CARNET DE BORD - Le Vendée Globe de Charlie Dalin : "Les conditions plus douces donnent de l'énergie"

Charlie Dalin, Vendée-Globe
Charlie Dalin entame la remontée de l'Atlantique © Charlie Dalin
  • Copié
Charlie Dalin, édité par Antoine Cuny-Le Callet
Chaque samedi pendant le Vendée Globe, Charlie Dalin tient un carnet de bord pour Europe 1. Sur son monocoque Apivia, le skipper de 36 ans se confie sur ses impressions, sa stratégie et les futures épreuves qui l'attendent dans cette course mythique en solitaire, sans escale et sans assistance.

En cette neuvième semaine de Vendée Globe, Charlie Dalin est toujours en deuxième position derrière Yannick Bestaven. Le skipper de 36 ans, qui participe à sa première édition sur son monocoque Apivia, entame la remontée de l’Atlantique sud après avoir passé le Cap Horn. Le navigateur se confie dans son carnet de bord hebdomadaire sur Europe 1, enregistré vendredi.

Moins dans la survie, plus dans la régate

Cela fait deux mois que je suis parti des Sables d'Olonne et je suis en train de remonter l'Atlantique Sud en ce moment. On m'avait dit que la remontée de l'Atlantique était longue, mais ce n'est pas ça que je retiens. Stratégiquement, c'est beaucoup de travail. Je dois passer entre 5 et 7 heures par jour devant mon ordinateur à travailler sur la trajectoire. Une fois que le Cap Horn est passé, le champ des possibles se rouvre. On est moins dans la survie et plus dans la régate.

dalincentre

© Charlie Dalin

On n'a pas battu des records sur les premières sections du Vendée Globe… et on ne va pas battre de records non plus sur la remontée de l'Atlantique Sud. Une fois passé le cap Horn, il y avait une bulle anticyclonique migratrice qui se décalait d'ouest en est (je l'avais déjà vue un peu avant le Cap Horn, en étudiant la météo). C'était compliqué à appréhender : je n'ai pas vu de solution pour l'éviter. J'avais beau tourner les simulations de route dans tous les sens, je finissais toujours par atterrir dans cette satanée bulle anticyclonique. Ça n’a pas manqué. Même avec son avance, Yannick (Bestaven, actuel leader) s'est fait un petit peu ralentir par cette bulle. Il n'y avait aucune chance que je passe. Damien Seguin, qui était un peu derrière [actuellement quatrième, NDLR], s'est fait ralentir, lui aussi.

La course est encore longue

Dans la petite dépression que l’on est allé récupérer avec Thomas [Ruyant, actuellement troisième], j’ai eu 38 nœuds, mais ce n'est pas la même chose que le vent du Sud, pas la même mer. Les températures s'adoucissent franchement de jour en jour, il fait plus de 20 degrés dans le bateau. Les conditions douces aident aussi à alléger les choses. Ça donne de l'énergie, un peu de chaleur. Je sais maintenant aussi que d'ici l'Atlantique-Nord, je n'aurai pas de fort coup de vent. Dans le sud, quand on sent un coup de vent on sait que le prochain n’est pas loin. Là, on n’a pas ce problème.

Il y a une expression en bateau qui dit que tant que l’on n’a pas franchi la ligne d'arrivée, tout peut arriver. Je pense que cette expression s'applique aussi sur le Vendée-Globe… peut être particulièrement sur le Vendée Globe. Il y a eu un grand nombre de retournements de situation depuis le départ. La course est encore longue, il reste plus de 5.000 milles jusqu'aux Sables d'Olonne. Il peut encore se passer beaucoup de choses sur ce Vendée Globe.

dalinfinpapier

© Charlie Dalin

Les bateaux sont en mer depuis deux mois déjà. Les marins sont usés. On commence à être un peu fatigué. Du coup, je m'accroche, je me bats. Je règle le bateau, je mets tout en ordre de marche pour aller le plus vite possible, en continuant à préserver le bateau pour aller chercher Yannick. La route est encore longue jusqu'aux Sables et il y aura encore des opportunités, j’en suis sûr. S’il y a une opportunité, il faut y croire. Et quand elle se présentera à moi, je la verrai et je la saisirai.