CARNET DE BORD - Le Vendée Globe de Charlie Dalin : "Tout le monde va monter en intensité"

Derniers jours du Vendée Globe pour Charlie Dalin. © Charlie Dalin
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Charlie Dalin, édité par Mathilde Durand

Chaque samedi pendant le Vendée Globe, Charlie Dalin tient un carnet de bord pour Europe 1. Sur son monocoque Apivia, le skipper de 36 ans se confie sur ses impressions, sa stratégie et les futures épreuves qui l'attendent dans cette course mythique en solitaire, sans escale et sans assistance.

Dernière ligne droite pour les navigateurs du Vendée Globe. A cinq jours de l'arrivée, Charlie Dalin est dans le trio de tête avec ses concurrents Louis Burton et Boris Herrmann. Le finish s'annonce serré pour le skipper de 36 ans qui souhaite "imprimer une bonne cadence" malgré la fatigue d'un tour du monde. En ligne de mire : les Sables d'Olonne, où ses proches et ses équipes attendent le navigateur. Sur Europe 1, Charlie Dalin se confie lors d'un dernier carnet de bord hebdomadaire, enregistré vendredi.

L'anticyclone des Açores derrière

"On est vraiment sur la dernière ligne droite. On vient de franchir l'un des derniers obstacles avant l'arrivée, cet anticyclone des Açores, même si je navigue encore sous l'influence de sa dorsale. Je commence à être sous l'influence des vents et des dépressions de l'Atlantique Nord. Il ne reste plus que quelques jours de navigation.

Même si la distance est longue, on approche du but. Bientôt, je serais à la hauteur des Açores en longitude, pas longtemps après je serais à leur hauteur en latitude.

Une hausse d'intensité 

Il y a beaucoup de monde autour, du monde à gauche et du monde derrière. Je pense que tout le monde est fatigué mais a envie de gagner. On est tous en train de graduellement changer de style de navigation et de passer sur une navigation un peu plus à l'attaque, un peu plus incisive que ces derniers mois.

Il me reste encore 3 jours en tribord et deux jours en bâbord, à peu près, donc ça va être trois jours sur le mauvais foil. Cela aurait été plus rapide avec, mais ça fait partie de mon habitude maintenant. Je dois naviguer différemment, régler les voiles différemment. Ça fait partie de ma normalité.

Ce qui va être le plus dur, c'est de reprendre un rythme de régate mais avec la fatigue d'un tour du monde, que ce soit pour moi ou pour le bateau. Tout le monde va monter en intensité. Il va falloir suivre et tenir le choc. Réussir à imprimer une bonne cadence, malgré toute cette fatigue.

Un final serré 

On va retrouver du jeu. On a remonté l'Atlantique, il y avait ce positionnement Est-Ouest, et une fois que les choix étaient faits, chacun a suivi son option. Alors que là, on va avoir des fronts à négocier, des bascules de vent à gérer. Le jeu va se rouvrir jusqu'à l'arrivée.

Sur une phase finale, on ne sait jamais comment ça va se passer : si on va arriver groupés, s'il va y avoir des milliers de milles d'écart entre les bateaux. On ne sait pas quel temps on va avoir, on ne sait pas ce qui va nous arriver en bricole technique.

Je m'étais préparé à une régate autour du monde, mais je ne savais pas à quel moment il y allait avoir le plus d'intensité. Il y en a eu tout le long globalement. Il n'y a jamais eu énormément d'écarts entre les bateaux. On est peut-être sur le summum de l'intensité de la course sur ces derniers jours. 

L'arrivée comme objectif 

Je me projette sur l'arrivée bien sûr. C'est une façon de rester à l'attaque, de rester motivé, d'avoir des pensées positives. Et j'ai hâte de retrouver mon fils et ma compagne. Cela fait trois mois que je les ai laissés. J'ai vraiment hâte de le faire monter sur le bateau. 

© Charlie Dalin

J'espère que tout cela va bien se passer d'ici là. Je touche du bois, je croise les doigts pour boucler ce tour du monde. J'ai toujours dit que, déjà, ce serait une réussite de finir le Vendée Globe. Un tour du monde en 2020, ça n'a rien d'anodin. On en a tous fait la preuve au fil des semaines de course, au fil des événements, des tempêtes, des avaries.

Des émotions mais aussi de la compétition 

Je reviens changé, je reviens transformé d'une certaine manière, après avoir vécu tant de choses, tant d'émotions. Samedi 23 janvier, je vais recouper ma trace de l'aller. C'est un peu symbolique, boucler la boucle, mais ce qui compte vraiment, c'est de franchir cette ligne d'arrivée. De voir Les Sables-d'Olonne, de revoir toute ma famille, mes proches, ça va être extrêmement émouvant comme moment.

Revoir aussi toute l'équipe, mes partenaires. Tous les gens qui sont impliqués pendant des mois, des années pour cette course, pour ce Vendée Globe. Et puis après, il y a la compétition. J'espère que j'arriverai bien placé, en tout cas je fais le maximum pour.

Une arrivée dans une période compliquée en France

C'est sûr que je vais être affaibli et peut-être plus à même d'attraper tout ce qui traîne. Mon système immunitaire n'a pas été sollicité ou peu pendant ces trois mois. J'étais un peu dans une bulle sanitaire, la plus stricte possible. C'est difficile de faire plus !

J'y ai pensé en me disant : 'Tu arrives un peu faible, est-ce que tu n'es pas plus exposé au coronavirus que d'habitude ?' Mais je pense que je vais faire attention. Et tout se passera bien."

Merci Charlie !

Un grand merci à Charlie Dalin pour nous avoir fait partager cette épopée aux avant-postes du Vendée Globe, ce qui n’avait rien d'évident au départ. Toujours fidèle au rendez-vous du samedi avec les auditeurs d’Europe 1 et les lecteurs d’Europe1.fr, il nous a fait vivre ce tour du monde hors-normes alors que l’exercice n’était pas si simple. Nous l’en remercions, une fois encore, tout comme Marie-Astrid Parendeau, son attachée de presse, qui fut un relais incontournable entre Charlie et notre rédaction. Rendez-vous maintenant aux Sables d’Olonne !