Ne l’appelez pas "entraîneuse". Corinne Diacre préfère le terme bien plus commun d’entraîneur. Comme pour rappeler qu’elle est une coache comme les autres. Ni plus, ni moins. La première femme au monde à diriger une équipe masculine de foot professionnel affronte l’OM, mercredi soir, en seizième de finale de Coupe de la Ligue. Et deux ans après son arrivée sur le banc de Clermont, sa présence ne fait plus débat.
La compétence comme seul critère. Ses galons, l’ex-internationale et capitaine des Bleues (121 sélections entre 1993 et 2005) les a d’abord gagnés sur le terrain. Si Clermont patine cette année à la 14e place, le club auvergnat a fini au 7e rang de Ligue 2 l’an passé, son meilleur classement depuis la saison 2011-2012. D'autant que son équipe est souvent plaisante à voir jouer. Ce qui a notamment valu à Corinne Diacre d’être élue meilleur entraîneur de Ligue 2 en 2015, par l’hebdomadaire France Football.
" Ce qu'elle a réussi à faire est assez exceptionnel. "
"Une force de caractère incroyable". "Quand je pense à Corinne, deux mots me viennent à l’esprit : compétence et caractère", confie Denis Bodi, président de l’ASJ Soyaux, en Charente, où la Nordiste aux grands yeux bleus a joué toute sa carrière et où elle a débuté comme entraîneur, en 2007. "Ce qu’elle a réussi à faire est assez exceptionnel", reconnaît-il. "Surtout quand on essuie les plâtres, comme elle, c’est plus que compliqué. Il faut avoir une force de caractère incroyable. Mais quand on connaît Corinne, on n’est pas étonné."
"Elle a toujours eu des dispositions". "C’est une très grande reconnaissance de la compétence", se réjouit quant à elle Dominique Crochu, première femme en charge du développement de la pratique du football par les filles à la FFF. "Elle a toujours eu des dispositions d’envie, d’enthousiasme", juge celle qui a connu Corinne Diacre à l’âge de 13-14 ans. "Elle a une volonté forte, comme toutes les sportives de haut-niveau. Ce n’est pas pour rien si elle a été capitaine de l’équipe de France."
La révolution tranquille. Résultat : à 42 ans, "Coco" a fait taire les plus sceptiques, ceux qui étaient persuadés qu’une femme ne pourrait réussir dans le monde du foot, comme ceux qui ne voyaient dans sa nomination qu’un coup de com’. Mais l'ancienne footballeuse s’est toujours refusé à mettre en avant sa particularité. Loin du battage médiatique qui a suivi sa nomination, elle a réussi sa révolution tranquille en se protégeant des médias.
" Corinne ne se sent pas du tout investie de quoi que ce soit. "
"Elle est très en recul par rapport à ça". "Corinne ne se sent pas investie de quoi que ce soit. Elle est très en recul par rapport à ça", confirme Dominique Crochu. "Il y a toujours une pression particulière quand on est pionnier, mais de fait, cela donne des exemples auxquels les petites filles, et même les garçons, peuvent s’identifier". Dans son sillage, plusieurs internationales ont d’ailleurs décidé de se lancer dans le coaching, comme Sandrine Soubeyrand, Sonia Bompastor ou encore Laura Georges.
Reconnue par ses pairs. Jusqu’à convaincre son homologue et adversaire d’un soir, Rudi Garcia. "Je trouve ça très frais, très agréable d'avoir des coaches femmes d'une équipe masculine. Son expertise foot est importante", a souligné l’entraîneur de l’OM en conférence de presse.
Au sein du Clermont Foot, elle jouit également d’une très bonne cote de popularité auprès des supporters. Sa relation avec son président, Claude Michy,s’est même renforcée ces dernières semaines. Lorsque la Fédé lui a proposé de diriger l’équipe de France féminine, Corinne Diacre a préféré rester loyale à son club, avec lequel elle est engagée jusqu’en 2018. "On ne quitte pas le navire en septembre", a-t-elle lancé. Plus que jamais, à Clermont, c’est elle qui tient la barre.