Dimitri Yachvili a dit stop. L'ancien demi de mêlée du Biarritz olympique, âgé de 33 ans, annonce vendredi dans le quotidien L'Equipe qu'il a décidé de raccrocher les crampons à l'issue de la saison.
Sa décision a visiblement été accélérée par la relégation désormais acquise du BO, dont il porte les couleurs depuis 2002. "Psychologiquement, j'aurais peut-être été autrement", confie le joueur. "Ça fait deux ans que c'est galère. Que je donne le maximum de moi et que je sens une fatigue globale. La motivation n'est plus là." Yachvili ajoute également avoir été "profondément touché, blessé" par les déclaration du président du BO Serge Blanco, qui avait assuré que des "têtes (allaient) tomber", le 4 mars, dans L'Equipe, après la défaite contre le voisin Bayonne. "Ça fait douze ans que je suis au club. Je n'ai pas l'impression d'avoir trahi le club pendant des années."
Deuxième meilleur marqueur de l'histoire des Bleus. Avec le BO, qu'il a rejoint après un passage par l'Angleterre, à Gloucester, en 2001-02, Yachvili a notamment remporté le championnat de France à deux reprises, en 2005 et 2006. Il a également enlevé le Challenge européen il y a deux ans, dernière soubresaut d'un club où tout est ensuite aller un peu à vau-l'eau. Avec le club biarrot, Yachvili a aussi disputé et perdu deux finales de Coupe d'Europe contre le Munster (2006) et Toulouse (2010). Mais Yachvili, ce n'est pas seulement le BO, c'est également l'équipe de France, dont il a porté les couleurs à 61 reprises.
C'est lui qui, à la mêlée, avait écœuré à lui tout seul l'Angleterre lors du Tournoi des Six Nations 2005, en inscrivant l'intégralité des 18 points de la courte victoire tricolore, à Twickenham (18-17). Il a également disputé - à l'ouverture et non à la mêlée - la finale de la Coupe du monde 2011, perdue face à la Nouvelle-Zélande (8-7). Solide au pied et intelligent dans ses prises de décision, le "Yach" est également le deuxième meilleur marqueur de points de l'histoire des Bleus, derrière "Titou" Lamaison (373 points contre 380).
Yachvili inscrit un essai contre l'Angleterre en 2004 :
"C'est un très grand joueur de rugby et un bon garçon, passionné par son sport. Il a énormément servi le rugby français, c'était un plaisir de l'accompagner", a expliqué l'ancien sélectionneur de l'équipe de France, Bernard Laporte, qui l'avait lancé en 2002. Aujourd'hui manager du RC Toulon, Laporte n'aurait pas été contre lui offrir une dernière pige sur la Rade. "On a été en contact avec lui pour la saison prochaine, mais c'était compliqué pour lui de partir avec sa famille", précise l'ancien secrétaire d'Etat aux Sports. "Même s'il arrête, je reste persuadé qu'il aurait pu faire un an ou deux de plus." Finalement, Yachvili, de son propre aveu "fatigué psychologiquement, mentalement et physiquement", a préféré s'arrêter là, zappant sa dernière année de contrat avec un club qu'il a incarné pendant plus d'une décennie.