Avant même les premiers coups de pédale, le Tour de France est déjà un succès populaire. Jeudi soir, des milliers de personnes ont assisté à la présentation des équipes à Utrecht, aux Pays-Bas, d’où sera donné le grand départ de la Grande Boucle, samedi. La cité néerlandaise, qui a bataillé plus de dix ans pour obtenir l’étape inaugurale de l’édition 2015, espère attirer entre 600.000 et 800.000 personnes pour ce week-end. Mais est-ce une bonne affaire pour les communes d’accueillir une étape de la plus prestigieuse compétition cycliste au monde ?
110.000 euros : le coût d’une arrivée. Chaque année, plus de 200 communes se portent candidates pour recevoir une des 21 étapes du Tour de France. C’est la société ASO (Amaury Sport Organisation), organisatrice de l’évènement, qui choisit les heureuses élues. Pour un départ d’étape, chaque commune doit s’acquitter d’une somme de 65.000 euros (hors taxe) versée à ASO, tandis qu’une arrivée coûte 110.000 euros. Pour avoir le privilège de donner le coup d’envoi de la Grande Boucle, les sommes grimpent nettement. La ville d’Utrecht aurait ainsi déboursé près de 4 millions d’euros pour accueillir le Grand Départ.
A ces sommes, il faut ajouter les coûts liés à l’accueil de la Grande Boucle. "ASO livre une organisation clé en main, mais il y a tout de même des investissements à réaliser, notamment sur la sécurité et sur la réfection de certaines portions de routes", précise Laurent Bonnard, directeur du cabinet du maire de Mende, où aura lieu l’arrivée de la 14e étape et le départ de la 15e. "Nous avons dû louer pas loin de deux kilomètres de barrières de sécurité, notamment pour la fameuse ‘montée Jalabert’", ajoute-t-il. Au total, la ville de Lozère devra ainsi dépenser 600.000 euros pour ces deux jours.
"Des retombées largement supérieures à l’investissement." Si les sommes engagées sont importantes, les mairies n’hésitent pas à les débourser. Car toutes le clament haut et fort : le jeu en vaut largement la chandelle. "Très peu de villes ont la chance d’accueillir le Tour. Les retombées économiques et médiatiques sont largement supérieures à l’investissement consenti", assure Pascal Fache, chef de cabinet du maire d’Abbeville, dans la Somme, qui accueillera le départ de la 6e étape.
Premier secteur à tirer profit du passage du Tour et de sa célèbre Caravane : l’hôtellerie-restauration. A Rennes, où débutera la 8e étape, "les hôtels affichent complet dans un rayon de 100 kilomètres", assure ainsi le conseiller municipal Yvon Léziart. A Mende, un parking pour camping-car ouvert la semaine dernière a lui été pris d’assaut en quelques jours seulement. "Nous avons même des gens qui vont dormir jusqu’à Clermont (à 170 kilomètres de Mende, ndlr)", se réjouit le directeur de cabinet du maire.
Des bénéfices à long terme. Mais les communes le reconnaissent elles-mêmes : chiffrer les retombées économiques immédiates du passage du Tour de France est extrêmement difficile. "Mais ce que nous souhaitons, c’est que les personnes étrangères à la ville aient envie de revenir plus tard, pour un week-end dans la baie de Somme par exemple", soutient le chef de cabinet du maire d’Abbeville.
A Mende, qui avait déjà accueilli une étape en 2005 et en 2010, on assure qu’il y a un effet Tour de France pendant deux à trois ans. "Les gens reviennent grâce aux images qu’ils ont vues à la télévision, notamment celles prises par hélicoptère", certifie le directeur de cabinet du maire. "C’est un évènement mondial. Rien que ça, ça nous assure des retombées économiques", abonde Yvon Léziart. Diffusé dans près de 190 pays, le Tour de France est ainsi le troisième plus grand évènement sportif de la planète, après la Coupe du Monde de football et les Jeux Olympiques. De quoi attirer des visiteurs du monde entier.
Écoutez la chronique d'Axel De Tarlé sur le Tour de France côté business :