À écouter Mamadou Sakho, il s'agirait d'une simple négligence. Mais elle pourrait se révéler très lourde de conséquences. Écarté par Liverpool et menacé par une enquête de l'UEFA, le défenseur français risque une suspension après un contrôle antidopage positif. Les Bleus pourraient donc être privés de leur vice-capitaine aux 28 sélections, roc défensif et héros contre l'Ukraine il y a deux ans et demi.
- Une participation en grand danger
Pour l'instant Mamadou Sakho n'est pas suspendu. Le défenseur international est simplement mis à l'écart par Liverpool dans l'attente d'une contre-expertise après l'annonce de son contrôle positif. Mais celle-ci devrait rapidement confirmer la présence d'au moins un produit interdit dans l'organisme du défenseur. "Si la contre-expertise dit la même chose que l'expertise, il a fini sa saison. Il peut commander son hôtel pour les vacances", assène Guy Roux.
Guy Roux sur Sakho : "Il peut commander son...par Europe1fr
Les conseillers de Mamadou Sakho sont désormais lancés dans une course contre-la-montre pour établir une ligne de défense. Le Français plaide la bonne foi, ignorant que son brûleur de graisse pouvait contenir des substances interdites. Le produit peut également avoir été contaminé, ce qui a déjà joué des tours à de nombreux sportifs appelés aujourd'hui à plus de vigilance.
La commission de discipline de l'UEFA peut lui infliger jusqu'à deux ans de suspension. Et quand bien même l'instance faisait preuve de clémence en se limitant à trois ou six mois, Mamadou Sakho resterait en difficulté. L'Euro débute dans sept semaines. Et le ministre des Sports Patrick Kanner, dans une allusion à l'affaire Benzema, prévient dans les colonnes du JDD : "Si le cas de dopage est avéré, la question d'exemplarité se posera également pour lui".
- Un vivier de remplaçants restreints
Devant, Didier Deschamps a l'embarras du choix. Derrière, ça aurait également pu être le cas. Mais les contre-performances de certains et surtout une série de blessures viennent sérieusement limiter les options de Didier Deschamps.
Dans un profil similaire à celui de Sakho, Kurt Zouma a les faveurs du sélectionneur mais il est sur la touche, gravement blessé au genou. Le jeune Aymeric Laporte (20 ans, Athletic Bilbao) aurait pu être une autre option. Il soigne une fracture du péroné. Jérémy Mathieu est lui très incertain après sa rupture du ménisque lors du dernier rassemblement des Bleus.
Les valides devront séduire Didier Deschamps. Eliaquim Mangala (Manchester City) a pour lui ses expériences (contrastées) avec les Bleus. Samuel Umtiti offre un profil intéressant mais n'a jamais su convaincre Deschamps. Tout juste révélé avec l'Atlético Madrid, Lucas Hernandez manque sérieusement d'expérience.
- Deschamps voit ses options limitées
Gaucher, puissant et vif, Mamadou Sakho pouvait couvrir deux postes : en défense centrale, où il s'épanouit depuis ses débuts professionnels, et sur le côté gauche, pour dépanner derrière Patrice Evra. Didier Deschamps pourrait ainsi se contenter de sélectionner sept joueurs dans ses lignes arrière et disposer ainsi de plus de latitude dans son choix d'attaquants.
Varane, Koscielny ou Mangala, habitués de la sélection ces dernières saisons, n'offrent pas cette polyvalence. Umtiti et Mathieu pourraient jouer à gauche mais, à sept semaines de l'Euro, ils n'offrent pas les mêmes garanties que Sakho avant cette affaire de dopage.
Sa probable absence ouvre la porte à des experts du poste d'arrière gauche : Digne, Kurzawa et Tremoulinas aux premiers rangs. Pour les attaquants qui tentent d'arracher une place de dernière minute (Ben Arfa, Fekir, Valbuena, Lacazette voire Ribéry), l'horizon s'obscurcit.
Des précédents sans grandes conséquences
Mamadou Sakho n'est pas le premier international français en difficulté avec la patrouille antidopage. Mais son dérapage pourrait se révéler bien plus grave que ceux de ses prédécesseurs. L'Equipe a fait les comptes : cinq Bleus ont déjà été épinglés. Aucun n'a manqué de phase finale internationale pour des faits de dopage. Bernard Lama et Fabien Barthez avaient été positifs au cannabis quelques années avant de remporter le Mondial 1998. Des vices de forme avaient libéré Christophe Dugarry (nandrolone en 1999) et Vincent Guérin (anabolisants en 1997). Cyrille Pouget, positif en même temps que Guérin, avait pris six mois de suspension.