Le vœu de Gianni Infantino a été exaucé. Comme souhaité par son président, la Fifa a adopté mardi matin le passage de la Coupe du monde de foot à 48 équipes à partir de l’édition 2026, contre 32 à l’heure actuelle. Un élargissement significatif qui, selon Gianni Infantino, doit permettre d’augmenter l’intérêt sportif et, de surcroît, les retombées financières. Cette révolution pour la plus prestigieuse compétition de foot au monde pose cependant de nombreuses interrogations, notamment sur une baisse du niveau sportif. Tour d’horizon des points positifs et négatifs de cette réforme.
Les points positifs
- La découverte de nouvelles équipes
Avec l’élargissement à 48, la Fifa va donner, de fait, la possibilité à davantage de "petits" pays de se qualifier pour le Mondial. Pour l’instant, aucune précision n’a été donnée sur la répartition des places supplémentaires à chaque continent. Selon l’AFP, qui cite une source proche de la Fifa, l'Europe passerait à 16 places (contre 13 aujourd'hui) et l'Afrique à 9 (contre 5). Malgré ce flou, une chose est certaine : les fans de foot auront l’opportunité de découvrir de nouvelles équipes à partir de 2026.
Le passage de l’Euro à 24 l’été dernier en a été la parfaite illustration. Qui aurait en effet parié sur les formidables parcours de l’Islande et du pays de Galles, quart de finaliste et demi-finaliste dès leur première participation ? "Il faut accepter que toutes les équipes, même les plus petites, ont désormais un vrai niveau technique et tactique", a ainsi avancé Marcel Desailly, partisan d’un élargissement du Mondial, interrogé par Europe 1. Le vent de fraîcheur qui avait soufflé sur l’Europe du foot pourrait donc s’étendre au monde entier dès 2026.
L'Islande a créé la sensation lors de l'Euro 2016 en éliminant l'Angleterre en huitièmes de finale.@ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
- Un public encore plus nombreux
En augmentant le nombre de participants, la Fifa accroît mécaniquement le public, et donc l’audience, de sa compétition phare. Plusieurs pays pourraient se qualifier pour la première fois, et drainer derrière eux des milliers (voire des dizaines de milliers) de supporters, avides de découvrir les joies d’une Coupe du monde de foot.
Là aussi, les images de l’Euro 2016 reviennent en tête. Tout le monde se souvient encore de la ferveur des fans de la "petite" Irlande du Nord et de leur chant "Will Grigg’s on fire", devenu instantanément LE tube de l’été, du clapping des supporters de l’Islande, des chœurs gallois ou encore de l’invasion de l’armée verte, indéfectible soutien de l’Irlande. Des moments de communion qu’on espère revivre à la Coupe du monde 2026.
Les points négatifs
- La crainte d’une baisse du niveau sportif
En élargissant les pays qualifiés, il existe un risque réel de baisse du niveau sportif. Un reproche déjà adressé à l’Euro à 24. "Lors du dernier Euro à 24 en France, certaines matches n’étaient pas très bons", a constaté l’ancien international japonais Tsuneyasu Miyamoto, interrogé mardi par le journal L’Equipe. Avec une Coupe du monde à 48, le constat pourrait bien être le même. Le premier tour du nouveau format de la compétition comportera 16 groupes de 3, dont les deux premiers seront qualifiés pour les 16èmes de finale.
Conséquence : l’intérêt sportif du premier tour baisserait nettement par rapport à l’heure actuelle (32 équipes avec 8 groupes de 4 au premier tour), ou seules deux équipes sur quatre accèdent aux huitièmes de finale. "Ce n’est pas une bonne formule : on banalise une qualification en Coupe du monde, alors que c’est quelque chose d’exceptionnel", a critiqué notre consultant Raymond Domenech. "On va vivre le premier tour comme à la Coupe du monde de rugby. La compétition commencera vraiment à partir des quarts de finale", a estimé l’ancien sélectionneur de l’équipe de France.
- Une décision avant tout électoraliste et financière
L’élargissement du Mondial répond surtout à une double logique, à la fois politique et financière. Cette réforme a été une promesse de campagne de Gianni Infantino, soucieux de s’attirer les faveurs du plus grand nombre dès son intronisation à la tête de la Fifa. Après des mois de flou, où le Suisse a successivement défendu une Coupe du monde à 40 puis à 48 avec des plays-off préalables, il a finalement opté pour une solution à 48 avec 16 groupes de 3.
Gianni Infantino n’a en revanche jamais caché l’intérêt financier d’un tel élargissement. Selon un rapport confidentiel de la Fifa, un Mondial à 48 rapporterait 606 millions d’euros supplémentaires par rapport aux prévisions du Mondial 2018 en Russie, où participeront 32 équipes. Plus que jamais, la Coupe du monde est bel et bien la poule aux œufs d’or de la Fifa.