L'info. Pendant plus de 17 mois, le footballeur français Zahir Belounis a vécu un véritable calvaire. Il a été retenu contre son gré au Qatar pendant 17 mois à cause d'un différend salarial avec son club, Al-Jaish. Libéré la semaine dernière après avoir obtenu son visa de sortie, Belounis contre-attaque. Il va porter plainte pour "escroquerie" contre trois personnes dont un frère de l’émir, le Cheikh Bin Hamad al-Thani.
Une lettre de licenciement antidatée. "Zahir Belounis a fait un certain nombre de concessions" pour obtenir son visa de sortie, ce qui le prive de toute possibilité de récupérer les salaires impayés, explique mercredi matin sur Europe 1 son avocat, Frank Berton. "Il a dû renoncer en signant une lettre de licenciement anticipée à février 2013 (au lieu de novembre 2013) en présence des autorités diplomatiques françaises" au solde de son salaire pour une durée de cinq ans, estimé entre 120.000 à 150.000 euros.
Franck Berton : "nous portons plainte pour escroquerie" :
Le chef d’état-major des armées également visé. "Je porte plainte contre les employeurs", a confié Me Berton, l'avocat de Zahir Belounis. "Les employeurs du footballeur, c'est assez curieux, mais c'est le chef d’état-major des armées (Hamad bin Ali al-Attiyah, ndlr), donc imaginez que ça ne passe pas très bien là-bas". Il poursuit aussi, "de manière médiatique", Cheikh Bin Hamad al-Thani qui n'est autre que le frère de l’émir du Qatar. Zahir Belounis et son avocat portent plainte pour "escroquerie" mais aussi pour "travail dans des conditions particulièrement inhumaines, qui est un délit spécifique au code pénal, et extorsion de fonds".
Belounis a reçu des menaces. Bien décidé à aller jusqu'au bout dans cette affaire, Me Berton a expliqué que son client avait "reçu des menaces venant du Qatar". "Je suis très prudent dans ce dossier. Quand je m'attaque à la famille royale, ce n'est pas seulement un coup de publicité", a expliqué Franck Berton. "Ce sont des gens qui font du chantage à des salariés, à des chefs d'entreprise, en leur disant : "soit vous renoncez à vos salaires, soit vous ne sortez pas." C'est une privation de liberté fondée sur la kafala".
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