial par l'Allemagne (0-4) et que les deux finales perdues face au Brésil, en 2004 et 2007, leur sont restées en travers de la gorge. A domicile, la pression sur les épaules de la bande à Sergio Batista, successeur contesté de Diego Maradona, est donc terrible au moment d'aborder un tournoi que l'Argentine n'a plus remporté depuis dix-huit ans. Soit une éternité. Surtout quand l'on compte dans ses rangs le meilleur joueur du monde en la personne de Lionel Messi. L'heure de l'Uruguay ? Son rival brésilien ne connait pas le même genre de problèmes. Même si un raccourci peut être pris en évoquant la frustration engendrée par le dernier Mondial. Le double tenant du titre, à la recherche de l'équilibre parfait entre spectacle et efficacité, compte bien réaliser la passe de trois chez son meilleur ennemi. Un triplé qui passera obligatoirement par la quête de son identité, avec un effectif new-look et une toute nouvelle mentalité personnifiée par ses cracks, Neymar et Ganso, et son sélectionneur, le très joueur Mano Menezes. Et si ce dernier vise en priorité "la Coupe du monde, mais aussi les Jeux Olympiques", une élimination prématurée et même un échec en finale seraient vécus comme un terrible affront par un peuple impatient et refroidi par les dernières prestations amicales. Derrière ces deux mastodontes, on surveillera de près l'évolution de l'Uruguay, demi-finaliste en Afrique du Sud et qui a l'occasion de dépasser son rival argentin au nombre de titres continentaux en cas de victoire finale. Le groupe celeste est toujours composé des mêmes éléments, en plus mûrs, et si Diego Forlan reste sur une saison en deçà des précédentes, la dimension prise par Edinson Cavani au Napoli peut transcender cet effectif en pleine force de l'âge. Présents dans le pays de Nelson Mandela en juin dernier, le Chili et ses talents bruts, ainsi que le Paraguay, auront également leur mot à dire alors que le Mexique, gracieusement invité, a laissé certains de ses meilleurs joueurs s'éclater en Gold Cup et d'autres réfléchir, au calme, à leurs comportements inopportuns après une orgie collective dans un hôtel. Histoire de redorer leur blason. Le credo, finalement, de toutes les sélections...