Jeudi, la Fédération française de tennis a devancé de quelques jours l'officialisation du maintien de Yannick Noah au poste de capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis, qui doit intervenir vendredi prochain. "En route pour l'an II avec la team France !", a tweeté la FFT. La fin d'un faux suspense ? Pas exactement. Car si le dernier vainqueur français en Grand Chelem (Roland-Garros 1983) paraissait quasi certain de rester après l'élimination en demi-finales face à la Croatie en septembre dernier, il avait tenu un discours un peu moins optimiste à la sortie du Masters 1000 de Paris-Bercy, estimant à "90%" ses chances de rester en poste. Que cachaient donc ces 10% restants et comment "Yann" a-t-il réussi à s'en accomoder ?
Monfils, sa bataille. La confession d'un porte-parole de la FFT à l'AFP donne une partie de la réponse : "Il reste encore quelques points de détails à régler, notamment avec les joueurs, mais il en avait très envie et nous aussi." On le sait : si Noah est un homme de contrat, il s'agit avant tout de contrat moral. C'est sans doute de sa relation un brin compliquée avec certains joueurs qu'est née cette hésitation. Et en particulier avec un joueur, le n°1 français Gaël Monfils. Monfils-Noah, c'est devenu au fil des mois un vrai "soap opera". Le premier a déclaré forfait pour la demi-finale en Croatie, s'attirant les foudres du second, qui avait expliqué que l'absence de l'actuel 7ème joueur mondial était même une "bonne chose pour l'état d'esprit". Après l'élimination, le capitaine avait dit ignorer si Monfils rejouerait avec les Bleus. Une rencontre - et une photo sur Instagram (postée par le joueur) plus tard -, la réconciliation semblait scellée.
Mission Japon. Mais il subsistait sans doute encore un problème : l'assurance que Monfils se rende disponible. Pour remporter à nouveau le Saladier d'argent, Noah sait pertinemment qu'il devra compter sur son ou ses meilleurs joueurs, comme la Suisse (Federer, Wawrinka) ou la Grande-Bretagne (Murray) ont pu le faire ses deux dernières années. Les deux équipes qui se disputent le trophée ce week-end, la Croatie, avec Marin Cilic, et l'Argentine, avec Juan Martin del Potro, confirment cette nécessité.
Or, la campagne 2017 de la France en Coupe Davis pose un problème originel. Elle commencera en effet du 3 au 5 février prochain, au Japon. 3 au 5 février, c'est tôt. Bien plus tôt que la saison dernière, où le premier tour s'était disputé début mars. Et le Japon, c'est loin. Enfin, pas si loin de l'Australie, où aura lieu le premier tournoi du Grand Chelem de l'année, du 16 au 29 novembre.
L'idée de Noah ? Organiser un stage de préparation en marge de l'Open d'Australie où il accueillerait les joueurs éliminés au fur et à mesure. L'avantage ? Maintenir ses hommes en forme, mais surtout dans le même fuseau horaire, en leur évitant un aller-retour fatigant vers l'Europe. Est-ce la garantie d'une mobilisation maximale dès ce premier tour piège - le Japon peut compter sur le n°5 mondial, Kei Nishikori - qui a fini de convaincre Noah de se lancer dans l'an 2 ? Sans doute.
Tsonga papa. En dehors du cas Monfils, Noah doit également gérer la situation de Jo-Wilfried Tsonga. Alors, "Jo" n'est pas blessé et il n'a jamais traîné les pieds. Mais voilà, il va avoir un bébé, dont l'arrivée est prévue en avril. Dans ces circonstances, le Manceau, récent quart de finaliste à Bercy, n'était pas forcément chaud pour s'absenter plus d'un mois, entre l'Open d'Australie et le premier tour de Coupe Davis, qui se succèdent. La préparation du premier tour avec le futur papa "Jo" est peut-être "l'un des points de détails encore à régler" qu'évoque la FFT.
"En 2016, j'ai l'impression que ça m'a échappé", avait confié Noah. Pour 2017, on peut très lui faire confiance : il a très certainement bordé tout ce petit monde avant de donner son accord pour repartir en campagne.