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Romane Hocquet, édité par Laetitia Drevet , modifié à
Alors que le milieu du patinage artistique est secoué par les révélations de Sarah Abitbol, qui accuse son ancien entraîneur de l'avoir violée à plusieurs reprises, les championnats de France junior s'ouvrent cette semaine dans un contexte explosif. Derrière les rambardes de la patinoire, le sujet est sur toutes les lèvres. 
REPORTAGE

Sur la glace, Tom essaye de rester concentré, même si ses pensées sont ailleurs, préoccupées par les scandales qui secouent son sport. A Charleville-Mézières, les championnats de France junior de patinage artistique s’ouvrent dans un contexte explosif. Le livre de Sarah Abitmol, dans lequel elle accuse son ancien entraîneur, Gilles Beyer, de l’avoir violée à de multiples reprises, a fait grand bruit, et avant même le début des épreuves, des dizaines de journalistes se sont déjà installés en bord de piste. Pour les jeunes patineurs, pas facile d’entrer dans la compétition comme si de rien n’était.

"C'est peut-être arrivé à des patineurs de je connais"

"C’est inadmissible. En compétition, on est seul avec son ou ses entraîneurs. Quand on est à l’hôtel, il est dans le même. Peut-être que c’est arrivé à des patineuses ou des patineurs que je connais, mais qu’ils n’en ont jamais parlé. C’est arrivé il y a 30 ans, ça a pu arriver il y a 10 ans comme l’année dernière. On ne sait pas", s’interroge Tom, 18 ans, au micro d'Europe 1. "Ce doute déshonore le patinage", regrette-il.

Chez certains, les accusations portées à l'encontre de Gilles Beyer ravivent des souvenirs. Chloé et Anthony, qui patinent vendredi soir au championnat, l'ont rencontré il y a deux ans, lors d'un stage d'été à La Roche-sur-Yon. "Je le voyais pendant les repas, il était à la patinoire, il discutait avec nos entraîneurs", raconte Chloé. Anthony renchérit : "On ne pouvait pas se douter de ce genre de problèmes. J’avais une petite sœur qui partait en stage avec moi à l’époque. Je me dis que ça aurait pu lui arriver..."

Toute la semaine, le sujet était au centre des conversations entre jeunes sportifs. D’autant qu'une visite surprise de Didier Gailhaguet, le président de la fédération des sports de glace, soupçonné d’avoir couvert - entres autres - les agissements de Gilles Beyer, n’est pas à exclure dimanche. "C’est pour montrer que tout va bien", tacle l’un des organisateurs du championnat. Sommé de démissionner par la ministre des sports, Didier Gailhaguet lui avait dans un premier temps opposé un refus catégorique, avant de rétropédaler, et d'émettre l’hypothèse d’une démission, s’il s’agissait là du seul moyen de "débloquer la situation".

"Tout le monde savait"

Pour Didier Lucine, entraîneur à Annecy, son départ est aussi urgent que nécessaire. Il dénonce les "mensonges" du président de la fédération. "Tout le monde savait tous les agissements de Gilles Beyer depuis des années. Pas un membre de la fédération ne peut dire le contraire. Quand vous écoutez Didier Gailhaguer, Cahuzac c’est un enfant de cœur. C’est hallucinant de mensonges", s'est-il insurgé au micro de Matthieu Belliard

D’après l’entraîneur, il est "possible" que d’autres témoignages viennent s’ajouter dans les prochains jours à celui de Sarah Abitbol. "Mais beaucoup ne veulent pas parler, elles ont des enfants, elles savent que c’est difficile, qu'il y aura des retombées derrières. Tant qu’il [Didier Gailhaguet] est là, à la télé, qu’il est puissant, c’est impossible."