Désormais, les adversaires de l’équipe de France vont y réfléchir à deux fois avant de commettre une faute dans leurs trente derniers mètres. Car les hommes de Didier Deschamps sont devenus redoutables sur les phases de coupe de pied arrêtés. Sur les sept buts inscrits lors des confrontations face aux Pays-Bas (3-2), vendredi, et contre la Russie (4-2), mardi, quatre ont été inscrits suite à des coups francs. Cerise sur le gâteau, deux ont été des frappes directes, pas franchement une spécialité française ces dernières années (décennies ?). Mais cette médaille a son revers. Car c’est aussi sur coups de pied arrêtés que la France se montre aussi particulièrement friable.
Griezmann le gaucher, Payet le droitier
Si Antoine Griezmann avait déjà son billet pour l’Euro en poche, Dimitri Payet a sans aucun doute validé le sien face aux Pays-Bas et à la Russie. Car comme son coéquipier, le joueur de West Ham a pu montrer pendant ces deux matches ses qualités de centreur. Et comme l’un est gaucher et l’autre droitier, les passes décisives sur coup franc peuvent venir des deux côtés du terrain. Face à la Russie, Griezmann a donné la passe pour la tête de Gignac côté gauche. Contre les Pays-Bas quatre jours plus tôt, le but de Giroud est venu suite à un corner frappé côté droit par Payet.
Surtout, les deux hommes sont capables de marquer sur coup franc direct. Et avec la manière, puisqu’ils ont chacun nettoyé les lucarnes du gardien adverse, Griezmann aux Pays-Bas et Payet contre la Russie. Si l’on ajoute le coup franc direct inscrit par Mathieu Valbuena en septembre face au Portugal (1-0), cela fait trois coups francs directs inscrits sur les huit derniers matches, mieux que sur les 146 rencontres précédentes. En outre, d’autres peuvent prétendre à l’exercice. Pogba avec la Juventus et Cabaye à Crystal Place marquent régulièrement sur coup franc avec leur club. Et comme abondance de biens ne nuit pas…
Cette nouvelle donne est d’autant plus intéressante que dans les grandes compétitions internationales, les coups de pied arrêtés ont une importance primordiale. Dans leur histoire plus ou moins récente, les Bleus peuvent en témoigner. En 1998, c’est sur corner que Zinédine Zidane a inscrit ses deux buts en finale de la Coupe du monde. En 2006, quatre des six buts français marqués lors des matches à élimination directe ont été inscrits sur des phases de jeu arrêtées. Enfin plus récemment, en 2014, Paul Pogba a débloqué la situation de la tête suite à un coup franc face au rugueux Nigéria en huitièmes de finale de la Coupe du monde. Et c’est sur coup franc, toujours, que les hommes de Didier Deschamps avaient été éliminés face à l’Allemagne, en quarts de finale.
Un problème en défense
C’est d’ailleurs un problème récurrent qui se pose au sélectionneur des Bleus. Depuis qu’il a pris les rênes de l’équipe de France en juillet 2012, pas moins de 49% des buts encaissés par ses troupes l’ont été sur coups de pied arrêtés. Cette difficulté persiste, puisque face aux Pays-Bas et à la Russie, trois des quatre buts encaissés par les Français sont venus de coup franc ou de corner. Ce travers illustre le problème plus global de la défense des Bleus, incontestable point faible de cette équipe de France, à un peu plus de deux mois seulement de l’ouverture de son Euro.