Après trois finales perdues, en 2002, 2010 et 2014, l'équipe de France de Coupe Davis a une chance en or d'ajouter un dixième titre à son palmarès ce week-end, avec la réception de la Belgique, au Stade Pierre-Mauroy de Villeneuve d'Ascq. Favorite, la France l'est assurément. Mais cette rencontre face à la Belgique n'a rien d'une formalité. Explications.
Un surcroît de pression. Si la France gagne, c'est logique. Si elle perd, c'est une catastrophe. Avant de retrouver la Belgique, à l'effectif moins étoffé que celui des Bleus, c'est un peu le sentiment qui domine avant le premier simple de cette finale de Coupe Davis. Le capitaine des "Diables rouges" n'a d'ailleurs pas manqué de le rappeler en début de semaine dans les colonnes de L'Équipe. "Toute la pression est sur les Français. Nous, on n'a rien à perdre", insiste Johan Van Herck. "Personne ne nous avait vu gagner contre l'Allemagne, contre l'Australie (après avoir été mené 2-1)." Cette pression inhérente à un grand rendez-vous, et qui avait inhibé Paul-Henri Mathieu, par exemple, en 2002, face à la Russie, Yannick Noah l'a évidemment évoquée avec ses joueurs. Et le capitaine des Bleus a pointé l'importance de l'approche mentale d'une telle finale.
"Souvent, la pression peut venir du fait que l'on se retrouve surpris par l'événement, par la qualité de l'adversaire", note-t-il. "Aujourd'hui, on se dit que l'on va jouer un match difficile non pas parce que l'on est favori mais parce que l'équipe d'en face est forte." Premier à entrer sur le court vendredi, face au n°1 belge David Goffin, 7ème mondial, Lucas Pouille, 18ème à l'ATP, devra lui être plus costaud qu'en demi-finales où il avait subi d'entrée la loi du modeste Serbe Dusan Lajovic, 80ème mondial à l'époque.
Une dynamique à trouver. Ces derniers temps, on n'a guère vu les joueurs français dans les grands rendez-vous, à l'exception de Julien Benneteau, demi-finaliste du Masters 1000 de Paris, mais absent de la sélection. Pouille et Tsonga, rapidement sortis à Bercy (respectivement par Jack Sock et par… Julien Benneteau), sont missionnés en simple. En manque de résultats sur les grands tournois, Pouille a néanmoins remporté son premier ATP 500, le mois dernier, à Vienne, en dominant en finale… Jo-Wilfried Tsonga, vainqueur une semaine plus tôt de l'ATP 250 d'Anvers, en Belgique (un signe ?). Mais le Manceau, en délicatesse avec son physique, n'a pas brillé lors des grands rendez-vous cette saison, en dehors de l'Open d'Australie, où il avait chuté en quarts de finale. Il n'a ainsi gagné qu'un seul de ses sept matches en Masters 1000 en 2017 et il est retombé au 15ème rang mondial, après avoir été 7ème au mois de février, un classement qui est aujourd'hui celui de David Goffin…
Goffin sur son nuage. Certes, ce n'est pas Novak Djokovic, qui avait porté la Serbie face à la France en 2010, ni Roger Federer ou Stan Wawrinka, qui avaient dominé les Bleus en finale en 2014, ni même encore nos bourreaux de 2015 (Andy Murray) et de 2016 (Marin Cilic), mais David Goffin a l'étoffe d'un vrai n°1. Blessé après une glissade sur une bache à Roland-Garros, le Belge finit l'année en trombe. Il a remporté le mois dernier les tournois de Shenzhen (ATP 250) puis de Tokyo (ATP 500) avant, surtout, d'atteindre la finale du Masters, à Londres, pas plus tard que dimanche dernier.
Sur sa route, deux victimes de poids, Rafael Nadal, diminué, et surtout Roger Federer. Malgré sa fatigue et sa douleur à un genou, raison pour laquelle il porte une bande adhésive, Goffin, qui a beaucoup joué cette année, assure qu'il "sera prêt à défendre les couleurs" de son pays à partir de vendredi. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour les Bleus, même si Pouille (3 victoires-0 défaite) et Tsonga (4 victoires-2 défaites) ont tous les deux un bilan positif contre le n°1 belge.
Un adversaire rodé. Attention, toutefois, la Belgique, ce n'est pas que Goffin. Le n°2 belge, Steve Darcis, a beau n'être que 76ème au classement ATP, il n'en constitue pas moins une menace pour l'équipe de France, de par son expérience en Coupe Davis. Son bilan en simple dans la compétition a de quoi faire rougir pas mal de joueurs tricolores : 20 victoires pour huit défaites, et surtout cinq victoires sur cinq lors des cinquièmes matches décisifs ! "On n'a peut-être pas une équipe de malade, mais on est tous capables de se transcender parce qu'on bosse dans des conditions exceptionnelles grâce à ce staff incroyable qui nous entoure", note Darcis.
Le double belge, composé de Ruben Bemelmans et Joris de Loore, est évidemment moins redoutable sur le papier (118ème pour le premier, 276ème pour le second). Mais, sur le terrain, ces deux-là ont battu la fratrie allemande des Zverev lors du premier tour de l'épreuve. Mais comme Yannick Noah a décidé d'expérimenter en alignant Gasquet et Herbert lors du double, on ne peut désormais jurer de rien face à une équipe qui avait atteint la finale en 2016 (battue par la Grande-Bretagne).
Un environnement à gérer. Cela avait été l'une des polémiques de la finale France-Suisse en 2014. Alors que la finale se disputait dans l'Hexagone, on n'y avait vu que du rouge, surtout à la télé. Placés en bord de court, derrière la chaise suisse, les supporters de Federer et Wawrinka avaient accaparé les images et brouillé quelque peu l'ambiance, déjà plombée il est vrai par la communication indigeste des Bleus et modifiée, forcément, par l'attachement des supporters français à Federer.
Pour cette finale, la Fédération française de tennis (FFT) a choisi de revenir à Lille, à une quinzaine de kilomètres de la frontière belge… Ce qui a pu faire craindre à un "match à l'extérieur". Mais d'après la FFT, les Belges ne devraient être finalement que 3 ou 4.000 dans un demi-stade de foot qui peut accueillir 27.000 personnes. Quoi qu'il arrive, cette finale devrait se disputer dans une belle ambiance, avec l'espoir, pour Noah et ses joueurs, que, cette fois, le bleu l'emporte sur le rouge…
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