Non, l'argent n'a pas toujours fait le bonheur du Paris Saint-Germain. Prenez ce 22 avril 2000. Au tournant du XXIe siècle, le PSG est déjà une puissance majeure du football français : deux titres de champion de France et une réussite éclatante en coupes, jusque sur la scène européenne. Cette saison-là, le club de la capitale finira deuxième du championnat de France et, sur la pelouse du (jeune) Stade de France, il s'avance en grand favori de la finale de la Coupe de la Ligue face aux modestes forgerons de Gueugnon. Pourtant, le PSG va perdre. Europe 1 vous fait revivre l'une des plus grandes désillusions de l'histoire du club parisien. Et l'argent n'y est pas étranger.
Face à Gueugnon, le PSG n'est pas démuni. Il s'apprête même à signer un mercato des plus dispendieux, avec Nicolas Anelka en tête d'affiche du nouveau projet porté par Canal+. Donc même sans aligner d'Ibra ou de Thiago Silva, le onze parisien a fière allure (certains noms peuvent toutefois vous arracher un sourire plus ou moins indulgent).
PSG : Casagrande – Rabesandratana, Cissé, El-Karkouri, Yanovski – Benarbia, Ducrocq, Okocha, Robert – Christian, Leroy.
FC Gueugnon : Trivino – Fanzel, Boniface, Distin, Bouzin – Esceth-N'zi, Chabert, Neumann, Trapasso – Traoré, Roda.
"Et pour des histoires de primes ils lâchent tout…" Sur le terrain, les Gueugnonnais font mal d'entrée. À la pause, pendant qu'une poule et un officiel en difficulté amusent le public, Alex Dupont regrette même les actions manquées de ses joueurs. Philippe Bergeroo, dans le costume qui habille aujourd'hui Laurent Blanc, explose de rage dans le vestiaire. L'entraîneur du PSG crachera le morceau quelques années plus tard, confirmant la rumeur : oui, des négociations infructueuses autour de primes versées aux joueurs ont bien pesé sur la préparation de la rencontre.
Onze ans après le fracas de la défaite, il raconte pour PSG mag : "Vous représentez un club, vous finissez deuxièmes, vous avez la chance de peut-être — je dis bien peut-être, parce que les Gueugnonnais ont fait un très bon match — gagner la coupe de la Ligue, et pour des histoires de primes ils lâchent tout… Aujourd’hui encore j’ai du mal à le digérer."
Gueugnon avait réglé la question. Au retour des vestiaires, les Parisiens réagissent au discours musclé de leur entraîneur. Mais l'attaquant brésilien Christian bute sur Richard Trivino, l'un des héros de cette finale. Après l'ouverture du score de Marcelo Trapasso, qui profite à l'heure de jeu d'une frappe sur le poteau de Nicolas Esceth-N'Zi, le gardien bourguignon se démultiplie. Il signe notamment une triple parade héroïque devant Laurent Leroy, Jay Jay Okocha et Laurent Robert. À la 90e minute de jeu, Sylvain Flauto vient transpercer la défense parisienne avec une facilité confondante pour entériner le succès gueugnonnais (2-0).
L'exploit est là. Le PSG est tombé et ses supporters subiront longtemps les quolibets nés de cette soirée maudite, la seule à les avoir vus perdre une finale de Coupe de la Ligue (cinq trophées entre 1995 et 2015). "Je suis l’un des seuls à être montés chercher la médaille en chocolat", se souvient Philippe Bergeroo. "Les gars étaient déjà dans le vestiaire, certains n’ont pas voulu monter."
Les Gueugnonnais sont tout à leur bonheur, prêts à s'emparer de la coupe remise par Lionel Jospin pour lancer les célébrations tant espérées. "On y croyait depuis le début", assurait Richard Trivino quelques années après le succès. "La preuve, avant le match on avait fait un vote, entre nous, pour savoir si tout le monde était d’accord pour partager les primes du vainqueur avec ceux qui n’avaient pas eu la chance de jouer." Les joueurs parisiens n'ont pas eu ce luxe.