La déception de l’Euro n’est pas encore digérée que de nombreuses questions se posent déjà sur l’avenir des Bleus. La principale interrogation concerne le sort de Didier Deschamps, qui a connu son premier échec majeur depuis sa prise de fonction en 2012. Noël Le Graët, le président de la Fédération française de foot, a clairement affiché sa préférence pour un maintien en poste du sélectionneur champion du monde en 2018, comme il l’a affirmé mardi sur Europe 1. Mais rebondir après une défaite n’est jamais chose aisée. Plusieurs cas récents ont illustré la difficulté de la tâche, à l’image de Joachim Löw avec l’Allemagne. Europe 1 a sélectionné trois cas emblématiques qui peuvent servir d’exemples (ou de contre-exemples) à Didier Deschamps.
Raymond Domenech, l’exemple à ne pas suivre
Au moment de débuter l’Euro 2008, Raymond Domenech bénéficie de l’aura de l’exceptionnel parcours des Bleus jusqu’en finale de la Coupe du monde 2006. Mais la compétition se passe mal pour les vice-champions du monde en titre, placés dans le "groupe de la mort" avec leur vieil ennemi italien, les Pays-Bas et la Roumanie. Les Bleus concèdent d’abord un nul insipide face aux Roumains (0-0), avant de subir la foudre néerlandaise (1-4). Ils sont finalement éliminés et terminent derniers de leur poule après une défaite sèche et sans appel 2 à 0 contre l’Italie. Mais c’est la fameuse demande en mariage de Raymond Domenech à sa compagne Estelle Denis, en direct à la télévision quelques minutes après la fin du match, qui a marqué les esprits.
Malgré cette déclaration lunaire et cet Euro totalement raté, il est maintenu en poste à la surprise générale. La suite, tout le monde la connaît : des relations orageuses avec les médias, une qualification polémique en barrages face à l’Irlande avec la main de Thierry Henry, puis le "bouquet final" avec une piteuse élimination au premier tour et la grève de Knysna en pleine Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. L’exemple à ne surtout pas suivre, en somme.
Vicente Del Bosque, une triste fin après un cycle exceptionnel
Le cas de Vicente Del Bosque se rapproche nettement plus de celui de Didier Deschamps. L’ancien entraîneur emblématique du Real Madrid est à la tête d’une équipe espagnole exceptionnelle, qu’il amène sur le toit du monde en 2010 puis à une superbe victoire à l’Euro 2012, avec un chef d'œuvre en finale face à l’Italie (4-0). La génération dorée de la Roja, avec les Casillas, Ramos, Iniesta, Xavi and co, arrive au Mondial 2014 avec le statut de grands favoris. Mais celle qui est considérée par beaucoup comme l’une des plus grandes équipes nationales de l’histoire se troue spectaculairement au Brésil, avec une humiliation d’entrée face aux Pays-Bas (1-5). La Roja est éliminée du premier tour dès le match suivant après une nouvelle défaite face au Chili (0-2), mais elle sauvera l’honneur en battant largement l’Australie pour terminer (3-0).
Vicente Del Bosque est malgré tout maintenu en poste avec pour objectif de renouveler l’équipe jusqu'à l’Euro 2016 en France. L’Espagne commence bien avec deux victoires en poules contre la République tchèque (2-1) et la Turquie (3-0), mais elle inquiète en s’inclinant en fin de match face à la Croatie (1-2), terminant deuxième de sa poule. En fin de cycle, la Roja est éliminée dès les huitièmes de finale par une surprenante équipe d’Italie (2-0), qui venait elle aussi de se faire éliminer au premier tour du Mondial 2014. Vicente Del Bosque annonce sa démission dans la foulée, laissant derrière lui un héritage immense et un palmarès exceptionnel.
Joachim Löw, une triste fin après un cycle exceptionnel (bis)
Le cas le plus récent est évidemment celui de Joachim Löw. Le sélectionneur allemand a clôturé lors de cet Euro, conclu par une élimination en huitièmes de finale contre l’Angleterre (0-2), un cycle de 15 ans à la tête de la Mannschaft. Sous sa férule, l’Allemagne est redevenue un géant du foot mondial, avec le titre mondial en 2014 en forme d’apothéose. L’empreinte de Joachim Löw ne se résume pas à son palmarès, lui qui a donné un style flamboyant et chatoyant à la Mannschaft et a atteint systématiquement le dernier carré de chaque compétition jusqu’en 2016.
Mais l’histoire d’amour entre "Jogi" Löw et l’Allemagne s’est mal terminée. Il y a d’abord eu l’élimination au premier tour de la Coupe du monde 2018, avec deux défaites contre le Mexique (0-1) et la Corée du Sud (0-2). Puis il y a eu cet Euro, au cours duquel ses choix ont été durement critiqués par la presse et les supporters allemands, comme c’était le cas depuis les trois dernières années. Si Joachim Löw s’est entêté dans ses idées et n’a pas su se renouveler, il restera tout de même comme l’un des plus grands sélectionneurs récents. Charge désormais à Hansi Flick, l’ex-coach du Bayern Munich qui va prendre sa place, d’arriver à remettre l’Allemagne au premier plan.
Vincent Collet, l’exemple français à suivre
Ce n’est pas du football, certes. Mais Vincent Collet, le sélectionneur de l’équipe de France de basket, est un modèle de longévité et de réussite au plus haut niveau. Avec les Bleus de la balle orange, il a tout connu ou presque : l’âge d’or et les triomphes avec la génération Tony Parker (finaliste de l’Euro 2011, vainqueur de l’Euro 2013, troisième du Mondial 2015…), mais aussi de gros échecs avec les éliminations en quarts de finale des JO 2012 et 2016 puis la déroute à l’Euro 2017 (élimination en huitièmes de finale). L’ancien coach de Strasbourg et du Mans a cependant su rebondir en décrochant une fantastique troisième place au Mondial 2019, avec la victoire historique contre les Etats-Unis en quarts de finale. Il espère désormais accrocher la seule ligne qui manque à son palmarès : une médaille olympique, cet été à Tokyo, avec le génération des Rudy Gobert et Evan Fournier. Histoire d’entrer un peu plus dans la légende du sport français.