On attendait Cristiano Ronaldo, on a eu Éderzito António Macedo Lopes, dit Eder. Entré en jeu à la 79ème minute alors que la star du Real Madrid s'était blessée en début de partie, l'attaquant a marqué son seul but de l'Euro, offrant le titre à la Seleçao, dimanche. Auteur d'une main que l'arbitre n'a pas vue et qui a valu un carton jaune à Laurent Koscielny, le joueur de Lille, âgé de 28 ans, rentre en héros dans un pays où il a longtemps été mal-aimé.
- Un physique atypique
Arrivé enfant au Portugal depuis sa Guinée-Bissau natale, Eder a été formé au club portugais Academica Coimbra, avant de percer en première division portugaise, au Sporting Braga (33 buts en 82 matches entre 2012 et 2015) puis de faire le grand saut en direction de la Premier League. Mais celui que l'entraîneur de Lille décrit aujourd'hui comme "un guerrier" a longtemps fait tâche avec son physique atypique et sa technique parfois rudimentaire au pays des ailiers dribbleurs. D'autant qu'en sélection, sa réussite est plutôt faible, avec 4 buts inscrits en 29 sélections. Il a dû attendre sa 18ème cape pour marquer son premier but.
- Mal-aimé au Portugal…
Conséquence : l'attaquant a longtemps été mal-aimé du public portugais. Début avril, il avait même dû essuyer des sifflets de la part de son public, lors d'un match amical face à la Belgique. Interrogé sur ce point avant le début du tournoi, il avait assuré ne pas vouloir "faire taire les critiques". "Ce que je veux, c'est travailler pour ma sélection". Non titularisé pendant la compétition, Eder aurait pu rentrer incognito au Portugal… Mais en un seul but, unique réalisation de la finale, l'avant-centre a sans doute retourné pour toujours l'opinion de son pays à son égard.
- ... Relancé à Lille
Pour en arriver là, Eder a travaillé et fait des choix avisés en décidant de rejoindre Lille, en prêt, en provenance de Swansea, lors du mercato d'hiver dernier. Objectif : se mettre en valeur pour convaincre son sélectionneur de l'emmener à l'Euro 2016. "Le championnat de France m'a donné l'opportunité de montrer mes qualités, dont certaines étaient même endormies", disait-il le 11 juin. "C'était une excellente expérience dans un championnat très difficile." Difficile de lui donner tort au vu de son bilan lillois : 6 buts et 4 passes décisives en 13 matches, le tout agrémenté de ce qui fait un vrai N.9: un bon travail dos au but, une carrure qui pèse sur les défenses et mobilise des joueurs adverses.
- Une célébration originale
Les supporters lillois ont été pour le moins surpris, lorsque le Portugais a marqué son premier but en championnat français. Pas d'acrobatie ou de danse : Eder a sorti… un gant blanc de son protège-tibia, avant de l'enfiler sur sa main. L'explication ? "Juste une célébration", sans signification particulière. Un rituel abandonné le temps de l'Euro : on ne sait pas si c'est l'euphorie ou l'enjeu, mais point de gant dimanche soir.
Un #Eder de fer dans un gant de velours https://t.co/rp21E2Ftd1#LOSCEAG#Lille#WeAreLOSC#LiveL1@Le12emehommepic.twitter.com/NSM141nUmi
— Camille Jourdain (@camj59) 7 mai 2016
- Coaché par Ronaldo
"Depuis que Fernando Santos m'a convoqué, j'ai tout donné et je suis très content de ce que nous avons réalisé", a expliqué Eder, dimanche. "Je savais que mon heure allait sonner (...). J'avais une grande confiance, je savais qu'un moment comme celui-ci pouvait arriver." Avant qu'il n'entre sur le terrain, le Portugais a été coaché par CR7 en personne, reconverti en sélectionneur bis après sa blessure. Ce dernier lui a assuré que "ce serait lui qui ferait la décision". Vous connaissez la suite : l'attaquant de pointe a marqué son seul but en trois matches joués à l'Euro. Au pire moment pour l'équipe de France.