Vainqueur dimanche de l'Open d'Australie, le deuxième de sa carrière après 2008, Novak Djokovic a survolé le tournoi. Solide et serein, il a écoeuré en finale Andy Murray, emmuré dans son pessimisme. Rafael Nadal et Roger Federer, eux, sont attendus au tournant, tandis que Kim Clijsters s'impose comme la véritable patronne du circuit. Murray, pas la bonne attitude Fred Perry, dernier joueur britannique à s'être imposé en Grand Chelem (US Open 1936), n'a pas encore de successeur. Pour Andy Murray, ce n'est pas faute d'avoir essayé. Battu dimanche par Novak Djokovic (6-4, 6-2, 6-3), l'Ecossais a perdu sa troisième finale en Majeur, la deuxième d'affilée à Melbourne. "Forcément, j'aurais préféré en gagner une qu'en perdre trois", a-t-il constaté avec un flegme tout britannique en conférence de presse. C'est surtout son attitude sur le court qui laisse à désirer: agacé, pestant contre lui-même et son clan, le tout avec un vocabulaire grossier, Murray ne respire pas la sérénité. La pression liée à l'événement le fait sortir de ses gonds bien trop rapidement. Même s'il assure avoir mieux appréhendé cette finale que celle de l'an passé, il sait qu'il a du pain sur la planche pour ne pas rester en rade. "Je veux continuer à travailler dur pour essayer de progresser. Après, ce n'est pas non plus quelque chose qui m'empêche de dormir. Là, c'est sûr, ça va être dur pendant quelques jours, c'est normal. Mais bien sûr, je veux essayer de nouveau et gagner un titre en Grand Chelem. Je travaille aussi dur que possible." Dans l'ère Open, aucun joueur ayant disputé plus de deux finales en Grand Chelem n'a terminé sa carrière sans le moindre titre. Murray sera peut-être le premier... La nouvelle sérénité de Djokovic Novak Djokovic n'est plus le même homme. Depuis plusieurs mois, le Serbe est sur un nuage, lancé par une fin de saison 2010 riche en bons résultats (finale à l'US Open, titre à Pékin et victoire en Coupe Davis avec la Serbie). Son capital confiance a décuplé, ce qui lui permet de dégager une sérénité qu'on n'aurait pas imaginée il y a quelques saisons. Entre le chien fou, vainqueur à Melbourne en 2008, et l'indestructible gagneur trois ans plus tard, l'évolution mentale est flagrante. "Je me sens plus expérimenté, et je pense être un meilleur joueur qu'en 2008. Je suis plus solide physiquement, plus rapide. Plus motivé. Je sais comment réagir à tel ou tel moment du match, et comment me comporter devant un central comble, sur de grands courts. Je ne pouvais rien demander de mieux pour lancer la saison", a-t-il détaillé. Pour la première finale de Grand Chelem sans Federer ou Nadal depuis trois ans, Djokovic a saisi sa chance pour ajouter une ligne à son palmarès. Le n°3 mondial, qui talonne désormais le Suisse au classement ATP, se présente comme la menace la plus sérieuse à leur domination. La patronne, c'est bien Clijsters Pour la première fois de sa carrière, Kim Clijsters a inscrit son nom au palmarès de l'Open d'Australie. La Belge, finaliste à Melbourne en 2004, a peut-être remporté plus qu'une victoire face à la Chinoise Na Li (3-6, 6-3, 6-3): l'impression qu'elle a laissée durant la quinzaine lui donne le statut de vraie patronne du circuit. Un costume encore trop grand pour la n°1 mondiale Caroline Wozniacki, éliminée en demi-finale. "Lorsque j'étais plus jeune, je me mettais moi-même beaucoup de pression sur les épaules. Maintenant que je suis un peu plus vieille, j'arrive à faire abstraction de la pression dès que je franchis le pas de la porte, a-t-elle expliqué en conférence de presse. Après, je sais à quel point il est difficile de rester 'fit' deux semaines durant, de rester concentrée et d'essayer de ne pas avoir un mauvais jour, comme cela m'était arrivé l'an passé." Nouvelle n°2 mondiale, avec seulement 140 points de retard sur Wozniacki, Clijsters se tourne désormais vers Roland-Garros, un tournoi qui lui tient à coeur. Avant de prendre du recul avec le tennis: elle a en effet annoncé que 2011 serait sa dernière saison pleine. Nadal et Federer à la relance Pour trouver trace d'une finale de Grand Chelem sans Rafael Nadal ou Roger Federer, il faut remonter à l'Open d'Australie 2008, justement remporté par Djokovic. Les deux meilleurs joueurs du circuit ne laissent donc que des miettes à leurs adversaires. Il leur faudra pourtant rebondir après cette édition 2011 légèrement décevante. Pour Nadal, un an après son abandon contre Murray, une nouvelle blessure, cette fois-ci aux ischio-jambiers, l'a stoppé en quarts de finale face à David Ferrer. "Ce n'est pas possible d'être toujours à 100%. Ce n'est pas possible d'avoir tous les signaux au vert tout le temps pour gagner le tournoi. Cette année commence encore avec un peu de malchance. Je vais travailler dur pour revenir et avoir une chance d'être compétitif contre les meilleurs", a positivé l'Espagnol, qui a raté l'occasion de gagner un quatrième tournoi majeur d'affilée. Federer, lui, s'est arrêté en demi-finales, sorti par Djokovic, comme à l'US Open en septembre dernier. Convaincant depuis le début de la saison avec un titre à Doha, le Suisse a montré des signes de résignation, incapable de trouver la solution face à la muraille serbe. Son péché d'orgueil de vouloir battre son adversaire à son propre jeu a trouvé ses limites. "Je suis très optimiste pour les prochains tournois, même si je ne sais pas encore combien je vais en disputer. Alors bien sûr, cette défaite est un petit coup dur, a-t-il reconnu. Mais je suis heureux de mon jeu, de ma condition physique. J'ai fait un bon tournoi et je n'ai aucun regret. J'ai tout donné. Voyons la suite désormais." Pour la première fois depuis 2003, Federer ne détient plus aucun titre du Grand Chelem. Un constat suffisant pour le remotiver.