Non, il n'y a pas eu d'erreur au tirage : les deux clubs de Pontivy, qui évoluent en National 3 (5ème division) sont bien présents en 32èmes de finale de la Coupe de France, un sacré exploit pour cette ville bretonne. Le Stade Pontivyen défiera l’En Avant Guingamp au Stade du Roudourou (samedi à 15h). De son côté, la GSI Pontivy se frottera au Paris Saint-Germain de Kylian Mbappé (dimanche à 20h45).
Sur la devanture de la mairie de Pontivy, pas de jaloux. À gauche de la grille, les "Jaunes" du Stade Pontivyen, à droite les "Verts" de la GSI Pontivy. Deux clubs pour une ville, c'est une particularité répandue en Bretagne, y compris, donc, dans cette commune du Morbihan. "C’est historique en Bretagne, un club était à dominante laïque, l’autre à dominante catholique", explique à Europe 1 l’adjoint aux sports à la mairie de Pontivy, Michel Jarnigon, par ailleurs ex-entraîneur de la GSI Pontivy.
Une première. C’est la première fois dans toute l’histoire de la Coupe de France qu’une ville de moins de 15.000 habitants parvient à qualifier deux de ses équipes à ce stade de la compétition. "On ne fait pas les choses à moitié à Pontivy", s’amuse la maire (MoDem) de Pontivy Christine le Strat. "Je suis comblée, je suis fière pour Pontivy : c’est un coup de projecteur formidable sur la ville", se réjouit l'édile.
Par le passé les deux clubs ont réussi des coups : le Stade Pontivyen s’est hissé jusqu’en huitièmes de finale de la Coupe de France, mais c’était en 1953… Quant à la GSI, son principal fait d’arme est d’être tombé face à Monaco en huitièmes de finale, en 2000 (défaite 4-0, ndlr). Mais jamais les deux clubs n’étaient parvenus à se qualifier simultanément aussi loin dans la Coupe nationale.
" On n'a pas de favori, on est pour Pontivy, pour la ville "
Effervescence en ville. Cette inattendue présence conjointe en 32èmes de finale a eu pour conséquence de doper les supporters de Pontivy. Dans les rues de la ville, la plupart des commerces affichent sur leur devanture des maillots jaunes (Stade Pontivyen) et des maillots verts (GSI) pour soutenir les deux équipes. "Non, pas de favoris, on est pour Pontivy, pour la ville", souligne Rémy, pharmacien, qui a prêté des locaux à la GSI pour vendre les billets. "Je ne vous cache pas que je reçois des centaines d’appels pour savoir s’il reste des places. On sent un engouement qui va même au-delà de Pontivy, c’est toute la région qui s’intéresse à la ville."
Les commerçants ont d’ailleurs saisi l’occasion pour sortir un t-shirt collector représentant les deux affiches Stade Pontivyen-Guingamp et GSI Pontivy-PSG, vendu en faveur du Téléthon et des Restos du Cœur. Les places partent comme des petits pains. "Il y a de l’engouement, de l’impatience, tout le monde s’est mobilisé, beaucoup de bénévoles, pour que la fête soit belle", affirme Mickaël Le Sauce, président du Stade Pontivyen.
Concurrents mais pas rivaux. Et n’imaginez pas la ville coupée en deux, d’un côté les jaunes et de l’autre les verts. Même entre les deux clubs, le respect et la convivialité est de mise. "La rivalité ? Je n’aime pas trop ce mot, je préfère parler de concurrence. Les deux clubs s’entendent bien", commente Mickaël Le Sauce. "On a eu un derby cette saison en Nationale 3 devant plus de 2.500 personnes, dans un superbe état d’esprit."
Même son de cloche du côté de son homologue de la GSI, Jérôme Prévost : "Depuis le tirage au sort, on s’est rencontré plusieurs fois avec Mickaël Le Sauce. Chacun de notre côté on a œuvré, mais au final, c’est la réussite du foot pontivyen aujourd’hui." Parmi les 570 licenciés, nombreux sont ceux à avoir au moins joué dans les deux clubs, Mickaël Le Sauce par exemple, président du Stade Pontivyen, a porté les couleurs de la GSI quand il était joueur.
Pas de fusion en vue. Un sujet semble rester tabou : la fusion. Pourtant la mairie l’attend avec une certaine impatience. Elle alloue la même subvention aux deux clubs (25.000 euros, ndlr), mais concède "qu'avec un seul club, les moyens seraient plus importants". Le président de la GSI semble prêt, ce qui n’est pas le cas de son homologue du Stade. "Il y a toujours de la place pour les deux équipes, qui ont d’excellents résultats. Chaque club a sa vie bien ancrée, d’autres générations arriveront derrière nous", avance Jérôme Prévost.
Les deux présidents pourraient peut-être s’inspirer des sections féminines qui ont très récemment fusionné pour devenir la P2F, le Pontivy football féminin. L’entêtement des dirigeants aura au moins le mérite d’offrir une nouvelle belle histoire à la Coupe de France.