L'ancien champion cycliste Roger Pingeon, vainqueur du Tour de France 1967, est mort dans la nuit de samedi à dimanche d'une crise cardiaque à l'âge de 77 ans à son domicile dans l'Ain, a appris l'AFP auprès de ses proches. C'est le troisième vainqueur de la Grande Boucle à décéder cet hiver après le Suisse Ferdi Kübler (97 ans, vainqueur en 1950) le 30 décembre, puis Roger Walkowiak (89 ans, vainqueur en 1956) le 7 février. Vingt-trois vainqueurs du Tour sont encore en vie, dont le doyen est l'Espagnol Federico Bahamontes (88 ans, vainqueur en 1959).
"C'était quelqu'un d'une grande humilité". Roger Pingeon "a été foudroyé ce matin vers 04h00 par une crise cardiaque", a indiqué à l'AFP le maire de Beaupont (Ain), Georges Gouly. Depuis les années 2000, l'ancien champion était revenu dans l'Ain, en terres bressanes, à Beaupont, 700 habitants, à une centaine de kilomètres de sa ville natale de Hauteville-Lompnes, aux confins du Jura. "Il allait très bien, je l'avais encore vu hier matin. C'était quelqu'un d'une grande humilité, qui avait su très bien s'intégrer à la vie du village et notamment à la vie associative. Cette année, il fêtait le 50e anniversaire de sa victoire", a ajouté le maire, manifestement affecté.
Pingeon est entré dans l'histoire du Tour par son échappée solitaire du côté de Jambes (Belgique), qui lui a permis de gagner l'édition 1967. Surnommé "l'échassier" en référence à ses longues jambes, ce coureur de grande classe au moral fragile a terminé deuxième du Tour 1969, seulement devancé par l'imbattable champion belge Eddy Merckx. La même année, il a gagné le Tour d'Espagne. Pur-sang du peloton (1,82 m pour 72 kg) doté d'une remarquable intelligence de course, il était en proie à des sautes d'humeur et redoutait le mauvais temps et la fringale. Pourtant, en 1967, ce fut dans le froid et sous la pluie qu'il garda son maillot jaune dans l'étape de la Chartreuse après que Raymond Poulidor se fut rangé à son service dans le Galibier sous le maillot de l'équipe de France.