Dans l’ombre de l’encombrant sport numéro 1, le football, le rugby argentin se fait petit à petit une place au panthéon national. Qualifiés pour la seconde fois pour les demi-finales de la Coupe du Monde, après 2007, les Pumas tenteront de décrocher leur première finale, dimanche (17h) contre l’Australie. Dans un pays sans championnat professionnel, ni important réservoir de joueurs comme les nations majeurs de l’ovalie, cette performance s’apparente à un miracle permanent. Mais alors, quelles sont les recettes de ces surprenants Argentins ?
Une révolution structurelle en 2009. Pour remonter aux sources des succès des Pumas, revenons six ans en arrière. En 2009, la fédération argentine met en place la "Pladar", (Plan de Alto Rendimiento), un ambitieux programme de haut niveau. Le but : être capable de rivaliser contre les meilleures nations du monde sur la durée. Le timing : 2012, année d’intégration de la sélection nationale dans le Rugby Championship, l’ancêtre du Tri Nations, aux côtés des géants de l’hémisphère sud, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud et l’Australie.
Les conseils d’experts internationaux. Pour progresser, le rugby argentin n’hésite pas à solliciter les conseils d’experts du monde entier, comme Graham Henry, le sélectionneur champion du monde avec les All Blacks en 2011. "Nous voulions optimiser les 600 clubs amateurs, avoir des objectifs exigeants, avec l’aide de talents internationaux afin que les joueurs, repérés et sortis de nos clubs, puissent joueur au niveau international", détaille Agustin Pichot, ancien international argentin, et architecte de cette révolution culturelle.
La sélection, objectif numéro 1. L’Argentine s’est donc appuyée sur des structures amateurs, sans championnat local professionnel comme en Europe ou dans l’hémisphère sud, pour monter une équipe ultra-compétitive. Malgré ces lacunes structurelles, les têtes pensantes du rugby argentin ont compensé en montant un plan de jeu commun à toutes les équipes. "L’important c’est qu’entraîneurs, joueurs de clubs amateurs et acteurs du système professionnel, ayons tous la même vision. Il faut qu’il y ait chaque fois plus de joueurs de rugby, et qu’ils jouent de la meilleure façon possible", résume Agustin Pichot.
La progression par le sud. L’intégration progressive du rugby argentin avec ses homologues de l’hémisphère sud a été le dernier étage du décollage de la fusée Pumas. D’abord, une équipe professionnelle s’est frottée, avec succès, au championnat sud-africain à partir de 2009. Puis, à partir de 2012, l’Argentine a découvert le très haut niveau en participant au Rugby Championship, contre la Nouvelle-Zélande, l’Australie et l’Afrique du Sud. Loin de faire de la figuration, elle a terminé troisième en 2015, devant les Springboks. Prochaine étape : l’intégration d’une franchise argentine dans le prestigieux et relevé championnat des provinces de l’hémisphère sud, le Super 18. "On aura 30 matches de haut niveau par an", se réjouit Agustin Pichot. Le rugby argentin n'a pas fini de grandir.