BASKET - La n°1 de la draft Brittney Griner a évoqué publiquement son homosexualité.
Le 3 avril dernier, Brittney Griner avait fait l'actualité presque malgré elle. Mark Cuban, propriétaire des Dallas Mavericks, champions NBA 2011, avait en effet émis l'hypothèse de faire signer la jeune joueuse, âgée de 22 ans, au sein de sa franchise, dans le championnat NBA, masculin, donc. Deux semaines plus tard, l'ex-intérieure de Baylor, championne universitaire 2012 et deuxième meilleure marqueuse de l'histoire de la NCAA, revient déjà sous les projecteurs. Lundi, elle a été le choix n°1 de la draft et évoluera la saison prochaine en WNBA, au Mercury de Phoenix. Et mercredi, la joueuse, qui culmine à plus de deux mètres (2,06 m), a révélé publiquement lors d'une interview au site Internet de l'hebdomadaire Sports Illustrated qu'elle était homosexuelle.
"Une façon d'être soi-même"
"Je ne dirais pas que je cachais quelque chose", a-t-elle expliqué. "J'ai toujours été ouverte sur qui je suis et sur ma sexualité. Du coup, ça n'a pas été dur du tout. Si je peux montrer que je suis gay, que je vais bien et que tout est OK, tant mieux et j'espère que la nouvelle génération ressentira la même chose." La joueuse entend en effet faire de sa posture, franche et décomplexée, une sorte de modèle. "Ne vous inquiétez pas de ce que les autres vont dire, parce qu'ils vont toujours avoir quelque chose à dire de toute façon. Mais, si vous êtes honnêtes avec vous-mêmes, vous pouvez rayonner. Ne cachez pas ce que vous êtes vraiment."
Interrogée sur la propension des femmes à faire plus facilement leur coming-out que les hommes dans le monde du sport, Griner a convenu : "je ne pourrais pas vraiment donner une réponse sur pourquoi c'est si différent. (...) Ayant moi-même fait mon coming-out, c'est juste une façon d'être soi-même. Oui, comme je viens de le dire, être soi-même."
Une sortie presque passée sous silence
Alors que les coming-out dans les sports majeurs aux Etats-Unis sont excessivement rares, la presse américaine s'étonne que ces déclarations n'aient eu que très peu d'échos. Pour quelle raison ? "Parce que c'est une femme", considère Jim Buzinski, fondateur de Outsports.com, cité par le New York Times. "Imaginez que ce soit un homme qui ait fait la même chose. La tête de tout le monde aurait exploser." Il y a quelques semaines, une rumeur voulait qu'un joueur de NFL allait faire son coming-out, déclenchant un ramdam médiatique.
Pour Patrick Burke, de l'association You can play, les déclarations de Griner sont passées inaperçues car elles nourrissent une idée reçue. "Dans le monde du sport actuellement, il y a deux types de stéréotypes : il n'y a pas d'athlète gay et chaque athlète femme est lesbienne. (...) Nous n'avons jamais aucun mal à trouver des hommes pour évoquer cette question. Nous avons plus de difficultés en revanche à trouver des athlètes féminines qui acceptent d'en parler parce qu'elles ont passé leur carrière entière à combattre l'idée qu'elles étaient lesbiennes." Selon ces deux observateurs, l'épisode Griner serait donc révélateur de stéréotypes inversés en fonction des sexes. Et donc de sexisme.