Nouvelle-Zélande/Afrique du Sud. Le choc des demi-finales de la Coupe du monde 2015, qui aura lieu samedi dans le stade de Twickenham, à Londres, est bien plus qu'une simple affiche de rugby depuis l'après-midi du 24 juin 1995. Ce jour-là, les Springboks dominent les All Blacks en finale du Mondial (15-12 après prolongation), dans un stade de Johannesburg en liesse. Sorti de prison depuis cinq ans, élu président depuis 14 mois, Nelson Mandela revêt le maillot vert des Boks et remet le trophée Webb-Ellis au troisième ligne de l'équipe, François Pienaar. L'image de cet échange entre le président noir et le capitaine blanc fait le tour du monde et offre l'image d'une Afrique du Sud réconciliée.
Pienaar reçoit le trophée des mains de Mandela :
Lomu et les Blacks inoffensifs. Avant cette remise de trophée historique, il y eut un match. Tendu et serré jusqu'au bout. Aucun essai ne fut marqué, ni dans le temps réglementaire (conclu sur le score de 9-9), ni dans la prolongation. Les Boks ne durent leur salut qu'à la réussite de leur ouvreur, Joël Stransky, auteur du drop vainqueur à huit minutes de la fin de la prolongation. Ce match a été un symbole politique. Mais il aurait pu être la consécration sportive d'un joueur hors norme, l'ailier néo-zélandais Jonah Lomu, révélation de la compétition et auteur d'une performance mémorable face aux Anglais en demi-finales (45-29). Mais Lomu, comme les autres Blacks, qui tournaient à plus de 50 points de moyenne depuis le début de la compétition, n'a jamais trouvé la solution face à la défense intraitable des Boks, qui avait déjà été fatale aux Bleus en demi-finales.
Les Boks ont résisté jusqu'au bout aux Blacks :
Un match marqué par la suspicion. En Nouvelle-Zélande, ce match n'a pas simplement été vécu comme un événement historique. Il a également laissé un goût amer. En effet, la moitié des Blacks avait été victime d'une intoxication alimentaire deux jours avant la finale. Des membres de l'encadrement de l'équipe ont même évoqué la possibilité d'un empoisonnement. La suspicion n'a jamais cessé d'accompagner cette finale, ni les performances des joueurs sud-africains à l'époque, alors que le rugby entamait sa mue vers le professionnalisme.
Plus que la polémique, Clint Eastwood avait préféré retenir la légende dans le film Invictus (2009) :
Les All Blacks vainqueurs en quarts en 2003. Depuis cette finale de 1995 et avant la demie de samedi, Blacks et Boks se sont affrontés deux autres fois en Coupe du monde. Lors de la finale pour la troisième place de l'édition 1999, à l’intérêt tout relatif, l'Afrique du Sud l'avait emporté 22-18 et précipité le départ du sélectionneur des "Néo-Z", John Hart. Quatre ans plus tard, en quarts de finale, ce sont cette fois les All Blacks qui s'étaient imposés sur le score sans appel de 29-9. Sans pour autant effacer le souvenir de cette finale historique de 1995.