Le breaker français Bboy Dany, de son vrai nom Danis Civil, a terminé en argent à La Concorde en s'inclinant en finale face au Canadien Phil Wizard, premier champion olympique de la discipline, dans une ambiance de folie. À l'issue d'une battle relevée juste à côté de l'obélisque de Louxor, le danseur perpignanais a perdu trois manches à zéro contre Phil Wizard, vice-champion du monde 2023, qui l'avait déjà battu en qualification.
"C'était un vrai plaisir. Être au milieu des supporters et les sentir me pousser, je me suis donné jusqu'au bout. Je voulais que l'or reste ici, mais au moins, je ne repars pas bredouille. C'est historique pour le break français", a-t-il expliqué. Premier qualifié aux JO de l'histoire de la discipline, grâce à sa victoire aux Championnats d'Europe à l'été 2023, le danseur s'était extirpé sur le fil des éliminatoires samedi avant de danser de manière beaucoup plus libérée jusqu'à l'argent.
>> LIRE AUSSI - Tom Cruise, Beyoncé, Air... À quoi va ressembler la cérémonie de clôture des JO de Paris au Stade de France ?
À jamais le premier
Ce père de famille né en Guyane, vainqueur de nombreux battles internationaux, avait fait des Jeux l'un de ses derniers grands objectifs sportifs, mettant sa carrière d'aide-soignant entre parenthèses depuis l'annonce de la présence du break à Paris. "Il a pris la confiance de round en round. Il était dans un 'mood' un peu dur au début, puis il s'est libéré et on l'a vu prendre beaucoup de plaisir. C'est là qu'il est le meilleur", a expliqué à l'AFP son entraîneur personnel Omar Remichi.
"Pour nous, c'est beaucoup de bonheur, deux ans de travail acharné qui se concrétise par une belle récompense", a-t-il ajouté. Dans la défaite, Bboy Dany, affichait encore un large sourire sous les projecteurs après le verdict des juges et pendant la remise des médailles. Il a longtemps félicité son adversaire avant de saluer une foule conquise par son charisme et sa musicalité, terme de break qui désigne la capacité du danseur à adapter ses mouvements aux sons du DJ.
Lors des phases finales, il a battu deux Américains d'affilée, Bboy Jeffro et Bboy Victor, grâce à son style spectaculaire et aérien, avant de s'incliner lors de l'ultime battle de la journée. "C'était une finale presque sociologique, avec des gens qui ont fait beaucoup de recherche sur leur danse et qui défendait un projet, un style et une identité. C'était incroyable pour notre discipline", s'est félicité Omar Remichi. Vendredi, lors de la compétition entre Bgirls, la Japonaise Ami est devenue de son côté la première championne olympique de l'histoire de cet art de la danse issu de la culture hip-hop... et probablement la dernière.
>> LIRE AUSSI - Médaillé à 13 ans ou à 72 ans, 28 distinctions pour un athlète... Ces sportifs qui ont marqué l'histoire des JO
La discipline ne sera pas aux JO de Los Angeles, en 2028
Malgré ce coup d'éclat parisien, l'heure est déjà aux adieux olympiques pour le breaking, né dans les années 1970 dans les quartiers défavorisés de New-York. Sport additionnel à Paris, la discipline n'a pas été retenue par le comité d'organisation des Jeux à Los Angeles en 2028. Nombreux sont les danseurs à espérer un retour en fanfare à Brisbane en 2032, même si peu semblent y croire à ce stade.
"Quand on a compris que c'était du one shot, ça m'a enlevé toute pression", a dit après son élimination vendredi la Bgirl française Carlota. "Je me suis dit en fait, ce qu'on va vivre, c'est unique. Peut-être qu'on n'aura pas l'opportunité de le refaire. Apprécie, savoure chaque moment. J'ai vraiment ce sentiment que c'est une réussite ces JO", a-t-elle dit.
Le patron des Jeux de Paris Tony Estanguet a lui particulièrement savouré le show des danseurs lors de sa visite sur le site pendant la compétition féminine. "C'était très spectaculaire et j'ai aimé la présentation. L'atmosphère était super", a-t-il avancé. Avec ses nouveaux champions, le breaking a en tout cas quitté les Jeux comme il y est arrivé: avec fracas.