Bien loin du Parc des Princes, bien loin du Barça ou de l'OM, le Paris Saint-Germain affronte Niort, en huitième de finale de Coupe de France, mercredi soir au stade René-Gaillard. Une enceinte de 11.000 places, au look des années 1970.
"Ça va choquer les Parisiens". Pourtant, quand il descend sous les tribunes, Rodolphe Sarrieau, ancien joueur du club, sent cette odeur de peinture fraîche sur les murs. Mais cela ne suffit pas, dit-il, à camoufler l'aspect "vieillot" des vestiaires. "Je pense que ça va choquer les Parisiens. Il n'y a pas eu de grands travaux de fait depuis le temps où moi je jouais ici, il y a 25 ans." À part les casiers métalliques bleus, ce sont les mêmes portes en bois et le même carrelage gris. "On n'est pas dans des grands vestiaires comme les clubs de football modernes, ne serait-ce qu'en terme de superficie, on n'est pas dans le même monde", souligne-t-il sur Europe 1.
"Ça leur rappellera quelques bons souvenirs". Mais le maire, Jérôme Baloge, estime que c'est l'esprit de la compétition. "C'est la Coupe de France. Tous les joueurs du PSG ou d'ailleurs ont commencé dans un petit club, dans des petits vestiaires et ont progressé. Ça leur rappellera quelques bons souvenirs", ironise-t-il.
L'excitation oui, la peur non. "C'est une autre galaxie, c'est un autre monde", explique de son côté le milieu de terrain niortais Laurent Agouazi. C'est ce que je dis aux jeunes : ils ne font pas le même métier que nous. C'est un match de gala, mais l'exploit est possible". "On a une chance", abonde Karim Fradin, le manager de l'équipe, actuellement 12ème de Ligue 2. "C'est sûr que la balance penche d'un côté, mais il n'y a pas à avoir peur du PSG, parce que la logique, si on en prend 5, elle est respectée", continue le coach au micro d'Europe 1.
Humour et tribune. Depuis le tirage au sort, Niort prépare son rendez-vous le plus prestigieux de la saison avec le montage d'une tribune supplémentaire pour 900 supporters de plus, et avec humour: "Bonne nuit à tous. Sauf à ceux qui oublient que Niort est plus proche de Toulouse que de Marseille ou Barcelone...", a ainsi twitté le compte officiel des Chamois, en référence au match nul obtenu il y a dix jours par le TFC face à Paris (0-0).
[#CNFCPSG] CDF - Bonne nuit à tous. Sauf à ceux qui oublient que Niort est plus proche de Toulouse que de Marseille ou Barcelone...
— Chamois Niortais FC (@CNFC_Officiel) 26 février 2017
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Un précédent message teinté d'auto-dérision a fait les délices des réseaux sociaux, avec un gros plan sur le visage d'un Marco Verratti circonspect commenté ainsi : "Quand tu mènes 4-0 face au Barça mais que tu sais que ce sera une autre paire de manches le 1er mars à René-Gaillard..."
[#PSGFCB] Quand tu mènes 4-0 face au Barça mais que tu sais que ce sera une autre paire de manches le 1er mars à René-Gaillard...
— Chamois Niortais FC (@CNFC_Officiel) 14 février 2017
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Le piège, cependant, serait de jouer le match dans les têtes avant même le coup d'envoi. "Si déjà je pense à échanger mon maillot, à faire des photos avec eux, je suis sûr de perdre ce match", lance le milieu de terrain Jimmy Roye, lui-même supporter du PSG.
Paris fera attention. Malgré l'écart abyssal qui sépare les deux équipes, à tous points de vue - le salaire annuel net de Thiago Silva est plus élevé que le budget des Chamois – le club de la capitale, lui, préfère miser sur la prudence. "Niort va tout donner pour créer l'exploit, donc il faudra faire très attention et prendre ça au sérieux", rappelle le latéral parisien Thomas Meunier sur Europe 1. Même son de cloche du côté de Blaise Matuidi : "Attention, c'est la Coupe de France et il va falloir être vigilant parce qu'il peut y avoir des surprises. L'année dernière, on est partis jouer une équipe de CFA et on a cravaché pour gagner (victoire 1-0 face à Wasquehal, ndlr). À nous d'être concentrés et de faire le maximum pour essayer de se qualifier", rappelle-t-il.
" Le respect commence par l'analyse de l'adversaire. "
Emery a révisé. En véritable adepte de la préparation vidéo, l'entraîneur du PSG, Unai Emery, aborde ce match comme tous les autres. "Nous avons regardé quatre matches de l'adversaire et fait une analyse, le staff et moi", a-t-il précisé en conférence de presse. "Le respect commence par l'analyse de l'adversaire". Pour l'occasion, le Basque, qui devrait aligner une équipe largement remaniée - Marco Verratti, Adrien Rabiot, Thiago Motta, Angel Di Maria et Hatem Ben Arfa sont indisponibles - a même révisé ses dossiers : "Il y a 30 ans, ils ont gagné 3-1 à Paris (le 12 décembre 1987 lors de l'unique saison des Chamois dans l'élite, ndlr), ils ont parlé de cette victoire pour répéter ce moment", a-t-il rappelé.
Choplin connait la partition. À moins que les Chamois ne s'en remettent à une expérience un peu plus récente. Il y a huit ans, au même stade de la compétition, le défenseur Jérémy Choplin avait terrassé le PSG de Paul Le Guen. Avec le maillot de Rodez, il avait égalisé puis inscrit le but de la qualification lors de la prolongation (3-1 a.p.). À l'époque déjà, un monde séparait l'équipe de National et celle de la capitale. Mais si Niort est un cran au-dessus de Rodez, le défi semble pourtant encore plus grand aujourd'hui. "Sans faire offense aux (Jérôme) Rothen, (Guillaume) Hoarau ou autres (Mickaël) Landreau et (Sammy) Traoré, le PSG version qatarie, avec sa constellation de stars, évolue sur une autre planète", note Choplin, qui évalue les chances de qualification des siens "à tout au plus 5%".