Comme tout ce qui s'est fait de mieux ou presque depuis plus de cinq ans dans le patinage féminin, Kamila Valieva, arrivée en archi favorite pour l'or olympique à Pékin à 15 ans seulement, a été contrôlée positive au dopage. Pour l'éditorialiste sport Virginie Phulpin, ce n'est pas la jeune sportive qu'il faut blâmer.
Kamila Valieva s’est bien dopée. L’agence internationale antidopage l’a confirmé ce vendredi matin. La patineuse de 15 ans avait remporté le concours par équipes avec la Russie au début de la semaine aux Jeux olympiques d'hiver de Pékin. Mais pour l'éditorialiste sport Virginie Phulpin, ce n’est pas elle qu’il faut blâmer.
Une prodige du patinage
"Kamila Valieva a 15 ans ! C’est si jeune pour être dopée… On parle d’une adolescente, et c’est ce qui fait le plus mal au cœur ce matin. Après quelques jours d’imbroglio autour du cas de la patineuse russe, la confirmation est donc tombée ce matin. Comme un couperet sur nos dernières illusions. Les chercheurs d’or ne reculent devant rien pour parvenir à leurs fins. Ils ne respectent rien, pas même l’enfance finissante d’une championne en devenir. Kamila Valieva a bien été contrôlée positive au trimétazidine au mois de décembre. Qu’est-ce que c’est ? À la base un médicament contre les angines de poitrine. Mais aussi un produit dopant qui peut aider les athlètes à maintenir un rythme cardiaque élevé plus longtemps. Rassurant pour la santé de quelqu’un qui n’a pas encore fini de grandir, non ?
Kamila Valieva est une prodige du patinage, à la base. Celle qui réalise ses rêves d’enfant en étant encore une enfant. Celle qui a réussi à Pékin ce qu’aucune patineuse n’avait réussi auparavant dans toute l’histoire des Jeux olympiques : un quadruple saut, lors du concours par équipes. Elle a ébloui les observateurs du monde entier. Puis on est brutalement passé de l’extase au soupçon. Jusqu’à la confirmation de la triche ce vendredi matin. Mais ce n’est pas Kamila Valieva qu’il faut blâmer, plutôt ceux qui l’entourent, ceux qui ont organisé le dopage. Je le répète, elle a 15 ans. Et à 15 ans, on n’est pas responsable, on est victime. Elle, sa vie est déjà gâchée à cause de vautours prêts à tout.
On voit ressortir le problème de la Russie et du dopage
On se rend surtout compte de l’hypocrisie la plus totale de la punition infligée à la Russie. Le pays a été reconnu coupable de dopage d’État, et il est banni des compétitions internationales jusqu’à la fin de l’année. Alors d’accord, il n’y pas de drapeau russe à Pékin, pas d’hymne, pas le nom de la Russie remplacé par celui de comité olympique russe. Mais les athlètes russes, eux, ils sont bien présents. C’est la médaille d’or de la sanction ridicule.
Alors bien sûr, tous les sportifs russes présents aux JO ne sont pas coupables de dopage. Mais quand une pratique a été généralisée au niveau de l’État, difficile de jouer les étonnés aujourd’hui. Encore une fois, ne blâmons pas Kamila Valieva. En revanche, on peut s’intéresser à sa coach. Celle qui pousse ses disciples au bout de la souffrance, celle qui pèse ses patineuses chaque matin en ne tolérant pas le moindre gramme d'écart. Certaines ont fini anorexiques. Alors du dopage ? Personne ne tombe de sa chaise ce matin. Kamila Valieva n’y est pour rien. On lui brise son rêve, sa réputation. Et elle n’a que 15 ans."