La mission ne semble plus impossible. Le forfait de Rafael Nadal, blessé à l’US Open, a totalement relancé le suspense de la demi-finale de Coupe Davis entre la France et l’Espagne, à partir de vendredi au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve d’Ascq (sur dur). Les Français, emmenés par Benoît Paire et Lucas Pouille en simple, peuvent espérer disputer une deuxième finale de suite, après leur succès l’an dernier face à la Belgique. Mais les Bleus, en panne de résultats depuis de longs mois, n’auront pas la partie gagnée d’avance face à une Espagne solide, malgré l’absence de l’ogre Nadal.
- La bonne étoile de Noah
Il n’y a pas que Didier Deschamps qui a de la "chance". Depuis son retour à la tête de l’équipe de France en 2016, Yannick Noah a lui aussi bénéficié de circonstances favorables. La liste des numéros 1 adverses absents face à la France donne le vertige : Tomas Berdych (République tchèque) et Milos Raonic (Canada) en 2016, Kei Nishikori (Japon), Andy Murray (Grande-Bretagne) et Novak Djokovic (Serbie) lors de la campagne victorieuse de l’an dernier et, enfin, Rafael Nadal cette année.
Noah lui-même en convient : l’absence du numéro 1 mondial "change tout". "En tant que capitaine, cela change tout pour la rencontre. Quand Nadal joue, c’est quasiment deux points (assurés) pour l’Espagne. Là, ça change et il faut s’adapter", a-t-il déclaré mardi, en conférence de presse. Sans Nadal, qui n’a perdu qu’un seul match de Coupe Davis en simple dans sa carrière (et encore, c’était en 2004, quand il avait 18 ans…), battre l’Espagne n’est plus une utopie. Et c’est déjà beaucoup.
- L’état de forme des Bleus, la grosse interrogation
L’espoir a beau être revenu dans les rangs français, Yannick Noah s’est creusé la tête pour composer son équipe. En effet, le tennis masculin tricolore sort d’une année noire, avec aucun quart de finale en Grand Chelem, une triste première depuis 1980. "Le choix n’a pas été facile", a confirmé jeudi le capitaine de l’équipe de France, qui a décidé de continuer à faire confiance à Lucas Pouille. Le numéro 1 français (19e mondial) arrive pourtant à Villeneuve d’Ascq dépourvu de tous repères, dans la foulée d’une saison chaotique avec aucune deuxième semaine en Grand Chelem. Mais le Nordiste de 24 ans a parfaitement assumé son statut de leader en Coupe Davis l’an dernier, avec la victoire décisive contre Steve Darcis en finale face à la Belgique, puis cette saison en remportant ses deux simples contre Andreas Seppi et Fabio Fognini en quarts de finale face à l’Italie.
Yannick Noah, également confronté aux forfaits sur blessure de Tsonga, Monfils et Herbert, a tenté un sacré pari en alignant Benoît Paire en simple. Le 54e joueur mondial, aussi talentueux que caractériel, disputera sa première rencontre de Coupe Davis et aura même l’honneur d’ouvrir le bal vendredi face à Pablo Carreno Busta. Mais quel Benoît Paire verra-t-on ce week-end : le "Docteur Jekyll" qui jure s’être assagi des derniers mois, ou le "Mister Hyde" tempétueux, capable de péter les plombs (et ses raquettes) ? Pour y répondre, Yannick Noah a manié l’humour en conférence de presse. "On s'est dit pas plus de trois raquettes par set ! Tant qu'il ne la casse pas sur ma gueule, ça va...", a ironisé le capitaine.
Finalement, c’est le double qui semble offrir le plus de garanties à l’équipe de France. Julien Benneteau (36 ans), sorti de sa récente retraite pour cette demi-finale, devrait être probablement associé à Nicolas Mahut (32 ans). Une paire d’expérience pour guider les Bleus vers la victoire.
- L’Espagne garde de gros atouts
Avec Pablo Carreno Busta (21e mondial) et Roberto Bautista Agut (26e), tous deux alignés en simple, l’Espagne reste une équipe compliquée à battre, même sans Nadal. "Bien sûr on a plus de chances. Mais sur le papier, l'équipe espagnole est encore meilleure que la nôtre", a assuré Noah en début de semaine. Les Espagnols présentent en effet un meilleur bilan dans les confrontations directes face à Pouille (3-1 pour Bautista Agut) et Paire (6-0 pour Bautista Agut et 3-3 face à Carreno Busta). Mais les Espagnols ne sont pas de grands spécialistes de Coupe Davis, avec seulement quatre matches en simple dans la compétition pour Carreno Busta (2 victoires-2 défaites), et dix pour Bautista Agut (6 victoires-4 défaites).
"L'Espagne est une équipe homogène et je pense que nos deux équipes sont très très proches. Mais on a une équipe soudée et on est très motivé pour essayer de gagner ces matches et mériter une finale", a estimé Noah. Même sans Nadal, ce serait une vraie performance.