Limoges attend toujours son héritier. Le Cercle Saint-Pierre (CSP), vainqueur de cinq coupes d'Europe, est le seul club français à avoir remporté la C2, la deuxième compétition européenne de basket, en 1988. Presque 30 ans plus tard, Strasbourg ambitionne de devenir, enfin, le successeur du CSP. La SIG (Strasbourg Illkirch-Graffenstaden) disputera vendredi soir la finale aller de l'Eurocoupe dans sa salle du Rhénus, contre les Turcs de Galatasaray (la finale se joue en match aller-retour, au point-average).
Pourtant, pas grand monde n'aurait parié sur la présence du club alsacien à ce niveau de la compétition, tant le niveau des formations tricolores a déçu ces dernières années. Pour la SIG et tout le basket français, cette finale d'Eurocoupe est déjà un véritable exploit.
- Le symbole de la renaissance du basket français
Pour mesurer la portée de la performance strasbourgeoise, convoquons tout d'abord l'histoire. Le basket français de club a traversé depuis le début des années 2000 une longue période de vaches maigres. Aucune équipe tricolore n'a réussi à franchir le premier tour de l'Euroligue, la plus prestigieuse des coupes d'Europe, depuis Pau-Orthez en 2007. Cette saison, comme souvent ces dernières années, Strasbourg et Limoges ont été éliminés dès la première phase, terminant respectivement dernier et avant-dernier de leur groupe.
Pourtant, le basket français renaît doucement de ses cendres. L'an dernier, Nanterre a ainsi remporté l'Eurochallenge, la troisième compétition continentale. Un exploit pour le club francilien et tout le basket masculin français, qui n'avait plus remporté de titre européen depuis 13 ans. Cette saison, rebelote : Chalon-sur-Saône s'est qualifié pour le "Final Four" de l'Eurochallenge, vendredi 29 avril. Mais seule une victoire de Strasbourg en Eurocoupe, une compétition bien plus relevée, validera la progression du basket français.
- L'Eurocoupe, une compétition relevée
Les pronostics ne jouaient pourtant pas en faveur de la SIG. Cette saison, de nombreuses grosses écuries du continent, comme le Maccabi Tel-Aviv (6 fois vainqueur de l'Euroligue, dont la dernière fois en 2014), Kazan, Milan, Valence ou encore l'Alba Berlin ont pris part à cette compétition très dense. La SIG, elle, a tracé son chemin en s'appuyant sur une réussite insolente à l'extérieur.
Les Strasbourgeois se sont en effet successivement imposés sur les parquets des Allemands d'Oldenbourg en 8èmes, des Russes de Nijni Novgorod en quarts puis chez les Italiens de Trente en demi-finales. Problème : gagner à Galatasaray, l'adversaire des Alsaciens en finale, est très, très compliqué. La salle stambouliote, doté de 12.000 places, abrite une des ambiances les plus chaudes d'Europe, avec ses fans survoltés. La SIG devra donc absolument s'imposer chez elle, à l'aller vendredi soir, pour espérer survivre à la fournaise turque.
- La SIG de Vincent Collet, à la recherche d'un titre majeur
L'équipe strasbourgeoise a passé un cap depuis la prise de fonction de Vincent Collet, en 2011. Avec l'entraîneur de l'équipe de France, la SIG a remporté la saison dernière la Leaders Cup (ex-Semaine des As) et la Coupe de France. Mais les Alsaciens ont surtout connu trois échecs consécutifs en finale de Pro A, contre Nanterre (2013) puis le CSP Limoges (2014 et 2015).
Remporter l'Eurocoupe serait donc un événement historique pour la SIG. Pour Vincent Collet aussi : le coach français, à qui il manque un titre européen en club, pourrait voir sa cote grimper sur le continent en cas de succès en finale. Histoire d'écrire encore un peu plus l'histoire, après avoir été le premier à remporter le Championnat d'Europe avec les Bleus, en 2013.