Zinedine Zidane sélectionneur de l’équipe de France… Irréaliste il y a quelques jours encore, cette hypothèse est désormais ouvertement évoquée. C’est L’Equipe qui rallumé la mèche mardi en rapportant une rencontre entre l’ancien numéro 10 des Bleus et Noël Le Graët, président de la Fédération française de football (FFF), au cours de laquelle les deux hommes ont évoqué le sujet. Selon une source de la FFF, l’icône de la victoire de 1998 serait même au même niveau de priorité que le grand favori, Didier Deschamps.
Mais malgré sa popularité intacte auprès de la population, malgré une science du foot indéniable, par sûr que "Zizou", qui n’a jamais entraîné de club, soit le candidat idéal. Europe1.fr pèse le pour et le contre.
LE POUR
• Son emprise sur les joueurs. Pour tous les joueurs sélectionnables en équipe de France, Zinedine Zidane est forcément un modèle, une icône. Enfants ou adolescents en 1998, quand "Zizou" plantait deux buts en finale de la Coupe du monde, les nouveaux Bleus auraient un respect immense et immédiat pour leur coach. Et en ces temps où l’indiscipline des joueurs de l’équipe de France est brocardée, la nomination de Zinedine Zidane aurait pour effet de calmer le vestiaire.
Son passage à Clairefontaine, en septembre 2010, avait d’ailleurs soulevé l’enthousiasme. "Je lui ai serré la main une fois au jubilé de Luis Fernandez ", racontait Lloris avant l’arrivée de la star. "C'est toujours très impressionnant". De son côté, M’Vila avait du mal à cacher son excitation. "Ça va être un très grand moment. Monsieur Zizou à Clairefontaine, ça va être fort. Je pense qu'il est encore meilleur que nous !" déclarait l’un des quatre joueurs convoqués par la FFF pour son comportement en Ukraine. D’ailleurs, avec Benzema qu’il connaît si bien pour le côtoyer à Madrid, Zidane aura un relais précieux pour tenter d’enfin dompter la talentueuse mais agitée génération 1987, comprenant notamment Nasri, Menez et Ben Arfa.
En outre, contrairement aux idées reçues, Zinedine Zidane est capable d’autorité. "Pour ce qui est de l'emprise sur les joueurs, si lui ne l'a pas, je ne vois qui pourrait l'avoir", confirmait le 28 juin sur Ma Chaîne sport un certain Raymond Domenech, finaliste en 2006 de la Coupe du monde avec - et grâce - au légendaire meneur. "L'aura, le passé, le vécu de quelqu'un comme Zizou fait que, sans parler très fort, il a toujours cet impact pour les autres. C'est important cette autorité naturelle. Une autorité ça ne se décrète pas, lui l'a naturellement", affirmait l’ancien sélectionneur.
• Bon pour l’image de l’équipe. Depuis la fameuse grève de Knysna, lors de la Coupe du monde 2010, l’image des Bleus est exécrable auprès du grand public. Les deux ans du mandat de Laurent Blanc ont certes quelque peu changé la donne, avec notamment une série d’invincibilité longue de 23 matches. Mais les événements de l’Euro 2012 en Ukraine, avec les insultes de Nasri ou la suffisance de Ménez, ont replongé l’équipe de France dans la tourmente.
L’arrivée de Zinedine Zidane aurait alors l’avantage de donner un regain d’amour à l’équipe de France. Même s’il reste discret, "Zizou", 40 ans, reste la deuxième personnalité préférée des Français, juste derrière Yannick Noah, selon le dernier baromètre du JDD. Le grand public l’adore, donc, mais aussi les médias, pas avares de critiques ces derniers temps envers l’équipe de France. Incontestablement, sa popularité ferait donc grand bien aux Bleus. Et à la FFF, lassée par la mauvaise image renvoyée par sa vitrine.
Preuve de sa popularité, pendant huit ans, Zidane a été affiché en 15x10 mètres sur un mur de Marseille :
• Il aime l’équipe de France. Zidane et l’équipe de France, c’est d’abord une longue histoire d’amour. Le maillot bleu a toujours transcendé le meneur de jeu. Dès sa première sélection, la future star, entrée en jeu, claquait deux buts pour égaliser face à la République Tchèque (2-2). Au total, il disputera 108 matches avec l’équipe de France, pour 31 buts, dont certains, notamment un soir de juillet 1998, restent dans les mémoires. "Comme je l'ai toujours dit, l'équipe de France est la chose la plus importante qui me soit arrivé", confiait-il lors de son retour en bleu après un an de retraite entre 2004 et 2005.
Les buts de Zidane en finale en 1998 :
LE CONTRE
• Il est inexpérimenté. C’est évidemment le principal grief, celui qui vient immédiatement en tête. Malgré toutes ses qualités, Zinedine Zidane n’a jamais entraîné, ni club, ni sélection nationale. Certes, depuis un an, il s’est largement rapproché des terrains grâce à son rôle de directeur sportif au Real Madrid. Mais la mise en place de séance d’entraînements, les causeries d’avant-match, la tactique, bref, tout ce qui fait un sélectionneur, lui est encore étranger. Du moins dans ce rôle...
Et le précédent Platini n’est pas franchement encourageant. Nommé un an après sa retraite sportive, en 1988, le légendaire numéro 10 ne parviendra pas à qualifier la France pour la Coupe du monde 1990. Puis en 1992, malgré une campagne de qualification convaincante, la France est éliminée sans gloire de l’Euro suédois. Et "Platoche" a quitté les Bleus beaucoup moins populaire qu’à son arrivée. De quoi faire réfléchir Zinedine Zidane.
• Il n’est pas assez bon communicant. Longtemps, Zinedine Zidane, c’était ce joueur génial balle au pied, mais totalement démuni devant les caméras. Le meneur de jeu a peu à peu corrigé le tir au cours de sa carrière de joueur, mais, victime de sa timidité, il reste réservé face aux médias. Son expérience de consultant à Canal Plus ne s’est d’ailleurs pas révélée totalement convaincante.
Or, après l’expérience Domenech, la FFF tient à avoir un sélectionneur capable de mettre les journalistes dans sa poche. De ce point de vue-là d’ailleurs, le passage de Laurent Blanc à la tête des Bleus a été plutôt réussi.
• Il n’est pas franchement exemplaire. En termes de discipline, sur le terrain, Zinedine Zidane n’est pas franchement un parangon de vertu. Personne n’a évidemment oublié le terrible coup de boule dans le thorax de Marco Matterazzi en finale de la Coupe du monde 2006. La semelle sur un joueur saoudien au premier tour de la Coupe du monde 1998, qui lui valut un carton rouge mérité, est moins restée dans les mémoires, tout comme son violent coup de tête au Hambourgeois Kientz lors d’un match de Ligue des Champions avec la Juventus de Turin. Zizou écopera même de cinq matches de suspension pour ce très vilain geste. Qui lui coûta aussi sans doute l’obtention d’un deuxième Ballon d’or en 2000.
Cette vidéo compile les coups de sang de "Zizou" :