Les joueurs et les supporters du Barça ont fait mine d'y croire. Croire à la possibilité d'une nouvelle "remontada", mercredi soir, contre la Juventus Turin, en quarts de finale de la Ligue des champions, comme celle que les Blaugrana avaient menée au tour précédent contre le PSG (0-4, 6-1). De "remontada", il n'y eut pas (0-3, 0-0). Et pour la troisième fois en quatre éditions, le Barça a été éliminé dès le stade des quarts de finale de la compétition au cours d'une semaine décisive qui le verra défier le Real Madrid, dimanche, lors de la 33ème journée de Liga.
Cela n'a pas empêché le public du Camp Nou d'applaudir chaleureusement son équipe à la fin de la rencontre, dans ce qui a ressemblé à une sorte d'éloge funèbre. Jamais à court de jeu de mots quand il s'agit d'égratigner le géant catalan, le très madrilène quotidien Marca a d'ailleurs titré jeudi : "Quatre boules et un enterrement", en référence au tirage au sort de la Ligue des champions effectué vendredi et à l'élimination du Barça. Sans parler d'enterrement, la presse catalane a elle dit "Merci" vendredi après un "au revoir avec fierté" jeudi. Mais n'est-ce vraiment qu'un au revoir ?
Les Unes du Mundo deportivo de jeudi et vendredi :
"L'équipe est nue". Les éditorialistes catalans n'en sont pas si sûrs. "Cette élimination est douloureuse parce qu'elle accroît la sensation que la meilleure génération de l'histoire du Barça a laissé échappé trop de Ligues des champions", écrit Ernest Folch, directeur de Sport. "L'équipe est nue en cette fin de saison, sans banc de touche et sans capacité de renverser les matches qui se compliquent." "Sans banc de touche", car les dernières recrues (onéreuses), André Gomes (35 millions) ou Paco Alcacer (30 millions), ne donnent pas vraiment satisfaction.
Mais ce qui marque encore davantage, ce sont les manques récurrents du milieu de terrain. Xavi est parti au Qatar en 2015, tandis qu'Andres Iniesta et Sergio Busquets semblent bien loin de leurs grandes années. Derrière, le Barça étale ses fragilités. Ses deux derniers déplacements européens, à Paris et à Turin, se sont soldés par deux défaites cinglantes : 4-0 et 3-0. Plus que jamais, son jeu semble aujourd'hui dépendant de sa ligne d'attaque "MSN" Messi-Suarez-Neymar, qui avait renversé un PSG chancelant au retour, mais qui n'a rien pu faire contre la Juve.
La Juve domine le Barça 3-0 :
"Nous ne sommes pas au mieux, mais nous pouvons gagner". Le Barça, toujours présent en demi-finales de la Ligue des champions entre 2008 et 2013, n'y a fait qu'une seule apparition depuis, en 2015, avec la victoire finale. Au club, tout le monde veut croire que les beaux jours ne sont pas finis. Et le Clasico de dimanche sur la pelouse du Real, qui pourrait relancer le Barça dans la course au titre, tombe à point. À six journées de la fin, les Blaugrana sont à trois points seulement, mais avec un match en plus au compteur.
"Nous sommes humains, donc c'est sûr que cette élimination peut nous affecter. Il faut faire en sorte que ce soit le moins possible", a reconnu Gerard Piqué à l'évocation de ce 234ème Clasico de l'histoire. "Nous irons au stade Bernabeu pour rivaliser et essayer de gagner. Ces dernières années, cela nous a souri. Nous ne sommes pas au mieux, mais nous pouvons gagner."
L'entraîneur du Barça, Luis Enrique, se veut lui aussi volontariste, forcément, et en appelle à l'orgueil pour sauver encore ce qui peut l'être. "Se relever après une telle élimination est difficile mais nous avons le meilleur des stimulants : rendre visite à notre éternel rival. Ce sera difficile, l'ambiance sera spéciale, mais cela nous stimule", a-t-il confié mercredi soir. "Nous gardons l'opportunité de revenir dans la course pour le titre en Liga. Je suis heureux de pouvoir travailler dans un club qui veut toujours tout gagner."
Problème, si le Barça s'incline à Bernabeu, on pourra considérer qu'il ne lui restera plus qu'un seul trophée à gagner, la Coupe du Roi, le samedi 27 mai prochain, contre Alaves, pour ce qui sera le dernier match à la tête de l'équipe première de Luis Enrique, qui a d'ores et déjà annoncé son départ. Cette finale marquera-t-elle la fin d'un incroyable cycle de conquêtes ? Ou le Barça est-il capable d'un splendide (et dernier ?) sursaut d'orgueil face à son grand rival ? Réponse en nocturne (une rareté pour un Clasico), dimanche soir, dès 20h45.