L'équipe de France a une chance en or de remporter une dixième victoire en Coupe Davis, ce week-end, face à la Belgique.
Jo-Wilfried Tsonga, Richard Gasquet, Gaël Monfils et Gilles Simon. On a eu tôt fait de les appeler les "nouveaux Mousquetaires". Ils étaient censés être les héritiers du fameux quatuor Borotra-Brugnon-Cochet-Lacoste, qui avait permis à la France de remporter la Coupe Davis à six reprises dans les années 1920 et 30. Mais les années passent et ces quatre-là n'ont toujours pas touché le Saladier d'argent, ou alors seulement des yeux.
Il y a eu deux finales, en 2010, en Serbie, ou Novak Djokovic a essoré tout le monde avant que Viktor Troicki ne termine le travail lors du cinquième match décisif face à Michaël Llodra, préféré à Simon par le capitaine de l'époque, Guy Forget, puis en 2014 , contre la Suisse du duo Roger Federer-Stan Wawrinka, à Lille, théâtre d'un psychodrame autour de la blessure de Jo-Wilfried Tsonga. Car depuis une petite dizaine d'années, le parcours des Bleus en Coupe Davis n'est pas seulement qu'une succession de déceptions, il est aussi marqué par les blessures (aucun des capitaines n'a été épargné), les non-dits et les petites embrouilles, de Gasquet égaré sur son smartphone aux États-Unis à Tsonga et Monfils qui rechignent à venir jouer, en passant par Simon qui doute, sur le court, mais également de ce que peut lui apporter son capitaine, Yannick Noah, revenu aux affaires en 2016 pour faire gagner la France.
Deux sur quatre. Mais pas pour faire gagner les "Mousquetaires". Avant le quart de finale face à la Grande-Bretagne, au printemps dernier, "Yann", l'homme derrière les succès de 1991 et de 1996, avait ainsi affirmé : "Je ne suis pas devenu capitaine pour faire gagner les 'Mousquetaires'. Je suis venu au service de l’équipe. Il se trouve que les quatre dont vous parlez, ce sont toujours les quatre meilleurs sur le papier, mais il y a d’un côté, le classement, les tournois, et puis d’un autre côté l’investissement pour la Coupe Davis. Et aujourd’hui, il y a de moins en moins de joueurs qui sont prêts à faire des sacrifices pour l’équipe de Coupe Davis. Voilà, moi, je m’occupe de ceux qui sont là et je suis content."
De fait, ils ne seront que deux de la bande des quatre à être à Lille, ce week-end, face à la Belgique : Jo-Wilfried Tsonga, toujours là, et Richard Gasquet, choisi un peu à la surprise générale pour disputer le double aux côtés de Pierre-Hugues Herbert. Gilles Simon est retombé au 91ème mondial et Gaël Monfils, touché à un genou, a déjà mis un terme à sa saison. Contraint et forcé - mais peut-être pas mécontent de faire sans certains -, Noah a peu à peu donné leur chance à de nouveaux joueurs, comme Herbert, 26 ans, mais aussi Lucas Pouille, 23 ans, qui complètent l'équipe tricolore à Lille.
"Vraiment favorite". Cette équipe, surprenante mais cohérente aux yeux de son capitaine, partira favorite pour inscrire son nom au palmarès, seize ans après la dernière victoire tricolore, en 2001, en Australie. D'abord parce qu'elle a la chance de disputer cette finale à domicile ("Il ne faut pas que le public pense que la France va gagner quoi qu'il arrive. Il faut aussi qu'il participe à la baston", a insisté Noah), mais aussi parce que la Belgique, si elle dispose d'un atout majeur en la personne de David Goffin, n°7 mondial et récent finaliste du Masters, ne présente pas une équipe aussi forte et homogène que la France.
Son deuxième joueur de simple, Steve Darcis, n'est que 76ème mondial et son équipe de double, Ruben Bemelmans/Joris de Loore, est composée de deux éléments qui sont très loin au classement ATP en simple (118ème pour le premier, 276ème pour le second) mais aussi en double d'ailleurs (274ème et 343ème). "Malgré tout le respect que j'ai pour l'équipe belge, finaliste pour la deuxième fois en trois ans, je trouve que la France est nettement supérieure sur le papier. Elle est vraiment favorite", considère Arnaud Clément, capitaine des Bleus pendant trois saisons, entre 2013 et 2015.
Pour autant, cette occasion en or, peut-être cette ultime occasion d'ailleurs pour Tsonga ou Gasquet, qui ont dépassé les 30 ans, est loin d'être une formalité. Il y a la pression inhérente à un tel événement (Pouille avait été battu par le modeste Serbe Dusan Lajovic, en ouverture de la demi-finale à Lille) mais aussi la qualité de l'adversaire, finaliste malheureux de l'épreuve en 2016. David Goffin vient de battre Rafael Nadal et Roger Federer, la même semaine, au Masters, et le n°2 belge, Steve Darcis, est un spécialiste de la Coupe Davis, avec cinq victoires remportées sur les cinq matches décisifs qu'il a disputés, dont le dernier, en demi-finales, contre l'Australie. Mais c'est presque tant mieux que l'adversité soit du rendez-vous lillois. Car on ne peut pas dire que le parcours des Bleus jusqu'à présent (victoires sur le Japon sans Nishikori, la Grande-Bretagne sans Murray et la Serbie sans Djokovic ni Troicki) ait fait naître un enthousiasme débordant. Il en serait sans doute tout autre si la victoire était au bout, ce week-end, contre la Belgique voisine de David Goffin.
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