Si le décès de Wouter Weylandt était encore dans toutes les têtes mercredi sur les routes du Giro, les coureurs se sont livrés à une belle explication lors de la cinquième étape qui empruntait les célèbres Strade Bianche. C'est le Néerlandais Pieter Weening, qui a été le grand vainqueur du jour en empochant la victoire et le maillot rose. Mais la course a aussi été marquée par la lourde chute de son coéquipier Tom Slagter. Deux jours après le décès tragique de Wouter Weylandt victime d'une chute fatale lundi dans la descente du Passo del Bocco, les organisateurs du Giro 2011 ont cru être maudits lorsque Tom Slagter a lui aussi lourdement chuté mercredi à moins de quinze kilomètres de l'arrivée de la cinquième étape, disputée sur 191 km entre Piombino et Orvieto. Son absence de réaction et l'affolement visible des personnes autour ont un temps laissé craindre le pire, ravivant les terribles souvenirs de l'avant-veille, mais le jeune Néerlandais, 21 ans, qui participait à son premier Grand Tour, a peu à peu commencé à esquisser des mouvements. Si ses blessures paraissent graves, il a été emmené à l'hôpital, ses jours ne sont pas en danger. La direction de course devrait communiquer sur son état de santé. Au lendemain d'une étape neutralisée afin de rendre hommage au regretté Weylandt, la course avait donc repris ses droits sur le Giro ce mercredi, sans les coureurs de la formation Léopard-Trek, trop éprouvés par le décès de leur coéquipier pour poursuivre l'épreuve. Une décision parfaitement comprise par les organisateurs de l'épreuve et les autres formations. Sur cette étape vallonnée, disputée à la fois sur les routes de Toscane et d'Ombrie, Martin Kohler est le premier à se mettre en évidence. Parti dès le dixième kilomètre, le Suisse de la BMC, qui a compté jusqu'à 12 minutes d'avance, parvient à atteindre seul le temps fort de la journée, les Strade Bianche, vingt-et-un kilomètres de route non goudronnées et avec des passages à fort pourcentage, où les coureurs ont rendez-vous avec les pierres et la poussière. Un passage compliqué parfaitement négocié par les principaux outsiders d'Alberto Contador, qui profitent d'un coup de moins bien de l'Espagnol pour accélérer dans la première montée, à l'image de Roman Kreuziger (Astana), puis de faire la descente à fond dans la roue de Vicenzo Nibali (Liquigas). Gadret échoue de peu Mais le vainqueur du Giro 2008 recolle rapidement, contrairement au porteur du maillot rose, David Millar, touché au coude et à l'épaule après avoir été victime d'une chute en milieu d'étape et distancé à moins de trente kilomètres de l'arrivée. C'est le moment que choisi John Gadret pour tenter un coup lors du deuxième passage sur les routes blanches. Accompagné par Pieter Weening, le grimpeur d'AG2R, 7e de l'étape l'an dernier sur ces mêmes routes, parvient à prendre quelques secondes d'avance, alors que Millar réussit à revenir sur le premier peloton, mais paiera ces efforts dans l'ascension finale menant à Orvieto. Dans la confusion qui suit la chute de Tom Slagter, Martin Kohler voit revenir sur lui Weening et Gadret à moins de quinze kilomètres de l'arrivée. Meilleur rouleur, le Néerlandais tente le coup tout seul et, alors que le Français et le Suisse sont repris dans l'ascension finale menant vers Orvieto, parvient à résister au groupe des favoris, malgré l'accélération de Michele Scarponi, qui a tenté de profiter d'un passage à 15 % pour décramponner d'autres candidats au maillot rose. Mais sur la ligne d'arrivée, seul le leader actuel du classement, David Millar, a perdu beaucoup de temps et abandonne la première place du général à Weening, qui a devancé de huit secondes deux Colombiens, Fabio Duarte et José Serpa, puis le Français Christophe Le Mével. Avec seulement deux secondes d'avance au général sur Marco Pinotti, Weening devra être particulièrement vigilant jeudi lors de la sixième levée disputée sur 216 km entre Orvietto et Fiuggi pour préserver sa tunique.