"Tout le monde attend les Etats-Unis", pose Sandrine Roux, ancienne gardienne et capitaine de l'équipe de France, pragmatique. "Si on les bat, c'est un exploit. Si on perd, ce n'est pas que c'est moins grave, mais ce sera contre les championnes du monde en titre…" Est-ce à dire que les chances des Bleues sont infimes, jeudi soir en quart de finale de la Coupe du monde ? "Non !", s'exclame la consultante d'Europe 1. "Évidemment qu'on peut le faire !"
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Parce que les Américaines doutent (un peu)
À l'issue des phases de poule, les Françaises pouvaient déjà commencer à trembler : véritable rouleau-compresseur, les Américaines s'y étaient montrées impériales, avec des cartons de buts contre la Thaïlande (13-0) et le Chili (3-0), puis un match plus relevé mais maîtrisé contre la Suède (2-0). Mais depuis, la "Team US" a disputé un huitième de finale qui a longtemps semblé susceptible de basculer en faveur de l'Espagne, parvenant finalement à s'en sortir grâce à deux penalties, dont un litigieux (2-1). La défense, très peu mise à contribution lors des premiers matches, a notamment pêché à l'image de Becky Sauerbrunn, coupable d'une mauvaise passe qui a permis à la "Roja" d'égaliser.
"Les Américaines n'avaient pas rencontré d'équipes exceptionnelles", analyse Sandrine Roux. "Oui, Alex Morgan a marqué cinq buts, mais c'était contre la Thaïlande : il faut relativiser la performance. Elles n'ont pas eu d'équipes comme la Norvège (battue par la France dans son groupe, ndlr), par exemple". Pour notre consultante, les Bleues doivent donc miser sur la confiance égratignée des Américaines, faisant fi d'un palmarès impressionnant (trois Coupes du monde, quatre titres olympiques), pour "appuyer sur leurs points faibles".
Parce que les Bleues n'ont pas tout prouvé
"À mon époque (elle a pris sa retraite en 2000, ndlr), quand on jouait contre les Américaines, l'objectif, c'était d'en prendre le moins possible", se souvient Sandrine Roux. "Si on mettait un seul but, c'était l'Eldorado ! Vingt ans après, tout a changé. On rivalise. On a une équipe professionnelle, avec des individualités incroyables." L'équipe de France peut notamment compter sur une bonne partie de l'effectif de l'Olympique Lyonnais, couronné d'un nouveau titre en Ligue des Champions en mai.
Mais jusqu'à présent, toutes les "stars" de l'équipe de France n'ont pas évolué à leur meilleur niveau dans cette Coupe du monde. Pas toujours très inspirée, Wendie Renard a marqué un but contre son camp face à la Norvège. Eugénie Le Sommer a certes mis deux buts mais peine souvent dans la finalisation, à l'image de ses tentatives ratées en huitième de finale, face au Brésil. "Il faut qu'elles se lâchent", préconise Sandrine Roux. "Quand j'ai vu les Américaines jouer contre les Espagnoles, je me suis dit qu'on pouvait les battre. Mais les Espagnoles ont été très bonnes. Il faudra être à 300%." Vendredi soir, les "bonnes élèves" des matches précédents, la rapide Kadidiatou Diani et la solide Amandine Henry, pourraient tirer l'effectif vers le haut.
Parce que c'est "leur" mondial
Outre un jour de récupération supplémentaire par rapport à leurs adversaires et une préparation effectuée dans le très moderne centre de Clairefontaine, les Bleues pourront compter sur leur public, samedi soir. Le Parc des Princes s'annonce plein pour un choc anticipé par de nombreux supporters, qui n'ont pas tardé à "tomber" dans le bain de la Coupe du monde que la France entend officiellement remporter, selon le président de la Fédération française de football (FFF). "Peut-être que vous ne vous rendez pas totalement compte de ce qui est en train de se passer. Mais c'est énorme, c'est un truc de maboul !", a glissé aux joueuses… Le Premier ministre Édouard Philippe, avant le huitième de finale.
"Je vous garantis qu'il est en train de se passer quelque chose. Je ne ne suis pas aussi bon que vous en foot, mais j'ai du pif", a poursuivi le chef du gouvernement, optimiste. Les Bleues pourront-elles puiser dans l'énergie du public et de leurs proches de quoi hausser suffisamment leur niveau de jeu face aux Américaines ? Mettant en garde contre un contexte "à double tranchant" - "à la maison, il y a une telle pression" -, Sandrine Roux en est persuadée. "Si elles gagnent là, pour la confiance, ce sera énorme."