Pour les clubs amateurs, la Coupe de France offre une opportunité unique. En un exploit, ces joueurs méconnus, cantonnés à l'ombre des divisions inférieures, peuvent s'offrir un coup de projecteur aussi inattendu que fulgurant. Granville, pensionnaire du CFA2 et "petit poucet" de l'édition actuelle, est en train de vivre ce conte de fées footballistique. Le club normand, qui affronte Marseille en quarts de finale, jeudi soir, a déjà éliminé deux équipes de Ligue 2 depuis le début de la Coupe.
A l'instar de Granville, d'autre clubs, comme Calais, Quevilly ou Carquefou, ont connu par le passé ce type d'épopée. Mais après avoir évolué devant les caméras de télévision et des stades remplis, le retour à la dure réalité du football amateur, devant quelques dizaines de spectateurs et dans l'anonymat le plus complet, est souvent (très) délicat. Alors, que sont devenus ces clubs qui ont écrit l'histoire de la Coupe de France ?
- Calais : le plus grand des petits
L'épopée : Le plus célèbre des "petits poucets" de l'histoire de la Coupe de France. En 2000, les Nordistes, alors en CFA (la quatrième division), enchaînent les exploits avant d'échouer en finale, contre Nantes (2-1), dans un stade de France plein. Calais a fait vibrer la France entière durant toute la Coupe, en éliminant successivement Lille, Cannes, Strasbourg et Bordeaux, lors d'un incroyable parcours.
L'après : L'histoire d'amour entre le club nordiste et la Coupe de France s'est poursuivie. Calais, alors en CFA, a atteint les quarts de finale en 2006, après avoir éliminé Troyes, (Ligue 1) et Brest (Ligue 2), puis est allé jusqu'en 16e en 2007, après avoir sorti Lorient (Ligue 2).
Mais le club nordiste a connu des heures difficiles en championnat. Le CRUFC a navigué dans les divisions amateurs, entre CFA et CFA2, avant de connaître de graves soucis financiers. En 2010, dix ans après son épopée, Calais a ainsi été placé en liquidation judiciaire, et est relégué en CFA 2. Aujourd'hui, le CRUFC est 10e en CFA et évolue depuis 2008 dans une enceinte neuve de 12.000 places. Son nom ? Le stade de l'Epopée, bien évidemment.
- Quevilly : les amoureux de la Coupe
Les épopées : L'US Quevilly et la Coupe, c'est une histoire qui dure. En 2010, alors en CFA, le club de l'agglomération de Rouen élimine deux clubs de Ligue 1, Rennes et Boulogne, avant de se faire battre par le futur vainqueur, le PSG. Mais en 2012, l'épopée est encore plus belle. Quevilly, monté en National, parvient à sortir l'OM, rien que ça, puis (encore) le Stade Rennais en demi-finales. Mais le rêve s'arrête en finale, après une défaite sur la plus petite des marges contre Lyon (0-1), au stade de France.
L'après : Quevilly est relégué en CFA à l'issue de la saison 2012-2013. L'USQ a changé de nom depuis son rapprochement avec le FC Rouen en avril 2015, qui a donné naissance au Quevilly-Rouen Métropole. Cette saison, le (nouveau) club est deuxième de son groupe de CFA, à six points de la montée en National.
- Carquefou : l'autre bourreau de l'OM
L'épopée : En 2008, un petit club du CFA 2 avait fait chavirer de bonheur le stade de la Beaujoire, à Nantes. Carquefou, pensionnaire de cinquième division, avait réalisé (lui aussi) exploit d'éliminer l'OM en huitièmes de finale (0-1). Mais le grand rival des Phocéens, le PSG, mettra un terme à la belle aventure du club de la banlieue nantaise en quarts de finale (0-1).
L'après : L'USJA parvient à grimper jusqu'en National, où il évolue lors des saisons 2012-2013 et 2013-2014. Malgré une belle 8e place en 2014, Carquefou décide de se retirer du championnat pour la saison suivante, la faute à des difficultés financières. Le club est ainsi relégué administrativement en Division d'honneur, le premier échelon régional (la sixième division). Cette saison, l'USJA est dernier de DH. Maigre consolation, la ville apparaît dans la nouvelle campagne publicitaire du journal L'Equipe...
- Chambéry : de la lumière à l'enfer
L'épopée : En 2011, le Stade olympique de Chambéry (SOC), alors en CFA2, élimine successivement trois équipes de Ligue 1 : Monaco, Brest et Sochaux. Mais en quarts de finale, les Savoyards subissent la loi d'Angers (0-3), pensionnaire de Ligue 2.
L'après : Du rêve au cauchemar. Le SOC a été liquidé l'été dernier, après 89 années d'existence, plombé par des centaines de milliers d'euros de passif et une ambiance délétère, comme le racontait L'Equipe en décembre dernier. Le SOC, devenu le Chambéry Savoie Football, est cette saison deuxième de son groupe en Division d'honneur régional, le deuxième échelon régional. La preuve que pour un "petit poucet", la belle aventure ne dure qu'un temps.