CARNET DE BORD - Le Vendée Globe de Charlie Dalin : "J'ai hâte de franchir le Cap Horn"

Charlie Dalin
Charlie Dalin va bientôt passer le Cap Horn. © Charlie Dalin
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Charlie Dalin édité par Guilhem Dedoyard
Chaque samedi pendant le Vendée Globe, Charlie Dalin tient un carnet de bord pour Europe 1. Sur son monocoque Apivia, le skipper de 36 ans se confie sur ses impressions, sa stratégie et les futures épreuves qui l'attendent dans cette course mythique en solitaire, sans escale et sans assistance.

En cette huitième semaine de Vendée Globe, Charlie Dalin est en deuxième position derrière Yannick Bestaven. Pour le skipper de 36 ans, qui participe à sa première édition sur son monocoque Apivia, les jours qui s'annoncent vont être ceux d'un grand moment pour n'importe quel marin : le passage du cap Horn. Ce moment symbolise le passage du Pacifique à l'Atlantique et de nouvelles opportunités pour la course. Le navigateur se confie dans son carnet de bord hebdomadaire sur Europe 1, enregistré vendredi.

Devenir un cap-hornier

Le Cap Horn, c'est le plus mythique de tous les caps : le cap le plus au sud, le plus redouté, celui avec le plus de légendes, d'histoires autour de lui. Forcément, c'est un monument, c'est un monstre. Il n'y a pas beaucoup de caps où on a un mot qui est prévu pour ce statut, on ne dit pas de quelqu'un qu'il est cap-de-bonne-éspérancier ou qu'il est cap-corsier. Par contre, cap-hornier, ça existe. Ça veut tout dire. Ça expliqué un peu le symbole extrême que ce cap porte avec lui. 

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Crédit photo : Charlie Dalin

Oui, j'ai hâte de le franchir. J'espère que je l'apercevrais, même s'il y a des chances que je passe de nuit. Il ne fait jamais complètement nuit ici, comme je suis très au sud. Peut être que j'apercevrai une ombre. Je ne sais pas si je vais passer très proche ou pas, on verra. Si je le vois tant mieux, si je ne le vois pas, tant pis. Mais oui, c'est le symbole de la fin des mers du Sud. C'est synonyme de changement, d'en finir avec les grosses mers, avec les grosses houles.

La hâte de quitter le Sud

Ça fait 35 jours, je crois, que je suis dans les quarantièmes rugissants. J'ai hâte de retrouver des températures un peu plus élevées, de réussir à faire baisser le taux d'humidité dans le bateau et faire sécher les affaires qui sont mouillées. J'ai réussi à manger et à dormir, je me sens en forme. Mais c'est un état qui varie un peu d'un jour à l'autre, en fonction de l'intensité du moment.

Par exemple, il y a 36 heures j'étais en course contre ce front là. Il fallait absolument que je passe en avance. Forcément, j'ai très peu dormi. J'ai accusé le coup après. Mais ce n'est pas grave. Ce qui était important, c'était de rester en avant de ce front pour faire le break avec les poursuivants. Il faut l'accepter. C'est comme ça. Je préfère être fatigué et avoir fait le break que l'inverse. 

Des opportunités de reprendre la tête après le Cap ?

On comptera les points après le cap Horn, on verra à quelle distance on est les uns des autres. Après, la régate va continuer pour remonter l'Atlantique. C''est le symbole de la fin du Sud, mais ce n'est pas le symbole de l'arrivée tout de suite. Il reste encore 7.000 milles à parcourir après le cap Horn. C'est un tiers du tour du monde. La route est encore longue, mais par contre, les opportunités risquent d'être nombreuses. L'Atlantique Sud, c'est une zone qui est complexe à négocier.

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Crédit photo : Charlie Dalin

Ce qui va dicter la suite ce sont les schémas météos : favorables aux poursuivants ou aux leaders. Ils varient beaucoup, il y a beaucoup d'activité, d'anticyclones, de dépressions, de fronts à gérer. C'est symbole d'opportunité pour gagner des milles. Il va y avoir des opportunités pour revenir, ça, j'en suis sûr. Il va juste falloir savoir les saisir et continuer à naviguer au maximum tout en préservant la machine et le marin.