Décidément, tout va très vite avec Dembélé. Intenable la saison dernière avec Rennes, où ses courses et ses dribbles ont fait des ravages en Ligue 1, le jeune attaquant de 19 ans a donné un coup d'accélérateur à sa carrière cet été en rejoignant le Borussia Dortmund, l'un des cadors du championnat allemand. Convaincant, il a à nouveau franchi une étape cette semaine en rejoignant l’équipe de France. Avant de jouer peut-être son premier match en A jeudi à 21h face à l’Italie, en match amical.
"Petit, il avait déjà un toucher de balle au-dessus des autres". Il suffit de se promener dans le quartier de son enfance, à Évreux, en Normandie, pour se rendre compte de sa fulgurante progression. À deux pas du club de foot, un quartier populaire hérissé de HLM où tout le monde connaît Ousmane Dembelé, où les gamins portent ses maillots sur le dos. C’est là qu’Ahmed Wahbi l’a repéré. À l’époque, le futur joueur des Bleus n’a que 6 ans. "Il jouait dans la rue, je l’ai remarqué : petit, il avait déjà un toucher de balle au-dessus des autres", se remémore son ancien coach au club d’Évreux. "C’est là que j’ai demandé s’il était intéressé par un club. Et après, c’était parti. Il ne ratait pas une séance d’entraînement. Le foot, c’était sa vie. Il partait même à l’école avec son ballon". Fou de foot, à tel point qu’il a choisi de chanter le générique d’Olive et Tom pour son bizutage à Clairefontaine, lundi.
Une éclosion flamboyante. À 13 ans, tout s’enchaîne pour le jeune "Ous", qui part en formation au Stade Rennais. Cinq ans plus tard, après un début de saison perturbé par un conflit avec Philippe Montanier, son entraîneur d'alors, à qui il reprochait de ne pas suffisamment lui faire confiance, Dembélé joue son premier match professionnel et inscrit son premier but deux semaines plus tard. Il affole alors les compteurs avec douze buts inscrits au total, cinq passes décisives délivrées et un taux de dribbles réussis à faire pâlir de jalousie les meilleurs spécialistes continentaux. Avec à la clé le titre honorifique de "Meilleur espoir de la saison".
Il a déjà conquis l’Allemagne. Très vite, l'intérêt pour le phénomène dépasse largement les frontières et tout ce que l'Europe compte de grands clubs s'est posé un moment ou l'autre la question de son recrutement. Le grand Barcelone avait même dépêché son directeur sportif en personne à Rennes pour observer le prodige. C’est finalement dans la Ruhr, à Dortmund, qu'il pose ses valises, dans un club où la confiance et la patience envers les jeunes joueurs sont profondément ancrées.
Pas étonnant donc, qu’Ousmane Dembélé s’adapte à la vitesse de l’éclair. Titulaire samedi face à Mayence (2-1) pour son premier match de Bundesliga, la jeune pousse épate déjà… ses adversaires, à l'image du défenseur central adverse, Leon Balogun, bouche bée devant son talent. "Ce gamin est incroyable. J'ai dit à Aubameyang pendant le match : 'wouah ! Qu'est-ce que c'est que ce jeune que vous avez acheté ? Il fait peur !' Je ne sais pas quel âge il a. 18, 19 ans ? Il est tellement calme, avec énormément de qualités. Sa vitesse est incroyable. Félicitations à Dortmund d'avoir recruté un tel joueur. Ils vont prendre beaucoup de plaisir avec lui. Il a un grand avenir devant lui". Pas banal, comme hommage !
"Toutes les qualités pour le haut niveau". "Je le suis depuis longtemps, il a des qualités de vitesse, il fait des différences dans ce registre. Il est très intéressant. Ses premiers matches avec Dortmund confirment son potentiel", martelait cette semaine Didier Deschamps en conférence de presse. Le sélectionneur a fait appel à Dembélé pour remplacer numériquement Nabil Fékir, indisponible. "Il a toutes les qualités pour le haut niveau, ce n'est pas un hasard, comme pour Anthony Martial ou Kingsley Coman", a poursuivi "DD".
"Il n’a pas pris la grosse tête". La principale de ses qualités, c’est peut-être de n’avoir jamais perdu pied. Lundi, sur le chemin de Clairefontaine, il est même passé dire bonjour à ses amis d’enfance, à Évreux, et faire des cadeaux à tout le monde. "Il a ramené son maillot, l’équipement, tout, il est donnant. J’ai des chaussures à lui que je porte, je joue encore avec", confie l’un d’eux sur Europe 1. « Il invitait même quelques jeunes du quartier à aller voir ses matches à Rennes. Il n’a pas pris la grosse tête, il est resté calme. Je pense que c’est aussi ça qui a fait sa réussite », abonde un autre. Dembélé n’est pas parfait pour autant : ses amis le charrient encore sur… ses mauvaises notes à l’école. Sur le terrain, au contraire, il semble apprendre particulièrement vite.