"'Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point.' La pensée de Pascal s'applique parfaitement à l'absence de Julian Alaphilippe sur le Tour de France. On avait tant de raisons dans nos cœurs de vouloir notre champion du monde avec son beau maillot arc-en-ciel sur les routes de France... Lui au départ, c'est la garantie d'un panache inégalé sur le peloton, de courses à l'instinct mélangées à l'esprit d'équipe. C'est le souvenir et l'espoir de le voir remporter des étapes dantesques et revêtir le maillot jaune. Julian Alaphilippe fait partie de ces sportifs dont la seule présence peut transformer une course en épopée, de ces sportifs qui font battre nos cœurs au rythme du leur.
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Un espoir qui grandissait
Sa grave chute lors de la classique Liège-Bastogne-Liège il y a deux mois a coupé nos respirations. Des blessures sérieuses. Sa saison aurait pu être terminée. Mais le battant qu'il est est remonté sur son vélo, il a fait tourner les roues et nous a remis un peu de baume au cœur. On voulait tellement y croire. Pour lui, et pour le symbole de la résurrection.
Quand on a vu Julian Alaphilippe très à l'aise dimanche lors des championnats de France de cyclisme sur route, avec un rôle déterminant pour faire gagner Florian Sénéchal, il ne nous en fallait pas plus. C'est bon, il était bien de retour dans le peloton ! Même Thomas Voeckler, le sélectionneur de l'équipe de France, se voulait rassurant. On s'apprêtait à le voir s'élancer avec tous les autres du Danemark vendredi. Comme la promesse d'un bel été qui commence.
Son équipe ne l'estimait pas prêt
C'est la différence entre les rêves et la réalité. Les nombreux amateurs de cyclisme en France ont tous été surpris par cette annonce, et déçus, évidemment. Mais la raison doit prendre le pas sur le cœur. Que Julian Alaphilippe ait montré de très belles choses dimanche, c'est encourageant. Encourageant, mais pas suffisant. On ne peut pas comparer une course d'un jour avec les exigences d'un Tour qui dure trois semaines et qui met autrement à l'épreuve les corps et les esprits. On a beau regretter l'absence de Julian Alaphilippe, Quickstep a raison de jouer la prudence. Si la formation avait la garantie que la condition physique du coureur était suffisante, elle ne se serait pas amusée à le mettre de côté.
On pousse souvent le bouchon trop loin avec les sportifs, on tire sur la corde, donc saluons la sagesse de la décision de Quickstep. Pour l'avenir de Julian Alaphilippe, la suite de sa saison. Même avec des regrets pleins la tête. Je vais oser une comparaison ridicule. Si ce matin, vous me proposez une tablette de chocolat, je vais avoir envie de tout manger. Et puis je vais penser aux vacances qui arrivent et à la plage. Et je vais la reposer. Je vous assure que ça n'est pas de gaité de cœur, mais la raison l'emporte."