Tombeurs des favoris argentins et brésiliens en quarts de finale, l'Uruguay et le Paraguay s'affrontent dimanche au Monumental pour ajouter une Copa America à leur palmarès. Une affiche inédite en quarante-trois éditions entre deux sélections au style de jeu radicalement différent. Alors qui de la Celeste, véritable équipe de club, ou des Guaranis, miraculés de la compétition, tirera son épingle du jeu ? Premiers éléments de réponse. A l'aune de cette quarante-troisième édition de la Copa America, on avait misé quelques deniers sur l'Uruguay en annonçant que son heure était peut-être venue (cfUne belle tranche de Copa ?), seize ans après son dernier sacre. Le quatrième du dernier Mondial, et donc meilleure nation sud-américaine, nous a renvoyé la monnaie de notre pièce en tenant son nouveau statut pour espérer, dimanche à Buenos Aires, ajouter son nom une quinzième fois au palmarès de cette compétition. Ce qui serait un record absolu. La Celeste partira en tout cas avec l'étiquette de favorite face au Paraguay, dont le parcours, agrémenté de cinq matches nuls en autant de rencontres, ne fut rien d'une sinécure. Mais, au cours de cette Copa America version 2011, où il a fallu attendre les demi-finales pour voir une rencontre à élimination directe ne pas déboucher sur une surprise étourdissante, on est à l'abri de rien. Et surtout pas d'un nouveau coup de trafalgar de la sélection guaranie. "Vu les résultats de cette Copa, ne me parlez pas de favori", confirme Oscar Tabarez, le coach de ce petit pays né pour le football. Pourtant, sur le papier, l'Uruguay, fort de sa formidable organisation collective, de sa belle maturité et du talent de sa ligne offensive, a des arguments autrement plus convaincants que ceux de son prochain adversaire. Un nouveau record pour l'Uruguay ? D'autant que la motivation sera aussi facile à trouver que le chemin des filets pour Luis Suarez, co-meilleur buteur de l'épreuve avec trois réalisations et véritable poison pour les défenses. Un triomphe, dimanche, offrirait en effet à sa sélection sa quinzième couronne continentale et l'installerait seule sur le toit de l'Amérique, une unité devant l'Argentine. Une sélection albiceleste qui envie les automatismes de son voisin, loués en ces termes par le goleador plus vraiment buteur, Diego Forlan, à l'issue de la qualification uruguayenne: "Ce groupe méritait une finale. Nous ressemblons davantage à une équipe qu'à une sélection. Cela fait longtemps que l'on joue ensemble. On se connaît et cela se voit sur le terrain." Pour saborder la douce renaissance de la Celeste, l'Albiroja, qui a sorti le Brésil et le Venezuela aux tirs aux buts, devrait faire bloc autour de sa forteresse, en misant sur une nouvelle performance XXL de son gardien, le mésestimé Justo Villar. Cette tactique, limitée mais révélatrice du jeu paraguayen déployé depuis une décennie et les années Chilavert, a néanmoins permis aux coéquipiers de Roque Santa Cruz d'écrire l'une des pages les plus insolites de l'histoire de la Copa America: les voilà en situation de gagner leur troisième titre, après 1953 et 1979, sans avoir encore remporté la moindre rencontre dans la compétition. Mais en finale, le parcours des uns et des autres est éclipsé par le résultat, aussi froid que les nuits argentines...